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Énonciation de deux vérités élémentaires dans La vie devant soi de Romain Gary

Dissertation : Énonciation de deux vérités élémentaires dans La vie devant soi de Romain Gary. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Novembre 2018  •  Dissertation  •  2 190 Mots (9 Pages)  •  1 586 Vues

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Willy-Brad Hagenimana

Sciences de la nature

groupe 6727

Énonciation de deux vérités élémentaires dans

La vie devant soi de Romain Gary

Dissertation explicative présentée à

M. Daniel Loiselle

Département de littérature et de communication

pour le cours

Littérature et imaginaire

Cégep de Sherbrooke

11 avril 2018

"La vie est une chiennerie" ! C’est un constat dont les populations migrantes en France vont se rendre compte. Durant la deuxième moitié du XXe siècle, la France encourage l’immigration dans son territoire pour reconstruire le pays après la Seconde Guerre mondiale, mais ceux qui immigrent découvriront que la vie n’est pas si facile là-bas. À partir des années 1970, les gens ayant immigré en France vivent dans des conditions terribles, ils sont entassés dans des quartiers pauvres, leurs conditions d’hygiène sont inexistantes, ils n’ont pas de chauffage, ils travaillent durs, sont mal payés et vivent sans l’amour de leurs familles, car ils ont été séparés d’elles à cause de guerres ou autres malheurs, prouvant ainsi le constat que  "la vie est une chiennerie". Romain Gary, immigrant lui-même, s’inspirera de ce constat, ainsi que de la situation des immigrants durant les années 70 avec son roman intitulé La vie devant soi afin d’énoncer deux vérités élémentaires dans la vie à partir des rapports entre Momo, protagoniste du roman, et autrui. C’est avec l’analyse de ces deux vérités, la première étant que personne ne peut vivre sans amour et la seconde étant que l’on n’a pas besoin d’être aimé pour aimer, que Gary exprimera la réalité dans laquelle vivent les immigrants.

D’entrée de jeu, à partir des relations entre Momo et autrui, Romain Gary énonce dans son roman La vie devant soi la première vérité élémentaire que personne ne peut vivre sans amour. D’une part, il énonce cette vérité par l’importance pour Momo d’être aimé par Madame Rosa puisque celle-ci l’a accueilli dans sa maison, l’a élevé et l’a aimé depuis qu’il est jeune. Pour Momo, Madame Rosa représente une mère, la mère qu’il n’a jamais eue. Elle lui offre une protection maternelle qu’il n’aurait jamais pu avoir s’il ne l’avait pas rencontrée, une protection contre la solitude et les dangers de son environnement en l’hébergeant chez elle, et contre lui-même en l’élevant, en le conseillant et en lui apprenant ce qu’il ne doit pas faire dans la vie afin de ne pas prendre de mauvaises décisions et devenir la meilleure personne possible, comme lorsque Madame Rosa demande à Momo de lui promettre de ne « […] pas [se] défendre avec son cul » parce que « […] le cul, c’est ce qu’il y a de plus sacré chez l’homme. » (Gary, 1975, p. 137) Momo aime Madame Rosa parce que celle-ci s’occupe de lui en même temps de lui donner de l’amour, le faisant sentir irremplaçable aux yeux de celle-ci, c’est pour cela que s’il ne reçoit pas l’amour et l’affection de Madame Rosa dans sa vie, il se sentirait extrêmement seul et abandonné. Mais même après la mort de Madame Rosa, Momo refuse tout de même de l’abandonner, la seule personne qui s’est occupée de lui depuis qu’il est jeune, et continue de lui tenir compagnie et de rester à ses côtés comme elle l’a fait pour lui, même si elle est morte. Il garde même un petit espoir qu’elle soit encore en vie, montrant qu’il ne veut pas croire qu’elle l’a quitté : « J’avais peur de laisser Madame Rosa seule, elle pouvait se réveiller et croire qu’elle était morte en voyant partout le noir. » (Gary, 1975, p. 269). D’autre part, Gary énonce  cette première vérité par l’importance de l’amour de Momo pour Madame Rosa. Comme Momo, il est important pour Madame Rosa d’être aimé par lui parce que celui-ci l’aime pour ce qu’elle a fait. Elle sait aussi que Momo lui sera toujours reconnaissant de l’avoir gardé chez elle pendant toutes ces années et que celui-ci l’aimera toujours. Pour elle, Momo représente un fils, le fils qu’elle n’aura jamais, ce qui explique pourquoi elle l’a gardé pendant tout ce temps, même lorsque les paiements pour le logement de Momo ont commencé à disparaître, car il est  « […] ce qu’elle avait de plus cher au monde […] » (Gary, 1975, p. 10) En même temps, le petit garçon lui apporte quelque chose qu’elle n’a jamais reçu des autres auparavant, il lui apporte un sens à sa vie, une raison de vivre, il la fait sentir importante, tellement au point de s’inquiéter pour le futur de Momo lorsqu’elle ne sera plus là, et il l’aime pour ce qu’elle est, malgré son âge et son apparence. Elle sait aussi qu’elle peut compter sur lui pour la protéger de ses peurs, notamment l’hôpital : « […] il ne faut pas les laisser m’emmener à l’hôpital, Momo. A aucun prix, il ne faut pas. » (Gary, 1975, p. 227) « L’hôpital, tant que je suis là, c’est zobbi, Madame Rosa » (Gary, 1975, p. 228) Elle peut aussi compter sur lui pour tout faire pour elle, rester à ses côtés et l’aimer comme elle le ferait pour lui. Enfin, à partir des relations entre Momo et autrui, spécialement la relation qu’il entretien avec Madame Rosa et l’importance de son amour pour lui, ainsi que l’inverse pour Madame Rosa, Romain Gary énonce dans La vie devant soi la première vérité élémentaire disant que personne ne peut vivre sans amour. C’est aussi à partir des relations que Momo entretient avec d’autres que Gary énonce la seconde vérité élémentaire disant qu’on n’a pas besoin d’être aimé pour aimer vraiment.

Cette seconde vérité est énoncée d’un côté par le fait que Momo entretient des relations avec des êtres qui ne sont pas humains. Dans La vie devant soi, il se fait de nouveaux amis, dont un chien et des amis imaginaires, et leur offre sa confiance parce qu’il sait parfaitement qu’il peut leur révéler ses pensées et ses secrets sans que ceux-ci le jugent. Pour Momo, ces amis non humains représentent des parties de lui, des alter egos de lui-même, qui n’existent pas, mais qu’il voudrait faire exister afin de les aimer, même si ceux-ci sont incapables de lui redonner l’amour qu’il leur donne. Prenons l’exemple d’Arthur, « le plus grand ami que [Momo] avait à l’époque » (Gary, 1975, p. 76) et qui est en réalité un parapluie auquel il a attribué des caractéristiques humaines, dont un sourire, des yeux et des vêtements : avec sa présence, Momo est capable de faire des choses dont il n’aurait jamais été capable de faire tout seul, comme recevoir de l’argent en faisant le clown avec lui : « C’était pas tellement pour avoir quelqu’un à aimer mais pour faire le clown car j’avais pas d’argent de poche […] » (Gary, 1975, p. 76), ainsi il est possible de penser que ce parapluie est une extension de son être, un alter ego de Momo où celui-ci a le courage de faire des choses qu’il n’était pas capable de faire auparavant parce qu’avec lui, Momo devient ce qu’il n’est pas. Cela est aussi observable avec ses autres amis comme le chien Super : avec lui, Momo se sent comme une personne, une personne de grande importance, car il est tout ce que Super a dans sa vie : « Quand je le promenais, je me sentais quelqu’un parce que j’étais tout ce qu’il avait au monde. » (Gary, 1975, p. 25), donc, il est possible de dire que Momo s’occupe de ce chien afin de nourrir son estime de soi et espérer avoir une vie. Non seulement, ils représentent des parties de Momo qui n’existent pas, mais ces amis inhumains représentent aussi ce que Momo n’est pas, mais qu’il rêverait de devenir dans le futur, un protecteur d’êtres. Momo voit en eux une inspiration pour devenir ce qu’il rêve de devenir, la lionne par exemple, qui est l’un des amis imaginaires de Momo, représente son envie de s’occuper des autres par le fait que celle-ci s’occupe de ses petits : « […] si la lionne ne défendait pas ses petits, personne ne lui ferait confiance. […] les autres aussi en avaient besoin et c’était moi l’aîné, je devais m’occuper d’eux. » (Gary, 1975, p. 67) Arthur le parapluie, un autre exemple, représente une protection contre ses peurs, lui permettant d’avoir du courage de faire des choses qu’il ne serait pas capable tout seul. Puis, Super le chien lui permet d’exercer son rêve de devenir protecteur en  l’aimant, en s’occupant de lui et en lui offrant le meilleur avenir possible en le vendant à une dame : « Je me suis fait un vrai malheur avec ce chien. […] j’ai tout donné à Super. […] Je l’aimais tellement que je l’ai même donné. » (Gary, 1975, p. 25) « […] j’ai voulu lui faire une vie, c’est-ce que j’aurais fait pour moi-même, si c’était possible. » (Gary, 1975, p. 26) D’un autre côté, cette seconde vérité est exprimée par le fait que Momo aime certaines personnes sans obtenir d’amour en retour parce qu’ils lui permettent de construire son identité. D’une part, il aime certaines personnes comme Monsieur Hamil parce qu’ils sont musulmans tout comme lui et lui fournissent de la sagesse sur la vie. Ainsi, cet amour permet à Momo de forger son identité de musulman et de se sentir comme étant partie d’un ordre plus grand, en même temps de grandir. D’une autre part, il aime certaines personnes, dont Madame Lola et Monsieur N’Da Amédée, parce qu’ils représentent à ses yeux ce qu’il voudrait faire dans la vie, protéger les gens. Il les aime parce que ces personnes utilisent des moyens variés pour protéger les gens dans leur environnement comme Madame Rosa et son sanctuaire pour "enfants de putes" et Momo lui-même. Momo aime Monsieur N’Da Amédée, par exemple, parce que c’est un «proxynète» (Gary, 1975, p. 40) comme il le dit, il a donc la responsabilité de s’occuper des prostitués qui travaillent pour lui, ce qui inspire Momo à vouloir faire comme lui : « […] je l’aurais aimée, je me serais occupé d’elle et j’aurais été pour elle un bon proxynète, comme Monsieur N’Da Amédée » (Gary, 1975, p. 40) Un autre exemple serait Madame Lola qui offre sa propre marque de protection à Momo et les autres en leur offrant de la nourriture et de l’argent : «Je lui faisais un peu la cour car on avait vachement besoin d’elle, elle nous refilait de l’argent et nous faisait la popote […] » (Gary, 1975, p. 144) C’est donc à partir des relations entre Momo et les non-humains, ainsi que de ses relations avec ceux qui incarnent sa quête pour trouver son identité que Romain Gary énonce dans La vie devant soi la seconde vérité élémentaire disant qu’on n’a pas besoin d’être aimé pour aimer vraiment.

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