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Analyse littéraire «Les fous de bassin»

Dissertation : Analyse littéraire «Les fous de bassin». Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  16 Février 2021  •  Dissertation  •  2 023 Mots (9 Pages)  •  1 315 Vues

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En 1950, Anne Hébert (1916-2000) publie « Le Torrent », titre d’une nouvelle retrouvée à l’intérieur du recueil de nouvelles du même nom. Cette nouvelle met en œuvre François Perreault. À la suite d’un incident, François perd l’ouïe et va développer ce qu’il nomme «le torrent». Le torrent se manifeste chez François sous forme d’idée noire et de pulsions sur lesquelles il n’a point le contrôle. L’une des premières manifestations de cet état d’esprit chez François est lorsqu’il décide de libérer Perceval, cheval doté d’une force et d’une fougue indomptable. La mère de François, cause de tous ses malheurs et de sa surdité, va se voir piétiner par la bête et va mourir. C’est donc en 1982 qu’Anne Hébert va publier Les Fous de Bassan, roman qui met en œuvre le point de vue de plusieurs personnages par rapport à un même évènement. Un de ces personnages se nomme Stevens Brown. Stevens, comme François, renferme une noirceur qui, dans ce roman, prend le nom de «tempête». La tempête, similairement au torrent de François, va se manifester sous forme d’idée noire et de pulsion. Par contre, Stevens, contrairement à François, cherche cette soi-disant tempête. Effectivement, Stevens exprime à plusieurs reprises vouloir vivre à son plein potentiel cette vague de pulsions perverses qu’il ressent souvent lorsqu’il est entouré de femmes. C’est sur la plage de Griffin Creek que son souhait est exaucé lorsque, sous l’emprise de la tempête, il tue et viole ses cousines, Nora et Olivia Atkins. Cette adolescente nommée Nora Atkins et son cousin Stevens, tous deux vivant dans le village de Griffin Creek, occupent une partie importante dans le développement du narratif. Dans les seize lettres destinées à un certain Michael Hotchkiss envoyées entre le 20 juin et le 31 août 1939, le soir de l’incident, Stevens raconte le désir et l’attirance qu’il ressent envers ses cousines. L’extrait que nous allons analyser décrit un moment où Nora, qui semble être obsédée par son cousin, le suit à travers les bois alors que lui-même, conscient d’être suivi pour sa cousine, tente des vaincre le désir qu’il ressent pour celle-ci. Cette explication de texte comprendra deux parties. Nous verrons premièrement les propos misogynes de Stevens envers les femmes et comment ceux-ci sont reflétés sur la relation qu’il souhaite avoir avec Nora. Deuxièmement, nous verrons les actions qu’il va prendre pour établir la relation qu’il devrait y avoir entre eux et les motifs derrière celles-ci.

Dans la première partie de l’extrait, Stevens, qui a trouble à interagir avec les femmes, aborde des propos très misogynes comme quoi elles devraient lui être soumises. Il poursuit en décrivant une altercation qu’il a eue avec Nora alors que celle-ci le suivait dans la forêt.  Le lecteur suit donc les perverses pensées de Stevens alors que celui-ci se retrouve dans le genre de situation qui fait resurgir son problème. L’attirance déplacée que celui-ci ressent pour sa cousine crée une atmosphère d’inconfort autant pour les personnages que pour le lecteur. «Je la refuse avec autant de véhémence qu’elle me désire. Épreuve de force. Il en a toujours été ainsi, je crois, chaque fois qu’une fille me fait des avances»(l.1-2),relate Stevens alors que celui-ci exprime le problème qu’il a avec les femmes. Dans la première phrase, une antithèse renforcée par un parallélisme rapproche deux réalités de sens contraire, sois le fait que Stevens repousse Nora alors que celle-ci le désire. Cette antithèse permet de souligner une parenté imprévue entre deux réalités opposées. En effet, la même intensité est appliquée par les deux personnages, mais à des fins parfaitement contraires, soit à rejeter et à convoiter l’un et l’autre. Dans les phrases qui suivent cette antiphrase, Steven affirme avoir toujours eu de la difficulté à résister au sexe opposé. Le fait qu’il sent maintenant le besoin de prendre des précautions suggère que, dans le passé, le manque de distance entre Stevens et une femme lui a déjà causé des ennuis, ennuis qu’il n’a pas envie de revivre avec Nora. Ceci explique donc la réticence qu’il ressent envers le fait d’entreprendre une relation avec sa cousine. À ce problème, Stevens propose d’imposer son autorité sur celles-ci afin qu’il puisse les contrôler, c’est d’ailleurs ce qu’il fait avec Maureen MacDonald, femme chez qui il réside pour la majeure partie du roman. C’est sur cette pensée que Stevens se rend compte qu’il est suivi par Nora. La phrase «Elle s’arrête pour me regarder avec des yeux de lièvre, surpris par le chasseur»(l.6-7) marque un changement des rôles alors que Stevens était celui qui se faisait suivre à la trace. Dans cette phrase, il est possible d’observer une métaphore comparant Stevens à un chasseur. Cette image met en évidence ses comportements prédateurs et ses tendances sournoises. En effet, Stevens, qui était celui traqué telle une proie, devient alors le chasseur, le prédateur. Ce changement de rôle est d’autant plus idéal pour Stevens puisque celui-ci se retrouve désormais dans une situation où il peut exercer son pouvoir sur une jeune femme, lui permettant donc de lui «résister». Ce changement de rôle est de plus belle renforci par les «yeux de lièvre» à Nora, le lièvre étant un animal de proie prisé des chasseurs. Alors qu’une atmosphère de silence et de malaise règne dans la forêt, Stevens exprime, dans sa tête bien sûr, avoir le désir de «la délivrer de cette première fois, si importante chez les filles, afin de lui permettre désormais d’accueillir tous les garçons qui en auraient envie»(l.18-20). Ici, une périphrase remplace «défloration» par «cette première fois, si importante chez les filles». Cette périphrase communique le fait que de perdre sa virginité, une étape très importante dans la vie des filles, marque un point non seulement de changement dans leur vie, mais également de non-retours et qu’une fois prise, elle ne peut être redonnée. En employant le terme «délivrer», Stevens croit rendre service à Nora en étant, dans un avenir hypothétique, son premier. La vision misogyne de Stevens est à sa pleine expression alors que celui-ci émet croire que cette première fois est si importante chez les filles parce que cela leur permet de pouvoir faire plaisir aux garçons en les accueillant quand bon leur semble. En bref, le problème de Stevens se fait tout de même ressentir même s’il se trouve dans la situation parfaite pour l’en empêcher, soit une situation où il est en contrôle.

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