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Dissertation sur le personnage du roman

Mémoire : Dissertation sur le personnage du roman. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Janvier 2013  •  2 009 Mots (9 Pages)  •  1 335 Vues

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"Qu'un auteur utilise un personnage de roman pour traduire ses idées et conceptions de la société, rien de plus normal de naturel même. Cependant, ce n'est pas une nécessité car pour construire son personnage et lui donner vie, le romancier peut puiser à bien d'autres sources d'où l'extrême diversité de ce genre littéraire."

André MAUROIS (écrivain critique du XX Siècle.)

Le roman est depuis le XIXe siècle, un genre dominant de la littérature, basculant souvent entre réalité et fiction. Le personnage est une création réfléchie du romancier à travers lequel il peut s’exprimer et exposer le regard qu’il porte sur le monde. Il arrive parfois que le romancier nous fasse oublier jusqu’à l’irréalité du personnage pour le doter d’une sorte « d’humanité ». Mais un personnage de roman n’est-il qu’une imitation du réel ? Le romancier, à travers ses personnages, ne cherche-t-il pas à nous emmener dans des directions infinies d’une vie possible voire nous plonger dans un cadre totalement imaginaire ? C’est ce à quoi nous tenterons de répondre. Nous verrons d’abord que beaucoup de personnages de roman reflètent la réalité en essayant d’être le plus proche possible du réel, un personnage pouvant même être une incarnation fictive d’une personne existante. Mais un personnage reste avant tout un être fictif, car il ne se contente pas de refléter simplement la réalité : il peut parfois illustrer une idée, et il se distingue souvent par un trait de caractère remarquable ou un parcours hors du commun qui va faire de lui un personnage exceptionnel.

La plupart des personnages de roman reflètent souvent la réalité et évoluent dans un cadre proche voire identique au notre. L’esthétique réaliste (courrant du XIXe siècle) en est un exemple assez concret car elle vise à produire un effet de réel à l’aide de nombreuses descriptions détaillées. La physionomie des personnages, les détails morphologiques et psychologiques sont décrit avec une perfection qui peut donner l’illusion de réalité. Toutes ces descriptions visent à donner au personnage une sorte « d’humanité » qui permet au lecteur de s’identifier, ou au moins d’accrocher au roman. Ainsi, dans Le Temps retrouvé (1927) de Proust, le personnage du vieux duc de Guermantes est décrit de façon tellement détaillée qu’il nous semble l’avoir déjà vu tant notre image de lui devient concrète. Proust ne se contente d’ailleurs pas d’une simple description des traits du personnage : son visage et son corps se construisent petit à petit dans notre esprit grâce à des descriptions métaphoriques. Le vieux duc nous est présenté comme « un rocher à la tempête », une chose superbe pourtant marqués par « les vagues de souffrances, et de colère de souffrir ». Ses cheveux, ses yeux, son visage semblent tellement exceptionnels qu’ils en deviennent presque mythiques. Ou encore, dans Voyage au bout de la nuit de Céline, le réalisme du cadre et du personnage principal de Bardamu sont saisissant. Soldat participant à la Grande Guerre, Bardamu s’évertue à nous décrire avec précision les lieux, les mentalités et l’horreur de la guerre. Du capitaine de chevalerie cruel aux hommes qui tentent de survivre, tout est fait pour et décrit pour être le plus proche possible de la réalité, et pouvoir rendre compte de l’horreur de la guerre. Bardamu nous décrit même son cheval, carcasse suintante, ce qui ne fait qu’accentuer le réalisme du cadre et des personnages. Les auteurs réaliste, et bien d’autres après eux, veulent donc apporter une imitation du réel grâce à une description parfaite des personnages, de leurs pensées et de leurs traits ce qui donne une image concrète au lecteur.

Les personnages sont parfois des incarnations fictives de personnes réelles, existants dans la vraie vie, ce qui accentue le réalisme du roman. Des personnalités sont souvent prises comme personnages, pas toujours principal, mais qui ont leur rôle à jouer dans le roman. Du fait de ce choix, l’oeuvre devient tout de suite plus réaliste, les personnages évoluant dans un monde qui semble réel. Philippe Besson, dans son premier roman En l’absence des hommes, a fait de Proust lui-même un personnage à part entière de son œuvre. Philippe BESSON, nous entraîne à la suite de son narrateur, jeune adolescent de 16 ans, Vincent de l'Étoile. Ce dernier nous livre à la première personne le récit de ses premiers émois provoqués par la rencontre d'Arthur, jeune soldat en permission de 21 ans, et de Marcel, qui s’avère être Marcel Proust lui-même, écrivain reconnu de son temps. Entre Vincent et Marcel se créent des liens troublant qui semblent être de l’amour à certains moments. Mais Marcel devient un confident, qui peut parler de sa propre expérience. Marcel Proust est donc un personnage à part entière de l’œuvre ce qui lui donne tout le côté réaliste dont l’auteur avait besoin pour faire passer son message, message qui pour moi était principalement celui d’appel à tolérance de l’homosexualité. On touche donc à un reflet quasi-parfait de la réalité ce qui justifie en partie notre problématique. Mais un personnage, aussi réel qu’il puisse paraître, reste un être fictif qui naît de l’imagination de l’auteur, et on ne peut s’arrêter à une vision aussi réductrice du personnage de roman.

Il arrive que l’auteur ne cherche absolument à imiter la réalité à travers ses personnages, au contraire. Les personnages de romans fantastiques en sont un bon exemple. Mais sans aller aussi au loin, on se rend compte que beaucoup de romans, contiennent leurs personnages à la figure à la fois mystique et étrange. Et ceux-ci s’éloignent donc des personnes réelles, si on ne s’en tient qu’à leurs traits physiques. Par exemple, dans L’Homme qui rit de Victor Hugo, le personnage de Gwynplaine est en effet bien étrange. Son sourire inné et pourtant involontaire lui donne un air et une attitude assez inhumaine. Atrocement défiguré par des voleurs qui l’ont enlevé quand il était petit, Gwynplaine garde l’illusion d’un sourire permanent pour le plus grand bonheur des gens. Quoi qu’il fasse, ce rictus ne peut que s’amplifier. Et c’est un éternel

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