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Alexandre Le Grand: Comment le superhéros de l’antiquité a conquis le monde?

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Par   •  5 Janvier 2015  •  1 798 Mots (8 Pages)  •  1 815 Vues

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Comment le superhéros de l’antiquité a conquis le monde.

La bataille du Granique fait rage. Les cavaliers perses affrontent la forêt de lances de la phalange macédonienne. Le général Parménion, un vieux briscard, a déconseillé à Alexandre d’attaquer immédiatement l’armée ennemie.

L’audacieux roi de Macédoine s’élance pourtant à bride abattue contre les Perses. C’est un jeune homme vigoureux, ne connaissant pas la peur. Les soldats adverses l’identifient aisément aux deux longues plumes blanches ornant son casque. Il combat sans se ménager, passionnément, avec une précision meurtrière.

Soudain, un javelot s’enfonce dans un défaut de sa cuirasse. Alexandre n’est pas blessé, mais reste un temps décontenancé. Deux cavaliers perses se précipitent déjà sur lui. Si le roi parvient à éviter le premier, l’autre le prend de flanc et brandit son cimeterre pour le frapper à la tête.

« Il lui arracha son panache ainsi que l’une des aigrettes. Le casque d’Alexandre résista à grand- peine au choc, et le coup passa si près que le tranchant du cimeterre toucha l’extrémité de ses cheveux. » Plutarque, l’historien grec de l’Antiquité, décrit ainsi dans sa biographie d’Alexandre cette scène capitale de l’an 334 av. J.-C.

Le Perse s’apprête à porter un second coup quand Cleitos, dit « le Noir », s’interpose et transperce l’ennemi de son épée. Voilà comment, au dernier moment, Cleitos sauve tout à la fois la vie du jeune roi de Macédoine et son grand projet de conquête de soumission de l’Asie.

La victoire du Granique, du nom d’un fleuve côtier de l’actuelle Turquie, marque le début d’une incroyable campagne militaire de onze années que les Grecs vont mener contre les Perses. Alexandre conduira son armée depuis la Grèce, berceau de l’Europe, jusqu’au fleuve Indus.

Au terme de cette expédition, ses guerriers auront parcouru plus de 25 000 km et laissé derrière eux 750 000 morts. Alexandre fera incendier des villes, piller des villages, crucifier des hommes et violer des femmes.

Itinéraire de la conquête d'Alexandre le Grand. © Carte du NGM

Itinéraire de la conquête d’Alexandre le Grand. © Carte du NGM

En même temps, poussé par la soif du pouvoir et par une insatiable curiosité, il fraiera la voie au commerce avec l’Orient, répandra la culture grecque et apportera la civilisation européenne dans de lointaines contrées.

Il fondera plus de soixante-dix villes. Alexandrie, en Égypte, porte encore son nom aujourd’hui, tandis qu’Iskenderun (ou Alexandrette), en Turquie, et Hérat, en Afghanistan, ont conservé leur importance.

Qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête du roi des Macédoniens, en 336 av. J.-C., quand il a conçu le projet de s’attaquer à la Perse – le premier empire de l’Histoire, qui s’étendait alors du Nil à l’Hindu Kuch et était cent fois plus vaste que sa propre patrie ? L’idée remonte en réalité à Philippe II, le père d’Alexandre.

Au IVe siècle av. J.-C., celui-ci a fait de la dynastie royale de Macédoine la plus grande puissance militaire de la Grèce et pris le contrôle de la ligue de Corinthe, laquelle rassemble notamment les cités-États grecques d’Athènes, de Corinthe et de Thèbes.

Son intention : unir tous les Grecs sous son autorité et entreprendre une expédition punitive contre les Perses.

Les « barbares » (nom donné par les Hellènes à tous ceux ne parlant pas le grec) ont en effet soumis les villes côtières grecques d’Asie mineure et détruit l’Acropole d’Athènes cent cinquante ans auparavant, du temps des guerres médiques.

Mais, victime d’un complot, Philippe a été assassiné. Son fils, roi et chef de la ligue de Corinthe, reprend alors son dessein avec fougue. Il a 20 ans à peine.

Alexandre III est né en juillet ou en août 356 av. J.-C. à Pella, capitale de la Macédoine, dans le nord de la Grèce. Sa mère, Olympias, une princesse de la dynastie des Molosses (qui descendrait d’Achille, le héros légendaire), idolâtre son fils. Son père, qui compte parmi ses ancêtres le demi-dieu mythologique Héraclès, assure au jeune prince la meilleure éducation possible.

Trois années durant, le philosophe Aristote lui enseigne la rhétorique, la géométrie, la littérature et la géographie. Il lui fait également découvrir l’Iliade, l’épopée d’Homère. Assoiffé de savoir, Alexandre étudie les exploits de ses héros, Achille et Héraclès ; il découvre Océan, le fleuve qui entoure le monde et qu’Homère présente comme l’origine de tous les dieux.

Depuis l’Hindu Kuch, lui assure Aristote, la vue s’étend jusqu’au bout du monde. Le jeune roi n’est pas très grand, mais robuste. Il tient toujours la tête légèrement inclinée. Ses cheveux bruns ondulés sont parsemés de mèches plus claires. Il a un visage imberbe un peu rougeaud et dégage une aura irrésistible.

Alexandre possède la rapidité de décision et la dureté de son père, mais également son sens de la diplomatie. On attribue à l’héritage de sa mère la face plus sombre de son tempérament, qui s’exprimera plus tard par une méfiance croissante et par de redoutables colères pouvant aller jusqu’à des coups mortels, voire au meurtre.

La ville et ses palais étaient l’un des cœurs de l’Empire perse. Alexandre a investi la cité puis l’a fait incendier. Le feu a durci 30 000 tablettes d’argile, qui livrent aujourd’hui aux archéologues de précieuses informations sur la vie et l’administration de l’époque. © Frank Bienwald/Lightrocket/Getty Images

La ville et ses palais étaient l’un des cœurs de l’Empire perse. Alexandre a investi la cité puis l’a fait incendier. Le feu a durci 30 000 tablettes d’argile, qui livrent aujourd’hui aux archéologues de précieuses informations sur la vie et l’administration de l’époque. © Frank Bienwald/Lightrocket/Getty Images

Alexandre nous est mieux connu que nombre d’autres figures de l’Antiquité grâce à ses compagnons d’armes et à des témoins oculaires tels que Ptolémée, Aristobule de Cassandréia, Néarque et Callisthène, qui firent le récit de ses aventures.

Callisthène, un neveu d’Aristote, était le chroniqueur de cour d’Alexandre – son chargé de relations publiques, en quelque sorte. Aussi convient-il de prendre ses descriptions bienveillantes avec les réserves qui s’imposent.

Des journaux intimes évoquant la campagne et le règne d’Alexandre ont, semble-t-il, également existé. Et, de son vivant, toute une littérature d’anecdotes, de légendes et de textes apparut aussi.

Tous ces écrits ont été perdus, à l’exception de quelques fragments. De leur temps, ils servirent néanmoins de sources à quatre historiens de l’Antiquité en particulier : Diodore de Sicile, Quinte-Curce, Plutarque et surtout Arrien.

L’histoire nous offre peu de personnages qui, encore à présent, font l’objet de jugements aussi contrastés qu’Alexandre. Dès l’Antiquité, le roi (qui ne doit son surnom de « Grand » qu’aux historiographes romains du IIe siècle) a inspiré des images pour le moins contradictoires.

Diodore le présentait comme un homme à qui son intelligence et sa vaillance permirent d’accomplir en peu de temps des exploits faisant de lui l’égal des demi-dieux grecs. En revanche, le philosophe Sénèque, précepteur de l’empereur romain Néron, voyait en lui un être infortuné, destructeur, cruel jusqu’à la démence, qu’il comparait à « ces bêtes fauves qui déchirent plus de proies que leur faim ne l’exige ».

Quel était donc le moteur de ce jeune roi ambitieux ? À l’évidence, ce que les sources antiques appellent le pothos – le désir ou l’attraction inextinguible qui porte vers l’inaccessible et l’inconnu.

Alexandre est un génie militaire, mais son tempérament exubérant l’incite bien souvent à prendre des risques inutiles. Il est fasciné par le combat au corps-à-corps, il se grise de succès, cherche à imiter et à surpasser les héros de la mythologie grecque. Et, surtout, il veut fonder un nouvel empire.

Cette soif de gloire et d’immortalité, qui nous paraît aujourd’hui insensée, s’associe en lui à un remarquable pragmatisme en matière d’organisation. Ce que l’historien de l’Antiquité Hans-Joachim Gehrke formule ainsi :

« L’aspect déterminant [de sa personnalité] était la pulsion intérieure, l’inspiration difficilement compréhensible mais tout à fait concrète du mythe, sa volonté de rivaliser avec les héros. D’autres que lui auraient pu bénéficier des mêmes chances historiques et des mêmes talents. Mais, conjuguée à une organisation rationnelle, cette obsession enracinée dans le mythe a été un trait tout à fait singulier d’Alexandre. »

Pièce de monnaie grecque en or représentant Alexandre le Grand casqué (336 av. J.-C.). Après sa mort, Alexandre n’a pas seulement servi de modèle aux rois hellénistiques ; des empereurs romains se sont eux aussi réclamés de lui. Il a même lancé une mode – le visage glabre a été très en vogue à la fin de l’Antiquité. © Hoberman Collection/Getty Images

Pièce de monnaie grecque en or représentant Alexandre le Grand casqué (336 av. J.-C.). Après sa mort, Alexandre n’a pas seulement servi de modèle aux rois hellénistiques ; des empereurs romains se sont eux aussi réclamés de lui. Il a même lancé une mode – le visage glabre a été très en vogue à la fin de l’Antiquité. © Hoberman Collection/Getty Images

Cet homme était certainement charismatique. Il était un farouche tenant de la politique de la force, sans doute, mais aussi un incomparable meneur d’hommes – sinon, il n’aurait jamais pu conquérir en onze ans un territoire s’étendant jusqu’à l’Égypte et à l’Indus.

Près de deux millénaires et demi après sa mort, Alexandre reste vénéré en héros en bien des lieux, même dans des régions qu’il a conquises et soumises. La Grèce et la Macédoine se disputent depuis longtemps son héritage.

En 2011, quand Skopje a érigé en l’honneur du conquérant une statue de bronze haute de plus de 20 m, les Grecs ont protesté avec véhémence contre la confiscation de leur superhéros antique.

Alexandre s’embarque pour l’Asie au printemps 334 av. J.-C. Le Grand Roi perse Darius III règne alors sur un empire qui s’étend de l’Égypte à l’Inde, via l’Asie mineure, la Perse et la Mésopotamie. La campagne de la jeune Europe contre la vieille Asie est l’une des entreprises les plus audacieuses de l’Histoire.

Alexandre l’a minutieusement préparée : son armée rassemble 32 000 fantassins et 5 500 cavaliers, des soldats et techniciens du génie militaire, des compteurs de pas et même un service de propagande. Sans oublier des musiciens, des acteurs, des lettrés.

Alexandre est le premier général à emporter une bibliothèque dans ses bagages. Dans sa conduite de la guerre, il n’hésite pas à consulter un exemplaire de l’Iliade annoté de la main même d’Aristote. C’est son livre préféré, et il le connaît presque par cœur.

Alexandre est un rhéteur de talent, mais, plus encore que le verbe, il maîtrise l’art des gestes symboliques. Quand il franchit l’Hellespont (le détroit des Dardanelles), il interrompt la traversée pour accomplir un sacrifice à Poséidon, le dieu de la Mer.

Peu après, il jette sa lance sur la côte de l’Asie mineure en signe de conquête et débarque le premier, armé de pied en cap, à l’image du héros grec Protésilas lorsqu’il partit pour Troie.

À son arrivée sur le site de la ville, Alexandre commence par effectuer un sacrifice à la déesse Athéna et par se recueillir sur les sépultures supposées d’Achille et de Patrocle. Il établit ainsi un lien indissoluble entre la guerre de Troie et sa propre expédition contre les Perses.

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