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Art et nature

Dissertation : Art et nature. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Février 2012  •  Dissertation  •  1 772 Mots (8 Pages)  •  3 132 Vues

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Introduction

Un impérieux désir de beauté habite le cœur de l’homme. Que cette beauté nous apparaisse comme une promesse de bonheur ou comme une simple valeur d’ordre sensible, peu importe ! Nous en subissons l’attrait et en éprouvons l’intime exigence. C’est pourquoi la plupart des artistes et des critiques d’art se sont demandé quel est le sens des formes artistiques, pourquoi elles naissent et meurent, comment elles évoluent. Avec Diderot, Mme de Staël, Stendhal, Hugo, Gautier, Flaubert, Mallarmé, Malraux, les théories se sont succédé en matière de représentation (art figuratif ou abstrait) d’expression (art formel ou informel) et de signification. Pour sa part en 1859, Baudelaire affirmait : « Je crois que l’Art est et ne peut être que la reproduction exacte de la nature ». Au contraire, un critique de la Revue des Deux Mondes déclarait quelques années plus tard : « L’Art est dans le choix, dans l’interprétation des éléments qui lui sont offerts, nullement dans la copie littérale de tel ou tel détail indifférent ou repoussant ». Ces deux points de vue antagonistes méritent tout d’abord une définition très précise des termes "Art" et "Nature". Alors seulement nous pourrons indiquer laquelle de ces deux conceptions esthétiques nous paraît la plus satisfaisante.

I. Définition des termes

À l’origine le mot latin "Ars" désigne le savoir-faire matériel, il correspondait au mot actuel ’’technique". Art désigne ensuite toute activité avisée, toute manière appropriée de fabriquer quelque objet ou d’agir utilement. L’objet peut être matériel : meuble ou procédure thérapeutique comme la saignée, ou intellectuel : un discours ou art oratoire, guerre ou art militaire. Ce mot peut aussi désigner la création artistique. Ainsi désignant toute activité intelligente et réfléchie, il s’oppose au mot nature. Ce n’est pas cependant dans ce sens qu’il est utilisé dans les citations qui nous intéressent.

Il ne faut pas plus rechercher sa signification dans un synonyme d’artifice, c’est-à-dire de technique, de procédé qui déforme la nature ou tout du moins ruse avec elle. Pour Baudelaire, l’Art, écrit avec une majuscule, a sans conteste une valeur religieuse, voire quasi-mystique. C’est un instrument de connaissance, un sacerdoce auquel doit se consacrer le poète exilé, chassé d’un paradis perdu à une époque antérieure, s’il veut retrouver le "vert paradis", ce monde surnaturel dont le monde réel n’est que l’image affadie et même désespérante, en tout cas insatisfaisante. En même temps qu’il investit l’Art de cette ambition métaphysique, le poète lui attribue une finalité technique : être le moyen sublime de recréer l’unité perdue, de produire l’ivresse sacrée par sa "sorcellerie évocatoire", "sa magie incantatoire". Par sa souplesse à traduire les "correspondances", le langage poétique peut nous ouvrir "les portes de corne et d’airain", nous guider "à travers des forêts de symboles", c’est-à-dire au travers du monde visible, vers le monde invisible, vers une surnature plus réelle que la nature elle-même. Ici cependant, la citation proposée, qui est sortie de son contexte, réduit le rôle de l’Art à n’être que le reflet le plus exact possible de la réalité qui nous entoure. Ainsi est évacuée la quête mystique, l’invitation au voyage sacré.

Le mot nature, quant à lui, a autant d’acceptions que le mot art. Il ne s’agit pas ici de l’essence d’un être, de sa finalité, mais plutôt de la totalité de l’univers, avec son dynamisme et son mystère ou peut-être plus spécialement le monde visible, surtout matériel et végétal en tant qu’il n’est pas altéré par l’intervention humaine. Ainsi le mot nature conduit à l’opposition entre inconscience et conscience, nature et homme, inertie et activité, répétition et invention, matière et esprit, déterminisme et liberté. C’est une distinction qui remonte à Platon, à la nature, on oppose l’artifice et la culture. Ainsi les deux jugements qui nous sont proposés, posent la question de la création ou de l’imitation. L’art est-il une reproduction servile ou une invention ? un choix, un style, l’interprétation du réel, la reconstruction d’un univers personnel ?

II. L’Art peut-il se borner à n’être qu’une photographie de la nature ?

Si l’Art est une copie, alors la plus belle œuvre est la photographie. Certes il existe une beauté naturelle incontestable : beauté des paysages, des visages, des fleurs. Mais à supposer que l’artiste se borne à reproduire ce qu’il voit, il peut mutiler la réalité en ne reprenant qu’une partie seulement de ce qu’il contemple. Il peut aussi fausser la nature en l’embellissant ou en la caricaturant à son insu. En fait la beauté intrinsèque d’un spectacle naturel n’est pas suffisante : un bel objet ne garantit pas la réussite d’un tableau. Inversement la laideur a pu constituer un sujet artistique. Prenons-en pour exemple certaines scènes atroces de Salammbô de Flaubert, comme l’extermination des mercenaires dans « le défilé de la Hache », ou Germinal de Zola, comme la révolte des femmes de mineurs qui brandissent les horribles restes de l’épicier qu’elles viennent d’émasculer par vengeance et en signe de libération. Ce divorce entre les deux ordres de beauté s’est accentué avec la peinture abstraite ou non-figurative. Un tel tableau se satisfait à lui-même, ne se réfère plus à aucun objet naturel et s’affranchit ainsi de toute imitation possible.

L’art ne saurait donc être une simple photographie de la réalité. « Le soleil, disait Cézanne, cela se représente, mais ne se reproduit pas. » La représentation du réel ne peut être qu’une reconstruction ou une transposition. En effet l’artiste utilise des équivalences

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