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Bergson Art

Commentaire de texte : Bergson Art. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  31 Décembre 2021  •  Commentaire de texte  •  3 653 Mots (15 Pages)  •  444 Vues

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Mina Barbier                               Philosophie                                                T3

Des fresques préhistoriques à l’art contemporain, en passant par différents mouvements artistiques et diverses formes d’art, de la sculpture au septième art, les œuvres traversent les âges et sont omniprésentes dans notre monde. Mais la considération que porte la majorité à l’art est structurée par des attendus sociaux, car l’élitisme touche souvent les débats, et la question de la beauté, du profit, de la reconnaissance et du “meilleur”, parasitent notre rapport aux oeuvres, jusqu’à oublier “Qu’est-ce qu’une oeuvre d’art?”. Nous avons alors tendance à ignorer sa finalité, et pour tenter de remédier à cela, la beauté, l’argent, le classement sont à laisser de côté. L’art ne s’agit pas non plus de s’évader quelques instants des problèmes de la vie, car finalement, il s’avère être beaucoup plus ancré dans la réalité que ce que l’on imagine généralement, et plus vrai que notre propre perception habituelle… Ici, Bergson soutient que l’artiste tient un rôle de révélateur dans le sens où il nous montre ce que nous avions perçu, mais sans savoir que nous l’avions perçu, ce que nous avions laissé échapper. C’est-à-dire que sans l’art, le commun des mortels passerait à côté d’encore plus de choses qu’il ne le fait déjà. Le texte de Bergson extrait de La pensée et le Mouvant traite d’une vision originale de l’art en donnant la fonction de l’artiste, qui est à part, en essayant de répondre “A quoi vise l’art?”. Alors, quelle est selon Bergson la finalité de l’art? Et en en quoi la singularité de l’artiste et ses œuvres sont-elles essentielles pour le reste des hommes?

        

La vision que nous avons du monde semble être fidèle à la réalité, pourtant, dès la première phrase sous forme rhétorique mais donnant la réponse de l’auteur dans la question: “À quoi vise l’art, sinon à nous montrer, dans la nature même et dans l’esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience?” Bergson propose que nous laissons passer quelque chose du réel puisque l’art nous permet selon lui, de faire passer des éléments de l’implicite à l’explicite. Autrement dit, notre perception ordinaire ne nous permet pas de voir le monde qui nous entoure tel qu’il est, mais aussi de ne pas percevoir ce que nous ressentons profondément en nous. Il y a plus à voir que ce que nous pensons voir. Ainsi, la finalité de l’art est la révélation de ce que nous avons vu sans savoir que nous l’avions vu…A ce moment-là, l'œuvre d’art nous fait chercher en nous, nous ramène à nous-même, pour savoir quand nous l’avons vu? Comment? En tant que quoi nous l’avons vu? C’est ce souvenir qui remonte par la rencontre avec les œuvres d’artistes que nous reconnaissons car ils “ne créent pas de toutes pièces” les états d’âmes. Sinon “ils ne seraient pas compris de nous si nous n’observions pas en nous ce qu’ils nous disent d’autrui” donc, Bergson pense que si le produit des artistes était seulement issu de leur imagination, de la création pure, ils ne seraient pas compris et la reconnaissance du lecteur dans les émotions que transcrit l'écrivain, que ce soit les siennes ou celles qu’il fait ressentir à ses personnages, ne serait pas possibles. Or la reconnaissance a lieu… Par l’écriture l’écrivain fait remonter à la surface des sentiments jusque-là confus, alors il y a bien un lien entre l’artiste, l'œuvre et le commun des mortels. Le dernier s’identifie, se reconnaît dans les états d’âmes du premier, transcrits dans son œuvre. Pourtant, nous sommes loin d’avoir vécu toutes les histoires des personnages, loin de là, mais le talent de l’écrivain parvient à émouvoir tout Homme en élevant les sentiments, l’ambiance d’un écrit à un tel rang, qu’il parle à tous. D’après le texte, “Le poète et le romancier expriment un état d’âme”, quand bien même nous n’avons pas vécu le tragique destin de Roméo et Juliette, la plume de Shakespeare est là pour nous emporter dans la possibilité de le vivre. Les états d’âmes de l’histoire sont par contre bien réels, l’amour, le chagrin, la discorde et la mort, c’est véritablement ça qui nous touche, nous connaissons certains sentiments plus que d’autres mais cela ne nous empêche pas d’être pris par le fond sensible de l’art.

Ensuite, Bergson poursuit en soutenant toujours sa thèse principale avec “des nuances d’émotion nous apparaissent”, notre perception s’enrichit, la compréhension de nos ressentis également et donc les états d’âmes qui étaient confus s’éclaircissent en nous. Ainsi, ce que nous avons ressenti sans le savoir nous est révélé, alors cela prouve que selon Bergson, les états d’âmes, les sensations, sont bien plus réels que tout le reste. Ils peuvent se rattacher à la thèse de l’auteur sur la durée. Le temps se distingue de la durée, dans le sens où c’est à caractère social afin d’organiser les journées de façon répétitive et identique, contrairement à la durée: un temps intime et beaucoup plus vrai que le temps social. Une heure est égale à soixante minutes, et pourtant elles ne sont pas représentatives de l'ennui que nous avons pu éprouver puisqu’une heure agréable passera sûrement plus vite tandis qu’une autre semblera durer plusieurs heures. On a donc à faire aux sensations, aux ressentis que nous avons, la durée que chacun éprouve est liée à un rapport brut avec le monde environnant qui mute constamment, mais qui n’est pas rythmé en fonction des minutes. Aucun moment n’est identique à l’autre, contrairement à ce que laisse penser le temps social, et l’art relève bien de ces “nuances d’émotions et de pensée”. Par exemple, la Cathédrale de Rouen de Monet est une série de toiles à partir de différents points de vue et à différentes heures du jour. L’artiste a ici une fonction correspondant à l’image que donne Bergson: “l’image photographique qui n’a pas encore été plongée dans le bain où elle se révélera”, c’est-à-dire que l’image était existante avant d’être plongée dans le bain, mais invisible, ainsi comme le dit Bergson “le poète est ce révélateur”, et non un pure créateur. Ces nuances existaient déjà avant que Monet ne les peigne, cependant, le commun des mortels ne les avait pas remarquées. D’où l’importance du rôle de l’artiste en tant que révélateur de l’invisible pour ne pas passer à côté. Bergson démontre ici que même si nous ne sommes pas des artistes (ou peut-être que nous ne le savons pas non plus), nous sommes capables de ressentir ce contact brut qu’a l’artiste avec la réalité.

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