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LA CHINE ET SES MINORITÉS: LE CAS DES OUÏGHOURS DU XINJIANG

Étude de cas : LA CHINE ET SES MINORITÉS: LE CAS DES OUÏGHOURS DU XINJIANG. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  11 Octobre 2022  •  Étude de cas  •  2 847 Mots (12 Pages)  •  428 Vues

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Suite aux dernières décennies, il nous est clairement possible de témoigner d’un déclin important de la démocratie dans le monde. On peut le constater aujourd’hui, par le long silence et les yeux fermés de la communauté internationale envers les Ouïghours, un peuple musulman dans la région du Xinjiang qui subit la répression chinoise. Malgré les preuves récoltées par les ONG, le gouvernement chinois a contesté pendant de longues années l’existence des camps de détention. Aujourd’hui, sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, la Chine communiste se justifie en se voyant le droit de donner une forme légale aux répressions qu’il applique envers ce peuple. Sachant le contexte, cela nous mène à nous questionner pour savoir de quelle façon la Chine, sous couvert de la défense contre la menace terroriste, exerce-t-elle une répression sur le peuple Ouïghour? Cette situation sera approfondie en retraçant premièrement l’histoire des Ouïghours, d’où viennent-ils et l’enjeu du Xinjiang ; territoire musulman au sein d’une Chine communiste. En second lieu, il sera question d’analyser le problème géopolitique de la région et enfin ressortir les pratiques mises en place par la Chine pour exercer l’assimilation forcée des Ouïghours. Enfin, la question abordée sera de savoir s’il s’agit d’une menace terroriste, une tentative d’assimilation ou bien d’une islamophobie.

1) Le Xinjiang, un territoire musulman au sein d’une Chine communiste

Les Ouïghours, population musulmane turcophone du Turkestan chinois où Turkestan Oriental constituent l’une des minorités les plus importantes de la République Populaire de Chine. Aujourd’hui appelée Région autonome des Ouïghours du Xinjiang (RAOX), la province est reliée à la Chine intérieure par le corridor du Gansu et s’étend entre la Mongolie, la Russie, les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, l’Afghanistan, le sous-continent indien et le Tibet. Dans cette région peuplée de près de 19 millions d’habitants, la minorité en représenterait 9,6 millions selon les autorités chinoises (Lothaire, 2006). Toutefois, selon les Ouïghours, ils avoisineraient les 20 millions (CONGRÈS MONDIAL OUÏGHOUR). Ethnie au passé long et tumultueux de plus de 4 000 ans, c’est sur son histoire que nous ferons une rétrospective.

Issus des tribus turques Oghouz originaires de la région de l’Orkhon, actuelle Mongolie, ces nomades arpentaient les bassins du lac Baïkal plusieurs siècles avant J.-C.. À partir du milieu du VIIIe siècle, principalement l’an 744, ils se sédentarisent et fondent un puissant empire, le Khaganat Ouïghour, s’étendant sur 3 100 000 km2, faisant de leur capitale Ordu-Baliq, située à 27 km au nord-est de la future capitale mongole Karakoum, et englobant ainsi l’Altaï, la Mandchourie, le désert de Gobi et la région du Turkestan chinois (Britannica, 2018). En dépit des nombreuses tentatives chinoises de s’implanter dans cette dernière, le puissant royaume entretient tout de même des relations diplomatiques, militaires et commerciales avec la Chine des Tang dont la puissance s’étend sur le bassin du Tarim et la Djoungarie depuis le milieu du VIIe siècle. Néanmoins, en 750, la défaite à Talas face aux Arabes mais aussi la rébellion de An Lushan (755-763) marquent la fin de la présence des Tang dans ces deux régions. (Kellner, 2002) Durant cette période, beaucoup de Perses fuyant la conquête islamique sur leur territoire migrent vers Ordu-Baliq et convertissent le royaume autrefois bouddhiste au manichéisme.

En 840, suite à une défaite face aux envahisseurs kirghiz, le peuple se divise en deux groupes. Le premier part vers le sud-est s’installer dans le Gansu occidental, Ouïgours de Ganzhou ou Ouïgours de Hexi, et le second, vers le sud-ouest, dans la région montagneuse du Tien Shan. Ces derniers y fondent un nouveau royaume, celui de Qocho, dans le bassin du Tourfan et dont la capitale est Beshbalik. Ils dominent la région entre 840 et 1284. Toutefois, en 1209, sur une base volontaire, le royaume se soumet à Gengis Khan, de la dynastie mongole des Yuans qui règnera en Chine de 1277-1367. Ainsi, les Ouïghours lui fournissent son alphabet, mais aussi des administrateurs pour son nouvel empire. Entre le XIVe et le XVIe siècle, les cheiks de l’ordre soufi des Naqshbandis organisent la conversion totale de la région à l’Islam (Fletcher, 1995 cité par Kellner, 2002).

Les Djaghataïdes qui en 1320 avaient réussi à prendre le contrôle de la région laissent place aux Khojas, famille musulmane Sayyid, descendante de Prophète, à partir du XVIe siècle. Divisée en deux clans, l’un à Yarkand, les Karataghliks ou peuple de la Montagne Noire, et l’autre à Kachgar, les Aktaghliks ou peuple de la Montagne Blanche, ils luttent pour la omnipotence. Aussi, au XVIIe siècle, les Aktaghliks font appel aux Oïrats, maîtres du Turkestan Oriental, du Qinghai et du Tibet depuis le XVe siècle, afin de former une alliance contre le clan adverse. (Kellner, 2002) Yarkand est conquise et dans un même temps, les Oïrats en profitent pour s’emparer de Kachgar. Devant ces pouvoirs nouvellement acquis, la Chine de la dynastie mandchoue des Qing se lance à la conquête des territoires. En 1759, les Qing établissent leur pouvoir sur l’ensemble du Turkestan oriental en y implantant des colonies civiles et militaires et la rebaptisent « Xinjiang », « Nouvelle Frontière » (Castets, 2003).

En 1862, le soulèvement de musulmans chinois sonne la fin de l’emprise mandchoue sur la région et l’isole du reste de la Chine. Entre 1864 et 1877, la région est dirigée par le Beg Yacoub qui fonde l’Émirat de Kachgar et entretient des relations avec l’Angleterre et la Russie. Cependant, son pouvoir s’effondre alors que les Mandchous reconquièrent rapidement la région et l’instituent en province de l’Empire en 1884 (Kellner, 2002).

Par la suite, entre 1911, au moment de la fin de la dynastie des Qing, et l’établissement des communistes en Chine en 1949, la situation du Xinjiang demeure extrêmement confuse. Le territoire convoité par l’URSS faisait de la région l’une de ses sphères d’influence. Puis, entre 1944 et 1949, fut créée la République du Turkestan oriental, dirigée par des turcophones avec l’aval de Moscou (Castets, 2003). En 1949, avec l’aide des Soviétiques, les Chinois se réinstallèrent dans la région.

En 1966, Mao Tsé-toung décida de lancer la « Révolution culturelle » et renforça sa politique de sinisation en incitant les Han à s’installer en plus grand nombre dans le lointain Xinjiang, l’objectif étant de minoriser le plus rapidement possible les Ouïghours sur leur propre territoire. (Castets,

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