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Platon : République, tr. E. Chambri, Belles Lettres, Paris, 1961

Analyse sectorielle : Platon : République, tr. E. Chambri, Belles Lettres, Paris, 1961. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  14 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  6 112 Mots (25 Pages)  •  1 059 Vues

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N La République, livre VI (385-370)

Platon : République, trad. par E. Chambry, Les belles lettres, Paris, 1961.

[484 a – 485 a] Conséquence du précédent développement. Le philosophe doit gouverner parce que seul il connaît la vérité idéale. [484 b] Les philosophes sont ceux qui sont capables d’atteindre à ce qui existe toujours de manière immuable. Ceux qui sont capables de garder les lois et les institutions, il faut les établir gardiens de l’Etat. [484 c] Ces gardiens doivent avoir la vue perçante, celle qui consiste à voir la vérité idéale. [484 d] Ils doivent connaître l’être de chaque chose, cette connaissance est le point le plus important. [485 a] Il s’agit maintenant de dire comment ils pourront joindre l’expérience à la spéculation. Mais avant cela il faut connaître à fond leur nature.

[485 b – 487 a] Le naturel philosophe. Ses qualités. [485 b] « Les esprits philosophiques sont toujours épris de la science qui peut leur dévoiler quelque chose de l’essence éternelle, inaccessible aux vicissitudes que produisent la génération et la corruption »1. Ils aiment l’essence toute entière et ne renoncent volontairement à aucune de ses parties quelque soit sa valeur (ce sont des amoureux). [485 c] Ils rejettent le mensonge et chérissent la vérité. On ne peut aimer à la fois la science et le mensonge, car la science est étroitement liée à la vérité. [485 d] Celui qui aime la science poursuit dès sa naissance la vérité. Quand un désir se porte violemment vers un seul objet, tel un torrent vers une seule direction, il a moins de force pour le reste. Ainsi il ne cherche que les plaisirs de l’âme et laisse de côté les plaisirs du corps. [485 e] Il sera tempérant et sans cupidité « car les raisons pour lesquelles on recherche la richesse […] font qu’il est le dernier à qui convienne une telle recherche ». [486 a] Son âme ne doit receler aucune bassesse et éviter la petitesse d’esprit. Il doit tendre à embrasser l’ensemble et l’universalité des choses humaines et divines2. La vie humaine en conséquence ne peut-être considérée comme une chose de grande importance. [486 b] La mort ne sera pas pour lui un sujet de crainte. Il ne sera pas un lâche. Il sera réglé mais pas difficile à vivre, ni injuste. Son âme sera juste et douce, mais ni insociable ni sauvage. [486 c] Il faudra prendre en compte sa facilité à apprendre, car s’il travaille sans profit, il prendra en dégoût l’objet de son étude. [486 d] Il doit avoir une bonne mémoire. Son esprit doit joindre la mesure et la grâce. « Une âme sans culture et sans grâce est naturellement portée à manquer de mesure »3. Or la vérité est parente de la mesure.

[487 b – 502 c] Objection de fait : les philosophes sont incapables de servir l’Etat.

1 La génération donne aux objets copiés sur l’Idée une forme déterminée (homme, cheval, pierre), que la corruption détruit pour lui en substituer une autre. 2 Même chose dans Théétète 173 e, en parlant du philosophe : « sa pensée, pour qui tout cela n’est que mesquinerie et néant, dont elle ne tient compte, promène partout son vol, comme dit Pindare, « sondant les abîmes de la terre », et mesurant ses étendues, etc. ». 3 Il y a un rapport profond dans la doctrine platonicienne entre la vérité et la mesure (Philèbe, 64 e – 65 a).

2

1) [487 b – 490 d] Incapacité à servir l’Etat : [487 b] Adimante critique les raisons de Socrate, et révèle l’impression réelle que suscite chez les auditeurs la dialectique. Ils s’imaginent que lors de la discussion chaque question les entraîne un peu plus loin de la vérité, chaque petits écarts mis ensembles aboutissant finalement à une erreur énorme, opposée de leur premier sentiment. La dialectique est comme le trictrac où les joueurs inexpérimentés sont bloqués par des joueurs habiles. [487 c] Les auditeurs sont ainsi réduits au silence avec des raisonnements et non plus avec des pions, sans que la vérité ne gagne à cette méthode. [487 d] Les hommes qui continuent à faire de la philosophie au-delà de leur jeunesse deviennent « tout à fait bizarre, pour ne pas dire tout à fait pervers »4. L’étude de philosophie conduit ensuite à l’incapacité de servir l’Etat. [487 e] Socrate accepte la critique, il dit même que c’est la vérité. Alors qu’on vient de reconnaître qu’ils y sont impropres à tout emploi, il faut néanmoins réfléchir à partir de quels fondements on peut affirmer que le gouvernement des philosophes est une condition nécessaire pour que les Etats connaissent la fin de leurs maux. Socrate, contrairement à son habitude (selon Adimante, remarque ironique), ne peut répondre que par une comparaison.

2) [488 a – 489 d] La faute en est à l’Etat qui n’utilise pas le philosophe. Les Etats infligent de si mauvais traitement aux hommes les plus sages, qu’il faut à Socrate élaborer à la manière des peintres un monstre mêlant diverses parties d’animaux. [488 a – 488 b] Il faut imaginer un navire où : on a un capitaine malvoyant avec de faibles connaissances en navigation et des matelots qui se disputent le gouvernail, bien qu’aucun ne sachent le tenir. Ces matelots vont même jusqu’à dire que le pilotage n’est pas un art et ils sont prêts à tuer quiconque prétend pouvoir l’enseigner. [488 c] Ils se pressent autour du patron, lui faisant la cour pour avoir le gouvernail, et peuvent même aller jusqu’à s’entretuer pour l’avoir. Ensuite ils se débarrassent du patron par un quelconque expédient (poison, ivresse) et font main basse sur la cargaison, se gorgent de vin et de bonne chère, et naviguent comme ils peuvent. [488 d] Ils sont utilitaristes et comblent d’éloges ceux qui les aident, blâment comme inutiles ceux qui ne les aident pas. Ils ne font rien de ce dont doit s’occuper du vrai pilote : c'est-à-dire étudier le temps, les saisons, etc. [488 e] L’art de gouverner ne parait pas à ces matelots possible à apprendre, « ni par la théorie ni par l’expérience ». [489 a] Socrate demande à Adimante de ne pas interpréter au pied de la lettre cette image, en faisant trop attention aux détails. L’analogie avec les Etats reste floue. [489 b] Si les philosophes sont inutiles aux cités, la faute en revient à ceux qui ne les emploient pas (rappel : les matelots jugent inutiles d’apprendre l’art scientifique de piloter, c'est-à-dire passant par une connaissance de l’astronomie, des vents, etc.). Car il ne va pas dans l’ordre des choses que « les sages aillent aux portes des riches ». C’est au malade riche ou pauvre d’aller frapper à la porte du

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