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Est-ce Dans La Solitude Que L'on Prend Conscience De Soi ?

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Par   •  7 Mars 2014  •  1 463 Mots (6 Pages)  •  2 902 Vues

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La conscience serait la connaissance immédiate que le sujet prend de lui-même, telle une lumière qui se retourne sur elle-même. L’homme est le seul être vivant à avoir conscience d’être ce qu’il est, un homme qui vit et meurt, grâce à cette conscience, il peut cheminer vers le savoir la conscience est le moi fondateur du monde et du sens, l’absolu certitude de moi pour moi, condition sans laquelle il n’y aurait rien.

La conscience de soi représente soit le savoir diffus que je possède de moi-même lors de toutes les opérations de mon esprit soit la saisie réflexive de moi-même et de ma réalité. La conscience, dit Descartes, subsiste alors même que je doute de tout. Est-ce à dire que la conscience est une réalité en soi, une réalité absolue qui n'a pas besoin du monde pour exister ? Descartes lui-même n'affirme-t-il pas que sans la conscience de Dieu je ne pourrais prendre conscience de moi-même ? N'est-ce pas parce que j'ai en moi l'idée de quelque chose d'infini et de parfait que je peux prendre conscience de ma finitude et de mon imperfection ? Cette idée ne me vient-elle pas de Dieu et donc d'une altérité ?

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Que la conscience de soi doive quelque chose à la présence d'autrui, donc à un autre d'une espèce toute particulière, à un moi qui n'est pas moi, voici qui ne semble guère avoir été aperçu par la réflexion classique, affectée d'une étrange cécité à l'égard de l'existence de l'autre ; elle ne s'est point souciée de tenter d'appréhender en son être même quelque chose d'étranger à elle et à son essence. Ceci est tout particulièrement net dans la philosophie de Descartes. Comment s'effectue le mouvement par lequel la conscience de soi s'atteint elle-même ? La conscience de soi représente ici l'évidence et la certitude de la réflexion, la saisie réflexive de moi-même au sein même du doute universel. C'est dans le doute que s'opère la saisie réflexive du cogito. Ce doute met en question les sens, qui nous trompent, mais aussi les évidences mathématiques, qui paraissent si claires et si distinctes : en effet, que je veille ou que je dorme, 2 + 2 font toujours 4. Ici, il faut donc faire intervenir un Malin Génie, tout aussi rusé et trompeur que puissant. Dès lors, s'il me trompe, je puis mettre aussi en question les certitudes mathématiques. Dans ce doute universel, la certitude surgit, inébranlable. Même si un Malin Génie me trompe en toutes choses, cependant l'évidence du cogito s'avère indubitable. Le cogito, ergo sum exprime cette naissance historique du sujet pensant, cet avènement de la conscience de soi dans l'histoire de la pensée humaine : cette proposition, « je suis, j'existe », est nécessairement vraie toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit.

Que représente ici la conscience de soi ? Non seulement l'apparition d'une existence, mais aussi le surgissement d'un moi pur, d'une nature essentiellement spirituelle. Prendre conscience de soi, c'est saisir la substance de notre âme comme pensée. Or, tout se passe ici comme si le cogito ne devait rigoureusement rien à la présence de l'Autre. La conscience de soi apparaît comme une île séparée du reste des choses. Objet de la réflexion, elle est atteinte dans la solitude puisque le pour-soi ne prend ici appui que sur lui-même. Descartes ne médite-t-il pas enfermé dans son poêle, comme il le dit dans le Discours de la Méthode? Théoriquement, tout au moins, l'attitude de Descartes pourrait être dite solipsiste (solipsisme : attitude de celui qui ne croit qu'à sa propre existence). En fait, Descartes n'est nullement solipsiste, mais l'évidence d'autrui n'est pas donnée initialement dans le cogito.

Néanmoins, la conscience de soi peut-elle véritablement exister sans devoir quelque chose à la présence d'autrui? La présence, c'est le fait de se manifester au sens fort du terme. Autrui ne surgit pas de manière accidentelle anecdotique, il s'impose à moi.

Or, la présence de cet Autre qui en même temps est le même que moi apporte à la conscience la possibilité d'être engendrée et d'exister. C'est l'existence même du cogito que la présence d'autrui rend possible. En effet, comme l'a montré Hegel, la conscience de soi est réelle seulement en tant qu'elle connaît son écho et son reflet dans un

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