Désir Et Besoin/Le désir Amoureux : Don Juan
Fiche de lecture : Désir Et Besoin/Le désir Amoureux : Don Juan. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dissertation • 6 Octobre 2013 • Fiche de lecture • 1 305 Mots (6 Pages) • 1 454 Vues
Désir et besoin/Le désir amoureux : Don Juan
1. L'identité apparente du désir et du besoin
a. Désir et besoin impliquent le manque ou l'absence d'un objet
Dans le langage commun, nous disons que «nous désirons cet objet» ou que «nous en avons besoin» : autrement dit, nous considérons ces deux notions comme identiques. Toutes deux marquent le manque ou l'absence. Platon dans Le Banquet (199 d-200 e), écrit que «le désir ne peut porter que sur ce que l'on n'a pas, ce que l'on n'est pas. Par exemple, l'homme qui est déjà grand et fort ne saurait désirer le devenir, puisqu'il l'est déjà». Il faut donc dire avec Platon que «ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà les objets du désir et de l'amour». Désir et besoin semblent ainsi, du point de vue du manque qu’ils impliquent, étroitement liés.
b. Le besoin et le désir sont liés et cependant distincts
Les philosophes ont en effet coutume de dire que le besoin relève du corps – donc de la physiologie ou de la biologie - tandis que le désir relève de l’esprit et de la conscience. Le désir serait, en quelque sorte, un besoin «intellectualisé». On peut donner l’exemple de la faim, qui correspond à un besoin que nous devons satisfaire si nous voulons nous maintenir en vie : ce besoin a pour objet la nourriture en général (tandis que le désir va se porter sur un aliment précis, plutôt que sur un autre). Le lien qui unit le besoin au désir est paradoxal : d'une part, certes, le désir s'éveille suite à un besoin dont il est la conséquence, mais il est aussi ce mouvement ou cet «élan» de l'esprit qui va nous permettre de combler ce besoin antérieur. Si le désir est lié au besoin, il est donc aussi ce qui s'y oppose en le satisfaisant, puisqu’il le fait disparaître. Le besoin semble essentiellement négatif, tandis que le désir est un élan positif vers un accroissement ou une conservation de soi.
c. Il existe des besoins sans désirs, et des désirs sans besoin
Si l’on garde l’exemple de la nourriture, nous pouvons très bien considérer qu’il est possible de beaucoup manger sans avoir faim – tel est le cas de la boulimie, qui relève de la pathologie – et qu’il est également possible d’avoir faim sans désirer manger – ce que nous considérons également comme pathologique, si l’on prend l’exemple de l’anorexie. Le besoin est toujours susceptible d’entraîner des excès – et ce sont ces excès que nous devons surveiller. De même, nous désirons certains objets dont nous n'avons pas besoin (une résidence luxueuse ou des bijoux). Ce sont des désirs qu'Épicure dans la Lettre à Ménécée, qualifiera de «non nécessaires» (voir fiche "Faut-il maîtriser ses désirs pour être sage ?"), et auxquels il recommande de renoncer si nous voulons trouver la quiétude et le bonheur. En effet, celui qui s'attache trop à un luxe ou à des plaisirs excessifs s'expose à bien des insatisfactions et des déceptions, puisque ce sont là des biens difficiles à acquérir et aisés à perdre. Il existe en outre des désirs que l’on peut qualifier de «désirs intellectuels», ou de désirs purs : il y a par exemple en l'homme un désir du beau, que Platon qualifie dans le Philèbe de «désir pur», parce qu'il ne procède d'aucun manque antérieur. Il est donc un désir purement positif : il correspond au désir de voir de belles formes, mais également au désir de produire de belles œuvres. C’est pourquoi on évoque en général la «gratuité» de l’art, ou son inutilité. Nous n’avons pas «besoin», à proprement parler, de beauté. Et pourtant, nous désirons contempler de belles choses, voire leur donner naissance. L’art n’est pas utile, et il est pourtant indispensable.
2. La figure de Don Juan
Si Don Juan semble avoir été à l’origine un personnage réel, il a pris rapidement, dès le 17ème siècle, la dimension d’un mythe – que nous connaissons surtout aujourd’hui à travers une pièce de Molière et un opéra de Mozart : il incarne, en ses diverses représentations théâtrales, musicales ou poétiques, la figure du séducteur, du libertin, de l’athée, bref, de celui qui ne veut imposer
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