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Violence Dans Le Sport

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Par   •  17 Janvier 2015  •  1 859 Mots (8 Pages)  •  907 Vues

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Il est une idée relative aux relations entre la violence et l’organisation sociale, selon laquelle le contrat social protège de la violence. Elle est mobilisée dans les analyses qui traitent la violence comme une pathologie sociale ou comme un produit de la désorganisation sociale. L’agressivité balayerait d’un coup les modalités intériorisées du contrat social et déboucherait sur des formes diversifiées de violence. Cette idée empêche de saisir pleinement les relations de complémentarité qui existent entre la violence et l’ordre social. Plutôt que de s’intéresser aux dimensions manifestes d’une violence liée à la désorganisation sociale, ce propos vise à contribuer à une approche de la violence constitutive de l’ordre social.

Nos sociétés sont marquées par un procès global de pacification des moeurs qui a considérablement réduit les violences aux personnes et les a canalisées en des règles de conduite en société. Parallèlement, elles ont connu une mise en oeuvre de violences collectives, dont à maints égards la destruction des Juifs constitue l’idéal-type. Enfin, de façon récente, elles semblent se caractériser par un regain de violences dans des situations de la vie quotidienne. Partir d’une dichotomie entre une société pacifiée et des violences aux marges ne permet pas de comprendre pleinement en quoi les violences participent à la formation de l’ordre social. Les penser de façon conjointe conduit à s’intéresser à leur combinaison dans les institutions sociales, c’est à dire dans les arrangements stabilisés de relations entre individus. On s’éloigne ainsi d’une approche globale de la société comme une totalité marquée par un procès global de pacification des moeurs pour s’intéresser aux contextes sociaux qui orientent les actions des individus et qui, à ce titre, constituent des régulations intermédiaires entre un processus global de civilisation et des relations de la vie quotidienne.

La violence au coeur de l’ordre social

Dans son « Traité de la violence » [1998], Sofsky souligne que la violence est omniprésente et inhérente à l’ordre de la société. « Son règne est coextensif à l’histoire du genre humain, du début à la fin. La violence crée le chaos et l’ordre crée la violence. Ce dilemme est insoluble. Fondé sur la peur de la violence, l’ordre crée lui-même à nouveau peur et violence. » Pour lui, c’est l’expérience de la violence qui réunit les hommes. La société n’est pas fondée sur un besoin de sociabilité ou sur la nécessaire coopération pour la production. Elle est tout d’abord un dispositif de protection mutuelle qui règle les relations en contrôlant les contacts violents entre les hommes. Certains contacts sont nantis d’une légitimité dans des formes acceptables pour le contrat social, d’autres sont l’objet d’une répression. Le pouvoir détient la légalité de la violence. Il dispose pour cela d’une force qui permet de contrôler et d’endiguer la violence sociale en enseignant la peur que doit inspirer le pouvoir aux membres de la société.

Le contrat social pacifie la société en organisant la violence et en lui donnant des formes légitimes. Pour les individus qui y adhèrent, ce contrat existe comme ordre légitime dans la mesure où, non seulement, ils intériorisent les règles et les nécessités qui les font vivre et agir ensemble, mais où ils apprennent également à contrôler l’expression publique de leurs émotions et de leurs passions. Cette intériorisation de la contrainte sociale les conduit à contrôler et à limiter les violences interpersonnelles au profit des modalités reconnues d’échanges et de relations. Norbert Elias [1973, 1975] a analysé ce procès de pacification de la société, en montrant comment il s’est opéré dans des Etats disposant d’institutions stables. La monopolisation de la violence par les Etats a obligé à une maîtrise des pulsions en limitant l’emploi de la force dans les relations. Conjointement, le développement des relations d’interdépendance au-delà des cercles d’affiliation primaire a conduit les individus à maîtriser leurs émotions en public. Dans une période historique que Elias situe entre le 16 ème et la fin du 18 ème siècle, le contrôle et la maîtrise des affects se sont ainsi substitués à la coercition externe et aux violences pour la maîtrise des pouvoirs. Ce développement est constitutif de l’émergence d’une sphère publique, siège de la vie sociale [Sennett, 1979]. Le passage de la contrainte sociale à l’autocontrainte se traduit par une intériorisation du contrôle des émotions et de pulsions qui tend à raréfier les explosions affectives, à atténuer les écarts émotionnels et les sautes d’humeur dans les relations sociales. Cette gestion des émotions s’est étendue par des processus d’imitation et d’émulation entre classes sociales, et s’est traduite par l’extension de la pacification des moeurs du coeur des pouvoirs politiques et sociaux vers leurs périphéries.

La formation des appareils psychiques de contrôle des individus tend à déplacer les confrontations violentes qui trament la vie sociale vers des sphères spécifiées comme telles, organisées et ritualisées comme les jeux sportifs, mais aussi la compétition économique. La violence contenue des rapports individuels se donne ainsi à voir sous forme d’une concurrence socialement reconnue et sanctionnée comme telle. Avec l’évolution des sensibilités collectives vers des relations pacifiques, les violences directes et les manifestations d’agressivité se trouvent rejetées dans les marges de la vie sociale. Elles apparaissent comme des déviances que le regard judiciaire ou psychiatrique réduit à une condition individuelle. Elles donnent lieu à des traitements dans des institutions spécialisés, la prison ou l’asile, issues des pratiques d’enfermement.

L’intériorisation des contraintes et la réduction des violences interpersonnelles se sont opérées dans un contexte qui a vu la montée des violences mises en oeuvres par les Etats. L’ordre social légitime se construit tout autant sur l'adhésion de ses membres que sur la désignation, voire la persécution ou la destruction de déviants, de marginaux, d’étrangers. En mobilisant les affects à son service et en les

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