Échapper à la fatalité des violences dans Le Sang Des Promesses De Wajdi Mouawad
Commentaires Composés : Échapper à la fatalité des violences dans Le Sang Des Promesses De Wajdi Mouawad. Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar SpongeB0B • 2 Novembre 2013 • 385 Mots (2 Pages) • 1 591 Vues
Je dirai, moi aussi, au revoir à l’enfance,
et l’enfance sera un couteau
que je me planterai dans la gorge.
Wajdi Mouawad, Incendies
Dans le Sang des promesses, la
tétralogie théâtrale de Wajdi Mouawad
(regroupant Littoral, Incendies,
Forêts et Ciels), tout se place sous le
signe de l’abandon. Abandon par la
mort. Abandon des mères. Abandon
de l’enfance. Abandon par le silence.
Le silence sur les guerres. Le silence
sur les origines. Le silence de la
mémoire, et la mémoire du silence
léguée par les parents à des adolescents
en mal de vivre : Luce (Forêts),
Wilfrid (Littoral), Jeanne et Simon
(Incendies), Victor Eliot Johns (Ciels).
« L’art décline la mort » et nous
place aux limites des idéologies, là où
les violences nous imposent de
repenser le légal et le légitime, la
réalité et la fiction, le traumatisme et
le fantasme. Le lecteur-spectateur de
Wajdi Mouawad pressent une invitation
au retour à l’art dramatique premier,
à Sophocle, comme le confirment
son essai Traduire Sophocle1,
ses travaux scéniques2 et l’inceste
«oedipien » qui traverse la tétralogie.
Tous nous renvoient à l’instant sophocléen,
« à la croisée des chemins »
(Incendies), à la « jonction des deux
routes » (OEdipe roi, Sophocle), à cet
espace temporel qui fait basculer les
destins, lorsque la malédiction s’abat
sur des hommes qui ne sont pas coupables.
Le lecteur-spectateur ressent,
comme le spectateur contemporain
de Sophocle, la peur de se retrouver
dans la même situation qu’OEdipe.
« Son destin nous saisit pour la seule
raison qu’il aurait pu aussi devenir le
nôtre » : c’est là, selon Freud, l’élément
d’identification que le lecteur
contemporain peut établir avec le
spectateur antique. L’effet
...