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Princesse de clèves, Mme de Lafayette

Dissertation : Princesse de clèves, Mme de Lafayette. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  4 Mai 2020  •  Dissertation  •  2 703 Mots (11 Pages)  •  2 578 Vues

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Dissertation

Dans son article intitulé "Madame de La Fayette romancière : aspects de la société et des mentalités de son temps", Marie-Odile Sweetser écrit : "La conduite héroïque de la princesse, guidée par un jugement lucide et une volonté ferme, provoque l'admiration." Dans quelle mesure cette affirmation se vérifie-t-elle dans le roman ?

Vous répondrez dans un développement structuré et argumenté en vous appuyant sur votre lecture de La Princesse de Clèves, sur les textes étudiés dans le cadre du parcours ainsi que sur vos lectures personnelles.

La Princesse de Clèves, oeuvre de la femme de lettre Mme de la Fayette, s’inscrit dans l’époque du Grand Siècle. Cette période englobe tout le XVIIe, du règne d’Henri IV jusqu’à la mort de Louis XIV. Durant ce siècle, le roman est du côté des femmes. En effet, ce sont elles qui lisent et écrivent du fait des préjugés sur la féminité. Ce sont de très longs romans baroques, idéalisant les personnages dans un cadre mythique, qui y sont écrits : les romans fleuves. Mais, durant la deuxième moitié du siècle, une rupture s’opère avec l’apparition des romans historiques, dont celui de Mme de la Fayette fait partie. Ce sont des oeuvres qui respectent le réalisme du cadre spatio-temporel et historique, précisément. Ces livres sont courts, sobres et mesurés, tandis que les auteurs cherchent à développer une analyse psychologique humaine. Ce style honore pleinement l'idéal classique, un mouvement spécifiquement français, basé sur des valeurs d’ordre, de simplicité, d’équilibre et de sens de la mesure. Ses auteurs font preuve d’un style sérieux et élevé qui aboutit à une morale amoureuse idéale, notamment dans les Salons où les Précieux essaient d’y réfléchir. Le courant de la Préciosité caractérise cette nouvelle littérature. Il est fondé dans les Salons où les Précieux discutent d’actualités, de littérature, de sciences ou de politique, en compagnie d’invités prestigieux. Ce courant a grandement influencé les moeurs amoureuses (qui deviennent plus raffinées), le langage et la production littéraire. Il est aussi le point de départ d’un réel féminisme dans la société française, grâce à des femmes désireuses de participer à la vie intellectuelle et de juger et écrire des oeuvres littéraires ; parmi elle, les plus célèbres sont Mme de Rambouillet et Mlle de Scudéry. Cette posture féministe fait de la Préciosité un mouvement de pensée d'une grande modernité, qui a permis de forger une France qui se développe tant lexicalement, qu’intellectuellement et culturellement, avec une ouverture d’esprit et une tolérance nouvelle. Mme de la Fayette a d’ailleurs été formée dans ces Salons, elle fait partie de la grande aristocratie et appartient au courant janséniste, caractérisé par son aspect rigoriste. Cette écrivaine a décidé de ne pas signer ses oeuvres par choix éthique, d’époque, de prudence et par choix littéraire. Le roman de la Princesse de Clèves met en scène une année de la vie d’une jeune femme, mariée et qui vit une passion pour un autre homme que son mari. La scène se déroule dans la cour d’Henri II. C’est un roman historique et psychologique car il analyse les sentiments. Madame de Clèves se trouve en but à la société et à son désir qui ne respect pas l’aspect social de l’époque. Dans son article intitulé "Madame de La Fayette romancière : aspects de la société et des mentalités de son temps", Marie-Odile Sweetser écrit : "La conduite héroïque de la princesse, guidée par un jugement lucide et une volonté ferme, provoque l'admiration." On se demandera dans quelle mesure le personnage de Madame de Clèves provoque l’admiration par ses qualités morales. Si la Princesse de Clèves est, au départ, une simple héroïne de roman, elle accède cependant, au fur et à mesure du récit, au statut d’héroïne tragique.

Dans son oeuvre, Madame de la Fayette nous présente une femme qui, dès les premières pages, est admirée de part son physique. C’est, en effet, dans le contexte d’un bal de fiançailles donné au Louvre que la jeune femme se retrouve, impuissante, face à une cour galante. Effectivement, dès les premières lignes du roman, l’auteur écrit “la magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second”. C’est dans cette atmosphère que Madame de Clèves est jugée avec enthousiasme par cette cour : “on admira sa beauté et sa parure”. C’est simplement l’aspect physique du personnage qui est mis en avant : une admiration très superficielle. De plus, ce même passage raconte sa rencontre avec Nemours, qui apparaît comme une fatalité amoureuse. Les personnages sont pris au piège de la galanterie, incarnée par la cour. Mais c’est Madame de Clèves qui se révèle aveuglée face à l’autorité royale, à la volonté de la cour, et même à la prestance et la beauté de Nemours. Il faut rappeler que la jeune femme est déjà mariée. Elle est donc désemparée face à une situation dans laquelle elle s’est retrouvée à cause de son manque de lucidité et sa soumission devant cette cour, qui s’amuse à jouer avec ces personnages. Ce manque de lucidité se distingue aussi dans la scène de la lettre interceptée. En effet, Madame de Clèves fait preuve d’une grande jalousie, passion très négative à l’époque, à la lecture de cette lettre, alors qu’elle n’a aucune preuve indiquant qu’elle provient de la main de Nemours.

De plus, on observe chez la jeune femme une réelle passivité. On la perçoit notamment lorsque Madame de Chartres se trouve aux portes de la mort. En effet, ici, c’est sa fille, Madame de Clèves, qui se retrouve soumise à son autorité. Elle n’obéit pas à sa propre volonté, mais à celle de sa mère. Cela est dû à son inexpérience face à la société et surtout face aux passions qu’elle n’arrive pas à gérer. Mais c’est aussi à cause de l’éducation si particulière inculquée par sa mère, que Madame de Clèves demeure autant aveuglée. On lui a inculqué des valeurs qu’on lui a appris à respecter afin d’avoir une bonne réputation et se protéger. Cette scène d’adieu se transforme, d’ailleurs, en testament moral pour que sa fille ne tombe pas dans les dangers de l’amour et donc “ne tombe pas comme les autres femmes”. La jeune fille reste muette tout au long de la scène, ce qui accentue cette soumission, sûrement due à un profond respect. Le monologue de la mère montre une vision de l’amour très pessimiste qui témoigne parfaitement de son éducation et de son caractère protecteur. Celui-ci

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