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Place Thiers, Chronique Des Temps De La Commune De Paris Vus De Province, D'Yvon Birster (1971)

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Par   •  14 Septembre 2014  •  5 135 Mots (21 Pages)  •  1 779 Vues

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« Avec nos fusils d’insurgés,

nous avons calé la République. »

(Jules Vallès)

Le projet théâtral d’Yvon Birster

Né en 1939, Yvon Birster, professeur retraité de lettres (au lycée puis en I.U.T.), aujourd’hui galeriste (La Rotonde, Paris, 18e), est l’auteur français d’une petite dizaine de pièces, pour certaines publiées . La première, Simon l’insolent, date de 1965, et la plupart d’entre elles, depuis Vache de mouche (1968), dessinent un cycle théâtral sur la mémoire ouvrière. Ce cycle croise d’une manière assez originale histoires nationale, locale et familiale : la très industrielle Haute-Normandie, où l’auteur s’installa, ainsi que la Lorraine minière et sidérurgique dont il est originaire – ses parents, gérants d’un petit commerce, provenaient d’ailleurs du milieu ouvrier –, ont nourri l’approche qui y est faite de grands évènements ou situations, d’ordre social, économique, politique, ayant marqué la France depuis la fin du XIXe siècle. L’Horizon bleu (1981) revient ainsi sur l’usine Schneider d’Harfleur en 1916, Les Sauveterre, ou Comment je n’ai pas fait la révolution (1974) et Un été havrais (1981) sur l’existence et les grèves des métallurgistes, respectivement en Lorraine de 1906 à 1960 et au Havre en 1922. 40-45 (1972) retrace la « résistance populaire » durant la Seconde Guerre mondiale, Le Marchand de sagesse (1968) les évènements de Mai 68. Place Thiers (1970), elle, est consacrée à la Commune de Paris, et qu’elle soit ou non emblématique de la production d’Yvon Birster, cette quatrième pièce témoigne, en même temps que d’une revendication politique du théâtre, d’un usage militant de l’histoire, fortement appuyé sur les rouages du spectacle vivant et qui, bien qu’inhérent à un certain contexte, ne semble avoir pour aujourd’hui ni perdu son actualité ni épuisé sa force d’interpellation.

La Fable

L’action dramatique consiste en une « chronique » – une histoire imaginaire élaborée, avec des personnages fictifs, sur un arrière-plan de faits réels. Bien que principalement dialoguée, elle est divisée en chapitres, et cette référence au roman , à un genre jugé plus populaire, voire réaliste, que le théâtre, à un genre qui, à l’époque restituée, se démocratisait d’ailleurs vraiment, indique le désir de l’auteur de s’adresser au plus grand nombre.

À Graville, en février 1870, Amanda, ouvrière de filature, et sa Marraine se présentent auprès de l’Instituteur, secrétaire de mairie, pour enregistrer la déclaration de décès du petit frère. Celui-ci, très paternaliste, propose à Amanda de la placer au château comme domestique. L’ouvrière, refusant la soumission, décline, mais, devant l’insistance de la Marraine, finit par accepter, malgré sa révolte intérieure (chap. 1 – « L’Ouvrière »). Six mois plus tard, Amanda, traitée de voleuse pour avoir mangé « une pomme du goûter des enfants », « s’est enfuie du château » ; l’Instituteur, furieux et arcbouté sur le proverbe « Qui vole un œuf, vole un bœuf. », lui ordonne de se repentir, mais Amanda se rebelle contre les possédants – « je n’aurai plus de maître » – et décide d’aller vivre à Paris (chap. 2 – « La Révolte »).

Arrivée à destination, Amanda rencontre, place de la Bastille, un ouvrier menuisier, Charles-François. Tous les deux sont embarqués, avec le peuple parisien, dans la tourmente des évènements, de portée nationale, survenant entre juillet 1870 et mars 1871 : la guerre contre la Prusse, la défaite de Napoléon III, la proclamation de la République, la création d’un Gouvernement de la Défense nationale, la montée de l’opposition révolutionnaire, la capitulation du Gouvernement, l’installation de celui-ci à Versailles, l’insurrection du 18 mars et la proclamation de la Commune de Paris (chap. 3 – « La Canaille »).

Envoyé comme délégué dans la région havraise, afin « que la province se libère comme Paris », Charles-François se retrouve, fin avril 1871, chez la Marraine pour lui donner des nouvelles d’Amanda, désormais ambulancière du 61e bataillon de la Garde nationale. Avec elle, il s’entretient de la situation : le peuple parisien est libre et heureux, mais la province, elle, « est tenue » par les bourgeois, forts des « calomnies » propagées dans la presse anti-communarde et des « mesures policières » prises contre les travailleurs. La Marraine, bien que ne partageant pas l’optimisme de son hôte et tout en le mettant en garde contre la répression, lui signale où il pourra, au Havre, rencontrer les travailleurs (chap. 4 – « L’Envoyé de la Commune »).

Sur les quais du Havre, Charles-François croit rallier un soldat tout juste libéré par Bismarck, mais celui-ci, aveuglé et rejoignant par intérêt personnel la lutte contre la Commune de Paris, l’agresse. L’envoyé de la Commune est alors secouru par Lajoie, un bateleur « descendu en province pour y mettre de l’esprit ». Ceux-là sympathisent, et, lorsque Charles-François l’enjoint à l’aider à « proclam[er] la Commune du Havre », Lajoie le persuade d’agir prudemment et avec habileté en prenant l’habit du comédien, en jouant avec lui sur la place Louis XVI (chap. 5 – « Le Soldat »).

Sur ladite place, deux bourgeois, l’un républicain, l’autre conservateur, font affaires et discutent des élections municipales du 30 avril 1871 : leur divergence politique apparaît nettement à travers leur vision de la Commune, l’issue qu’ils préconisent respectivement pour résoudre le conflit intérieur – la conciliation ou la répression. Puis le Bourgeois républicain, candidat de la liste du Comité central républicain, prononce son « discours électoral ». En raison de mesures favorables aux patrons et par peur de la liste concurrente, celle du Comité central républicain de Solidarité composée de travailleurs, le Bourgeois conservateur lui donne sa voix. Jusque-là auditeur, Charles-François intervient alors, pour appeler à « l’union de tous les républicains ». Cependant, ses revendications contre la propriété, le capital, l’exploitation, conduisent le Bourgeois républicain à donner l’accolade à son homologue de classe. Les deux bourgeois encadrent alors l’envoyé de la Commune, l’agressent, mais, à nouveau, le bateleur s’interpose, couvre son ami, et annonce le spectacle de rue (chap. 6 – « Les Bourgeois »).

La revue s’ouvre sur un tableau allégorique de la Commune (une femme), protégée par le peuple en armes (un garde national) et l’armée elle-même

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