Oedipe - Voltiare
Fiche de lecture : Oedipe - Voltiare. Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar SidSidney • 13 Février 2015 • Fiche de lecture • 2 265 Mots (10 Pages) • 567 Vues
ACTE I
SCÈNE I. Philoctète, Dimas.
DIMAS
Philoctète, est-ce vous ? quel coup affreux du sort Dans ces lieux empestés vous fait chercher la mort ? Venez-vous de nos dieux affronter la colère ?
Nul mortel n'ose ici mettre un pied téméraire
5 Ces climats sont remplis du céleste courroux ;
Et la mort dévorante habite parmi nous.
Thèbes, depuis longtemps aux horreurs consacrée, Du reste des vivants semble être séparée Retournez ....
PHILOCTÈTE
Ce séjour convient aux malheureux : 10 Va, laisse-moi le soin de mes destins affreux,
Et dis-moi si des dieux la colère inhumaine, En accablant ce peuple, a respecté la reine.
DIMAS
Oui, Seigneur, elle vit ; mais la contagion
Jusqu'au pied de son trône apporte son poison. 15 Chaque instant lui dérobe un serviteur fidèle,
Et la mort par degrés semble s'approcher d'elle. On dit qu'enfin le ciel, après tant de courroux, Va retirer son bras appesanti sur nous :
Tant de sang, tant de morts, ont dû le satisfaire.
PHILOCTÈTE
20 Eh ! quel crime a produit un courroux si sévère ?
DIMAS
Depuis la mort du roi...
PHILOCTÈTE
Qu'entends-je ? quoi ! Laïus...
-4 -
Edition Théâtre Classique.fr, 2008.
DIMAS
Seigneur, depuis quatre ans ce héros ne vit plus.
PHILOCTÈTE
Il ne vit plus ! quel mot a frappé mon oreille !
Quel espoir séduisant dans mon coeur se réveille !
25 Quoi ! Jocaste... Les dieux me seraient-ils plus doux ?
Quoi ! Philoctète enfin pourrait-il être à vous ? Il ne vit plus !... quel sort a terminé sa vie ?
DIMAS
Quatre ans sont écoulés depuis qu'en Béotie
Pour la dernière fois le sort guida vos pas. 30 A peine vous quittiez le sein de vos États, A peine vous preniez le chemin de l'Asie,
Lorsque, d'un coup perfide, une main ennemie Ravit à ses sujets ce prince infortuné.
PHILOCTÈTE
Quoi ! Dimas, votre maître est mort assassiné ?
DIMAS
35 Ce fut de nos malheurs la première origine
Ce crime a de l'empire entraîné la ruine.
Du bruit de son trépas mortellement frappés,
A répandre des pleurs nous étions occupés,
Quand, du courroux des dieux ministre épouvantable,
40 Funeste à l'innocent sans punir le coupable,
Un monstre (loin de nous que faisiez-vous alors ?), Un monstre furieux vint ravager ces bords.
Le ciel, industrieux dans sa triste vengeance,
Avait à le former épuisé sa puissance.
45 Né parmi des rochers, au pied du Cithéron,
Ce monstre à voix humaine, aigle, femme, et lion, De la nature entière exécrable assemblage, Unissait contre nous l'artifice à la rage.
Il n'était qu'un moyen d'en préserver ces lieux.
50 D'un sens embarrassé dans des mots captieux,
Le monstre, chaque jour, dans Thèbe épouvantée, Proposait une énigme avec art concertée,
Et si quelque mortel voulait nous secourir,
Il devait voir le monstre et l'entendre, ou périr. 55 A cette loi terrible il nous fallut souscrire.
D'une commune voix Thèbe offrit son empire
A l'heureux interprète inspiré par les dieux
Qui nous dévoilerait ce sens mystérieux.
Nos sages, nos vieillards, séduits par l'espérance,
60 Osèrent, sur la foi d'une vaine science,
Du monstre impénétrable affronter le courroux :
Nul d'eux ne l'entendit ; ils expirèrent tous.
Mais Oedipe, héritier du sceptre de Corinthe,
Jeune, et dans l'âge heureux qui méconnaît la crainte,
65 Guidé par la fortune en ces lieux pleins d'effroi,
-5 -
Hercule est mort ?
Edition Théâtre Classique.fr, 2008.
Vint, vit ce monstre affreux, l'entendit, et fut roi.
Il vit, il règne encor ; mais sa triste puissance
Ne voit que des mourants sous son obéissance. Hélas ! nous nous flattions que ses heureuses mains
70 Pour jamais à son trône enchaînaient les destins. Déjà même les dieux nous semblaient plus faciles : Le monstre en expirant laissait ces murs tranquilles ; Mais la stérilité, sur ce funeste bord,
Bientôt avec la faim nous rapporta la mort.
75 Les dieux nous ont conduits de supplice en supplice ; La famine a cessé, mais non leur injustice ;
Et la contagion, dépeuplant nos États,
Poursuit un faible reste échappé du trépas.
Tel est l'état horrible où les dieux nous réduisent.
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