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Incipit de L'étranger

Commentaire de texte : Incipit de L'étranger. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  1 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  2 063 Mots (9 Pages)  •  844 Vues

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L’incipit de l’étranger d’Albert Camus est un texte relativement célèbre et très connu dans le monde de la littérature, notamment à cause de sa première phrase fracassante qui contraste avec l’aigre-doux de sa deuxième phrase. Mais avant de pouvoir décortiquer ce texte-là, il est très important pour nous de nous attaquer à l’auteur et de bien comprendre qui il est, d’où il vient et pourquoi il a écrit ce livre.

  1. Albert Camus : une histoire, une philosophie

Albert Camus est un écrivain et dramaturge français qui est connu pour son œuvre « l’étranger », mais avant toute chose, c’est un philosophe. Ici, on va accorder beaucoup d’importance à cette notion car c’est de là que vient sa personnalité, son mode de pensées et que découlent ses livres. A l’époque de Camus, donc aux alentours de 1950, sévissait en France un courant philosophique qu’on appelait « l’existentialisme ». Pour te faire court, l’existentialisme est un mouvement qui dit que l’homme seul est maître de ses actes, plaçant ainsi les hommes à l’essence de la vie. Pour Sartre (qui était le meneur de ce mouvement), rien ne prédéterminait le destin de l’homme ; ni la morale, ni la religion, ni une quelconque force cosmique. Bon, ça impliquait d’être athée, mais seulement du côté des français parce que si l’on franchit un peu la barrière, c’est différent. Mais ce qui nous occupe est justement Sartre : Ce dernier était un grand Ami d’Albert Camus, et ensemble, ils fréquentaient des cercles littéraires très fermés. Albert Camus vivait au temps de la colonisation française en Algérie, et bien que n’ayant jamais pris parti politique, il a toujours défendu les musulmans du nord d’Afrique, les espagnoles, les pieds-noirs, et tous les opprimés. D’ailleurs, c’est un militant des plus grands. Le soucis, c’est que cela lui valut de s’opposer à Sartre et donc, de perdre leur amitié (en plus du triangle amoureux entre lui et la femme de Sartre). Et c’est justement de ce combat-là que naît l’absurde. « L'absurde naît de cette confrontation entre l'appel humain et le silence déraisonnable du monde », c’est la phrase la plus connu de Camus, car elle définit assez bien ce que représente sa philosophie.

Je t’explique : l’appel humain ici consiste à la recherche perpétuelle de qui l’on est et de notre raison d’être ici-bas. Pour Camus, cet appel tombe dans l’oreille d’un sourd dans le milieu humain, ainsi, l'homme vit dans un monde dont il ne comprend pas le sens, dont il ignore tout, jusqu'à sa raison d'être. Mais il y a une chose très importante : Camus définit des clauses à cette « réponse ». Pour lui, il faut que la réponse revêtît des termes humains. Ainsi les religions qui définissent nos origines, qui créent du sens, qui posent un cadre, n'offrent pas de réponse pour l'homme absurde : « Je ne sais pas si ce monde a un sens qui le dépasse. Mais je sais que je ne connais pas ce sens et qu'il m'est impossible pour le moment de le connaître. Que signifie pour moi une signification hors de ma condition ? ». L'homme absurde n'accepte pas de perspectives divines, il veut des réponses humaines. L'homme absurde ne pourrait échapper à son état qu'en niant l'une des forces contradictoires qui le fait naître : trouver un sens à ce qui est ou faire taire l'appel humain.

Une manière de donner du sens serait d'accepter les religions et les dieux. Or ces derniers n'ont pas d'emprise sur l'homme absurde. L'homme absurde se sent innocent, il ne veut faire que ce qu'il comprend et « pour un esprit absurde, la raison est vaine et il n'y a rien au-delà de la raison ».

Une autre manière de trouver du sens serait d'en injecter : faire des projets, établir des buts, et par là même croire que la vie peut se diriger. Mais à nouveau « tout cela se trouve démenti d'une façon vertigineuse par l'absurdité d'une mort possible ».  En effet, pour l'homme absurde il n'y a pas de futur, seul compte l'ici et le maintenant.

La première des deux forces contradictoires, le silence déraisonnable du monde, ne peut donc être niée. Quant à l'autre force contradictoire permettant cette confrontation dont naît l'absurde, qui est l'appel humain, la seule manière de la faire taire serait le suicide. Mais ce dernier est exclu car à sa manière « le suicide résout l'absurde ». Or l'absurde ne doit pas se résoudre. L'absurde est générateur d'une énergie. Et ce refus du suicide, c'est l'exaltation de la vie, la passion de l'homme absurde. Ce dernier n'abdique pas, il se révolte.

  1. L’étranger : analyse de l’incipit.

L’étranger est le premier roman d’Albert Camus, paru en 1942. Il se caractérise par deux axes ou deux thèmes principaux : celui de l’absurde et celui de la révolte crée par les crimes et les ravages de l’humanité auxquels assiste Camus. L’Étranger fait partie de ce que Camus appelle « le cycle de l’absurde » et qui transpose en roman sa philosophie de l’absurde, selon laquelle l’existence n’a pas de sens et seule la fatalité et le hasard guident nos pas. Et cela est fortement illustré dans l’incipit, où Meursault décrit les événements de manière détachée et distante, même lorsque cela le concerne de près comme la mort de sa mère.

  • Problématique posée : Est-ce que cet incipit répond aux attentes traditionnelles d’un début de roman ?  

Plan :

  • Un incipit à la fois déroutant et traditionnel
  • Le personnage : sa relation avec les autres, absence de description, qui est cet étranger ?

L’incipit :

Les premières pages du roman nous donnent un cadre spatio-temporel précis, qui est une caractéristique des romans traditionnels. On apprend par exemple que le narrateur se trouve à Alger, à « quatre-vingt kilomètres » de Marengo où se trouvait l’asile de vieux où vivait sa mère. Cependant, et bien que les dates ne soient pas mentionnées, nous retrouvons dans ce textes plusieurs indicateurs temporels « aujourd’hui », « hier », « après-demain », « quelques heures »… etc.  Ce début de roman est également classique en ce sens qu’il présente une situation initiale particulière, qui déclenche l’intrigue : le narrateur vient de recevoir « un télégramme de l’asile » lui annonçant la mort de sa mère, il va donc entamer un court voyage et se rendre à Marengo pour régler les formalités et assister à l’enterrement.

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