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Essai critique R. Barthes

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Par   •  17 Février 2016  •  Dissertation  •  2 449 Mots (10 Pages)  •  1 602 Vues

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Composition Française

 Note :    

Observations :

                   

 « L’écrivain est un homme qui absorbe radicalement le « pourquoi du monde » dans un « comment écrire » telle est la définition donnée par Roland Barthes dans son œuvre Essais critiques, 1964. Cette affirmation est à tonalité péjorative puisque l’adverbe « radicalement » cloisonne le propos dans une manière d’écrire. Elle constitue l’un des enjeux qui est au cœur de la conception d’une œuvre. En effet, R. Barthes laisse entendre que l’écrivain ne se contente que d’esquisser les choses du monde sans traiter le non-dit, le sens caché.  Or celui-ci devrait proposer un dépassement de cette étape. De fait, R. Barthes met en opposition l’individu (l’homme) qui voit les choses sous une forme ordinaire face à son statut d’écrivain ainsi qu’à l’activité d’écriture.

Doit-on se fonder sur une modalité d’écriture (celle du comment écrire) pour pouvoir dire le monde (le représenter) ?

Nous suivrons pour examiner le problème posé par R. Barthes, le cheminement suivant : dans une première étape nous nous intéresserons à l’écriture et le monde, dans une seconde étape nous étudierons la vision polysémique du monde, enfin nous nous pencherons sur l’étude de la littérature.

L’écriture est une représentation graphique et visuelle qui permet de dire le monde. En effet, l’écrivain s’en sert pour expliciter les mystères et les questionnements du monde auxquelles celui-ci fait face. D’ailleurs, c’est avec la littérature que l’on traduit la singularité et la diversité des situations et du monde. Car elle préserve le voyage dans l’altérité, la communication avec le monde. L’écriture garde un caractère sacré car l’écrivain n’est pas étranger à son époque. Celui-ci apporte une vision authentique du monde en devenant à son tour créateur de mythes. Substance significative, le langage écrit est une stratégie qui fonde par sa démarche le monde, celui qui le profère fait sortir du néant et procède à l’ordonnancement du monde.

Le pourquoi du monde englobe les questions philosophiques et existentielles qui forment le monde. Celui-ci est au service de l’écriture. Car l’écrivain tire son inspiration de ce monde. Celui-ci devient le modèle principal ; véritable objet de la représentation (mimèsis). Dès lors, la condition humaine est au centre de la création littéraire et le livre devient le support qui permet de dire l’indicible. D’un point de vue culturel l’écrivain s’alimente à partir de sources de grands mythes de l’humanité. Toutefois, ce travail reste applicable aux philosophes puisque c‘est eux qui s’interrogent sur les problèmes du monde et non pas sur l’écriture. On passe alors de l’universalité de l’interrogation sur le monde à la singularité de l’écriture. Ainsi, en s'enfermant dans le comment écrire, l'écrivain finit par retrouver les questions ouvertes par excellence : pourquoi le monde ? pourquoi les choses ? quel est le sens des choses ?. De sorte qu’aucun écrivain n’est parvenu à cet idéal qui est le livre sur rien. C’est pourquoi, ils tentent de répondre à ces questions en écrivant et en produisant des œuvres ce qui n’est pas chose facile puisqu’ils se posent la question du : « comment écrire ». Il y aura donc un renoncement du sens au profit d’un travail d’écriture.

Comment écrire le « pourquoi du monde », sachant que l’on ne peut tout dire, tout écrire car certaines choses restent inexpliquées. Celles-ci étant hors de portée de notre champ du savoir. Certains écrivains utilisent alors des outils pour tenter d’expliquer ce qu’il y a autour d’eux. Tels que : la forme du texte, le style, la prosodie, la virtuosité rhétorique, l’illusion du vrai, la vraisemblance, le réalisme. Comme le disait René Char: « la réalité est soulevée par l’écrivain ». Puisqu'écrire c’est d’abord écouter, c’est être le traducteur de l’invisible, ce mystère des âmes que seul le poète, le créateur est parfois capable de saisir et tant pis s’il se trompe ou exagère. Ensuite, un écrivain est un témoin, témoin vigilant et parfois actif. Il ne regarde pas le monde, il l’observe et parfois le scrute pour l’écrire en suivant ses intuitions, en pénétrant dans les arcanes de son imaginaire. Puis, écrire le monde est une façon de tenter de le comprendre un peu. L'on sait que l’intelligence est d’abord l’incompréhension du monde. Je cite Henri Bergson qui met à l'honneur l'intuition qu'il oppose à l'intelligence: « L’intelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie ». Pour lui, l'intuition dépasse les cadres élaborés par l'intelligence. Il faut alors croire au mystère et craindre la raison. Enfin, écrire c’est aussi douter, douter en permanence, savoir que la vérité est ronde, qu’elle nous échappe ou nous pousse vers l’illusion. La vérité se fait souvent ombre, et plane au-dessus de nos têtes. Elle nous écrase par sa lumière quand elle éclate. C'est pourquoi, établir notre liberté est l'un des objectifs de l’écriture. De fait, le roman devient nécessaire, non pas pour expliquer le monde, mais pour accompagner le temps de l’histoire. Puisque celui-ci implique par nature la fiction, l’invention de personnages et de situations imaginaires, une construction, un ordre de fait c‘est-à-dire la négation du désordre et des aléas de la vie réelle ou le réel de la vie. Ce que le lecteur prend alors pour  réel n’est qu’une illusion réaliste. En bref, l’illusoire et l’authentique participent à l’effet de réel et montrent que la logique de la fiction équilibre, sert et relativise celle de la mimèsis.

La littérature donne accès à une vision polysémique du monde dans le roman, la poésie ou le théâtre. Celle-ci est un moyen d'évasion et de rêve qui permet d'accéder au monde sensible. Par exemple, le romantisme se construit ainsi de lieux et des affectivités où il peut plus aisément projeter cet immense désir égotique et sans but qui lui est constitutif. A la nature, il ajoute le rêve, où les désirs se réalisent, où les peurs se révèlent. En effet, il se caractérise par un sentiment religieux d'un nouveau type, une relation directe entre l'âme et Dieu, dans un dialogue mystique où la divinité, quasi panthéiste, emplit à la fois le romantique et le monde. Autre exemple, la poésie. Celle-ci ayant renoncé à sa fonction d'imitation est en rupture, on assiste donc à la naissance de la poésie moderne. Dans Le secret professionnel, 1922, Jean Cocteau définit ainsi le rôle de la poésie: « Elle dévoile dans toute la force du terme. Elle montre nues, sous une lumière qui secoue la torpeur, les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistraient machinalement ». Pour le poète surréaliste, la poésie retrouve la puissance démiurgique de son étymologie, elle n'est plus description mais recréation, métamorphose aussi bien de la langue elle-même, que de la vision du monde. Selon Cocteau, l'homme est aveuglé par les idées reçues et la tâche du poète est d'enlever le voile de l'accoutumance. Ce qu'explicite St John Perse dans le Discours de Stockholm, 1960, en disant: « Le poète est celui-là qui rompt pour nous l'accoutumance ». Par conséquent, le poète se fait enfant car il a un don d'émerveillement. Cette capacité à exalter les choses, leur redonner de la vigueur. Cela s'illustre avec une citation de Victor Hugo tirée de la Préface des Odes, 1822, « Au reste, le domaine de la poésie est illimité. Sous le monde réel, il existe un monde idéal, qui se montre resplendissant à l'œil de ceux que des méditations graves ont accoutumés à voir dans les choses plus que les choses ». Dès lors, le monde sensible est accessible à nos sens. De même, Francis Ponge dans le Parti pris des choses,1942, tente de nous faire voir autre chose dans les objets du quotidien. C’est une lutte contre l’humanisme classique. En effet, Ponge déshumanise l’un (l’homme) et personnifie l’autre (la nature), car pour lui, seul le parti pris des choses est capable de restaurer l’harmonie du monde vivant. En conclusion, il n’existe pas de définition unique et labile du monde.  

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