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Commentaire littéraire d'une lettre de Pline Le Jeune

Commentaire de texte : Commentaire littéraire d'une lettre de Pline Le Jeune. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  26 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  1 989 Mots (8 Pages)  •  1 362 Vues

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  1. Commentaire de texte: Lettre de Pline le jeune

Introduction :  

a) Pline le Jeune est né en 61 ou 62 après J.-C. à Côme.    Adopté par son oncle maternel Pline l'Ancien sous le nom de Caius Plinius Caecilius Secundus ) , il est mort entre fin 113 et 115. C'est un sénateur et célèbre avocat romain des règnes de Titus à Trajan, proche de ce dernier, consul en 100 et gouverneur impérial de la province de Bithynie ( = région d'Asie mineure, aujourd'hui située en Turquie, en bordure de la Mer Noire )   entre 111 et 113 (date de sa mort). À l'instar de son oncle, le naturaliste Pline l'Ancien, il est resté célèbre principalement en raison de son travail littéraire qui a partiellement survécu, notamment sa fameuse correspondance.

Les 247 Lettres de Pline qui sont parvenues jusqu'à nous sont un témoignage unique et important de la vie et de la pensée dans les cercles dirigeants de Rome sous  le règne de Nerva et Trajan. Il vécut sous le règne de six empereurs . S'ajoutent à cela certaines lettres décrivant des procès, donnant des informations sur certains personnages contemporains ou encore celles décrivant l'éruption du Vésuve au cours de laquelle périt son oncle Pline L'ancien en 79 ap J.C. Pline le Jeune était à ce moment-là le secrétaire de Pline L'ancien pour la rédaction de son œuvre colossale : Histoires naturelles.

b) La lettre que nous allons étudier est la 22 ème du livre VII. Elle est adressée à son ami et collègue Cornutus ( Caius Iulius Cornutus Tertullus) . Cornutus et Pline Le Jeune ont d'abord été nommés ensemble «  consuls suffects »  ( =consul de remplacement quand le consul en place décède ou démissionne → fin du mandat du sortant ) , puis  à l'époque de cette lettre, ils sont tous deux « curateurs du Tibre, de ses rives et de ses égoûts », d'où l'expression «  collega carissime ». Dans cette lettre, Pline donne de ses nouvelles à son ami, et lui montre qu'il a suivi ses conseils pour ses problèmes ophtalmiques.

c) Problématique  :  En quoi cette lettre est-elle un témoignage touchant sur Pline malade  ?

I/ Une lettre familière ...  

a) Lettre qui témoigne d'une relation d'amitié entre Pline et Cornutus : ils ne sont pas simplement des collègues ( ensemble consuls puis curateurs du Tibre, de ses rives et de ses égoûts)  et se connaissent depuis longtemps :

  • Formules habituelles dans le genre épistolaire au début :  «  C. Plinius Cornuta suo s(alutem dat) »  et à la fin de la lettre «  Vale » : Porte-toi bien.
  • Adjectif au superlatif :  «  carissime collega » ( l 2) : mon très cher collègue.
  • Cornutus semble s'être soucié des problèmes de santé de Pline, au point de lui donner des conseils pour les soulager, ainsi que le suggère l'expression :  « consule infirmati oculorum ut jubes » : « comme tu me l'ordonnes » et de lui envoyer un cadeau : «  Gallinam » ( l 7 ) : une poule.
  • Pline lui témoigne le plaisir qu'il a eu de recevoir un cadeau de sa part : «  accepi libenter » : j'ai reçu avec plaisir → avec cette précision que c'est un beau cadeau surtout parce que cela venait de Cornutus :  «  ut a te missam » :  «  comme envoyée par toi ».

b) Une lettre qui évoque la vie quotidienne de Pline :

  • Pline se met en scène dans sa vie quotidienne :  nombreux verbes à la première personne du singulier ( je) :  «  pareo » «  consulo » « perveni » «  studeo » « facio » «  condisco » etc.
  • Champ lexical de la maison : «  cubicula », « cryptoporticus » «  fenestris »
  • Activités quotidiennes :   «  vehiculo », « balneum » «  vinum » «  studeo »
  • Référence à son voyage pour arriver en ce lieu : «  huc perveni tecto vehiculo »

 => Il est probablement dans sa maison de campagne, d'où son échange épistolaire avec Cornutus.

[ Pline avait plusieurs grandes et luxueuses villas de campagne,  l'une à Côme, d'où il est originaire, une autre pour l'hiver, située en bord de mer, et enfin une autre en Toscane dans la vallée supérieure du Tibre, une région verdoyante, villas toutes  équipées de bains et d'un cryptoportique.]  

  • Séjour consacré à l'otium (= le loisir )  mais pour un Romain tel que Pline, le loisir est le moment  consacré à l'étude et à l'écriture : « stilo », «  lectionibus », « studeo » :  il tient à montrer qu'en dépit de ses problèmes de vue, il ne renonce pas à ses travaux littéraires mais s'adapte.  On comprend qu'il a un secrétaire pour lui lire les textes et écrire ce qu'il lui dicte, et notamment cette lettre à Cornutus.

II/ Mais en même temps une lettre « stylisée » : 

NN) Les Lettres que publie cet homme de la caste sénatoriale, ami de Trajan, sont certes des lettres authentiques mais également des lettres d'art. Écrites avec soin, elles sont destinées à faire le tour de la société littéraire. Cette lettre à Cornutus en est un bon  exemple :

 

a) Texte marqué par la rhétorique ( Pline est un avocat expert en la matière, maîtrise l'art de la rhétorique au point d'être capable, selon les témoignages de l'époque, de captiver son auditoire jusqu'à 7 heures d'affilée )  

  • Texte très structuré : Abondance des connecteurs logiques : « nam », « sed » « quoque » « etiam » » « tamen » « sic » « ita » et relations logiques :  quamquam ( opposition), ut ( but)
  •  Plusieurs balancements :  «  non … modo … verum etiam » :  « non seulement... mais encore » ( L3) ,  et parallélismes : «  Tantum umbrae … quantum luminis » ( allitération m /n) (l 4), «  balneum quia prodest …  vinum quia non nocet »
  • Recours à des superlatifs (= hyperboles) :  «  Carissime », «  parcissime » (l 7 ) , «  Pinguissimam »  pour marquer son destinataire.
  • Recours à une comparaison pour permettre au lecteur d'imaginer la pénombre qui règne dans sa voiture :  «  inclusus quasi un cubiculo » l 3.
  • Formule marquante pour résumer comment sa maladie a modifié sa manière de travailler : « solisque auribus studeo »+ allitération du [s] qui rythme la proposition «  sed abstineo solisque auribus studeo »
  • Lettre  bien construite : Thème de la lettre annoncé dès la première phrase :  « infirmati oculorum » > dernier mot avant la formule d'adieu :  «  vidi » : j'ai vu.  ( finit sur une note d'espoir )

=> Grande unité thématique de la lettre.  

b)  Humour de Pline qui finit souvent ses lettres par une anecdote qui fait moucher :

  •  sa vue a beau être très diminuée ( infirmati oculorum », il a cependant remarqué que c'était une poule très grasse que lui a offerte Cornutus :  «  quam satis acribus oculis, quamquam adhuc lippus, pinguissimam vidi. » Autodérision qui évoque ici implicitement sa gourmandise.
  • Idem pour le « vin » qu'il prend non pas parce que c'est utile contre les faiblesses des yeux mais tout simplement parce que cela n'est pas mauvais !   «  quia non nocet » + « parcissime tamen » =>  humour

=> Pline tient à finir sa lettre sur une note plaisante, en dépit du thème peu réjouissant de sa maladie.

III/ Un témoignage intéressant sur la médecine de l'époque : le point de vue d'un malade.

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