Anthologie de la lucarne ovale.
TD : Anthologie de la lucarne ovale.. Recherche parmi 299 000+ dissertationsPar Piou boubou • 4 Décembre 2016 • TD • 1 733 Mots (7 Pages) • 810 Vues
ANTHOLOGIE
DE LA LUCARNE OVALE,
DE PIERRE REVERDY.
[pic 1]
CHHOR
Sophia
1°S7
SOMMAIRE
Préface
Le Silence et les Bruits
- Sur les dix doigts
- La réalité immobile
- Les travailleurs de la nuit
La Pluie
- Jour monotone
- Rides du temps
- Au coin de l’air
Le Vent
- Joies d’été
- Sang troublé
- Il reste toujours quelque chose
Le Soleil
- La vie dure
- Pour le moment
- Grandeur nature
Postface
Préface
L’Art permet de révéler ce qui n’est pas perçu de la réalité. Baudelaire affirmait à ce propos que la photographie, témoin du réel exact, y faisait irruption et était en effet un obstacle à la création et au rêve. La poésie surréaliste, unissant le poète et le réel absent, suppose donc une association de visions en accord mais pourtant éloignées, la transformant jusqu’à notre pensée. Ce travail de création poétique se détache ainsi du mécanisme habituel du langage, tout en permettant de refléter la vie de l’auteur.
Pierre Revedy, comptant parmi les premiers surréalistes, a eu une grande influence sur la poésie française par ses réflexions sur l’art et par ses écrits, inspirés du symbolisme et du cubisme, ce qui explique par ailleurs sa typographie particulière.
Pierre Reverdy a [ainsi] attribué/assigné à ses poèmes une dimension métapoétique.
Le poète n’est donc pas qu’un simple auteur, c’est avant tout un créateur.
ce qui s’oppose par exemple à la photographie qui reproduit le monde tel qu’il est.
Le poète est celui qui sait où chercher pour créer, et qui sait ensuite assembler ses idées.
Pierre Reverdy montre à la fois un univers habité et inhabité, défini par les éléments eux-mêmes.
Richesse.
Vague, imprécis.
Le Silence et le Bruit
[pic 2]
Paul Delvaux, Solitude, 1955, huile sur panneau de bois, 99,5 × 124 cm
p. 81 : SUR LES DIX DOIGTS
Une ligne au diapason
Mon regard
Le battement de mes artères
Je file incognito
Et l'on voit venir la lumière
La porte s'est ouverte
Et le signe triste est entré
La lampe est allumée
Quand une main qui court
Autour de l'abat-jour
—Tiens elle est transparente —
Enfin tombe dans le sucrier
Violon cassé
Livre fermé
Bouche muette
Les yeux se sont levés vers moi
Et j'ai rabattu mes paupières
Une parole
La dernière
Je tiens entre mes doigts
Sa main encore tiède
p. 86 : LA RÉALITÉ IMMOBILE
Le soleil rôdait encore autour de la maison
Quand on ouvrit la fenêtre
Les ivrognes sont toujours là
Mais la chanson qui montait à la nuit a cessé
Maintenant quelle voix m'appelle
Quelle douce voix appelle derrière le mur de droite
En riant
Les hommes sont là
Endormis
Et ce n'est pas la même bouche qui chante
Une femme au loin pousse un cri
Sur le bord du balcon ses doigts dépassent
Ils sont fins et pointus
Et ce sont ces doigts que je regarde
Pendant qu'on m'appelle
De tous les champs par tous les chemins
Les gens arrivent
En habits noirs
En habits gris
Et d'autres en bras de chemise
Une voiture emplit la route de poussière
La maison est bientôt pleine d'étrangers
Et comme personne ne chante
Les hommes se sont réveillés
La pendule s'est arrêtée
Personne ne bouge...
Comme sur les images
Il n'y aura plus de nuit
C'est une vieille photographie sans cadre
p.115 : LES TRAVAILLEURS DE LA NUIT
La clochette tinte la nuit sur le trottoir. Les savates claquent pour tout le mystère de luxe inemployé. On ne sait pas où il se cache.
Le troupeau, derrière, est silencieux; toutes les bêtes y sont. Elles longent la grille en silence.
En face, de larges plaques divisent le mur bariolé. On entend des propos à voix basse et parfois une voix d'enfant s'élève pour chanter.
Et c'est la nuit, la vie ardente et silencieuse. Quelqu'un s'arrête de dormir. Un homme seul passe entre les ruisseaux.
Tout ce monde inquiet descend la pente de la rue qui les mène dehors. Et tu écoutes derrière la fenêtre basse où filtre un rayon de ta lampe, tu écoutes mourir le bruit.
Le jour semble sortir lentement d'un étui.
Pluie :
[pic 3]
p. 93 : JOUR MONOTONE
A cause de l'eau le toit glisse
A cause de la pluie tout se fond
Le pétrole l'alcool et ma faible bougie
Ont incendié la maison
Un jardin sans oiseaux
Un jardin sans bruit
Vous allez cueillir des fleurs noires
Les feuilles ne sont jamais vertes
Toutes les épines sont rouges
...