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Analyse linéaire de la scène 7 de l’Acte V de Phèdre / Jean Racine

Commentaire de texte : Analyse linéaire de la scène 7 de l’Acte V de Phèdre / Jean Racine. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  10 Janvier 2022  •  Commentaire de texte  •  1 494 Mots (6 Pages)  •  946 Vues

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Phèdre de Jean Racine, est une pièce de théâtre qui met en scène les derniers jours de la vie de la reine de Trézène et d’Athènes, femme de Thésée, et fille de Minos et de Pasiphaé. Publié en 1677, cette œuvre classique dépeint l’amour illicite de Phèdre pour Hippolyte, son beau-fils.

L’extrait à l’étude constitue le nœud tragique de la pièce avec la mort de Phèdre qui apparaît comme « ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente », la réhabilitation d’Hippolyte ainsi que la déréliction de Thésée après le dernier aveu de son épouse.

En quoi ce récit est-il un dénouement tragique préparé et annoncé et une réhabilitation d'Hippolyte aux yeux de son père ?

Le texte comporte trois mouvements : premièrement, un aveu inattendu (v.1617-1632), puis l’annonce de Phèdre de sa mort (v.1633-1645) et enfin, la douleur de Thésée (v.1646-1654).

L’extrait s’ouvre sur les paroles de Phèdre qui ont une certaine résonnance dramatique. En effet, l’interjection « Thésée » (v.1617) et l’anaphore du verbe de modalité « il faut » (v.1618-19) transmettent l’importance de ce que veut la reine. De fait, la souveraine évoque Hippolyte, « votre fils » et prononce un aveu d’où l’évocation d’un « injuste silence » (v.1617). Effectivement, ce dernier avait été tué par la malédiction de son père puisque celui-ci le croyait coupable d’être l’amant d’Aricie, une rivale politique. Ainsi, cet aveu est vécu comme une révélation brutale : « point coupable » (v.1619), et comme Phèdre avait indirectement rendue Hippolyte coupable aux yeux de son père, celui-ci exprime sa douleur pathétique. On remarque la césure à l’hémistiche « père infortuné » (v.1620) dans lequel il se dépeint en victime, puis accuse sa femme : « sur votre foi […] j’ai condamné » (v.1620) et « cruelle » (v.1621). Thésée est donc devenu la victime de l’amour tragique de son épouse. Effectivement, cette dernière s’explique en interrompant le roi : « les mots me sont chers » (v.1622) accompagné de l’injonctif « écoutez-moi » (v.1622). De fait, le mode et ses paroles témoignent de l’urgence de s’exprimer face à son suicide encore dissimulé. Ainsi, le dramaturge réunit tous les éléments d’un dénouement tragique avec un aveu accompagné d’horreur. Phèdre semble presque, dans ses remords, chercher la colère de Thésée avec l’opposition qu’elle crée entre elle et le défunt : l’emphase « C’est moi » (v.1623) et « œil profane » (v.1624) contrastent avec une image méliorative d’Hippolyte « chaste et respectueux » (v.1623). Cependant, Phèdre, d’après la préface de l’auteur, n’est « ni tout à fait coupable, ni tout à fait innocente » : elle est avant tout victime du destin, une fatalité qu’elle exprime avec l’allitération en [f] : « flamme funeste » (v.1625). De plus, une partie de la faute est rejetée sur sa suivante, Œnone : « La détestable Œnone » (v.1626) et « La perfide » (v.1629). La reprise du thème de l’allitération rappel encore que Phèdre est doublement victime, de son amour et de son crime : « feu » (v.1628), « faisait » (v.1629) et « faiblesse » (v.1629). Cependant, cette explication a pour but principal d’innocenter Hippolyte.

Cet effet d’alternance entre l’accusation d’Œnone et le rejet de la responsabilité se teinte cependant d’une note plus sombre avec l’évocation de la mort.

En effet, voulant échapper la colère de sa maîtresse, Œnone s’est donnée la mort, préfigurant ainsi la mort de Phèdre : « s’en est punie » (v.1631). Malgré la colère contre sa suivante : « mon courroux » (v.16131), l’ambiguïté de sa responsabilité — car la servante semble plus coupable : « [Œnone] s’est hâtée […] de l’accuser » (v.1630) — Phèdre reste néanmoins indéfectible dans sa décision de se suicider. Effectivement le nœud tragique se resserre avec l’allusion au suicide grâce à la synecdoque du métal : « fer » (v.1633) et « tranché » (v.1633), et exprime ainsi un sentiment d’horreur et de culpabilité. Les raisons de son attente pour finir ses jours sont ensuite explicitées. Effectivement, elle semble prétendre ne pas s’être tuée pour se torturer en laissant sa « vertu » (v.1634) intacte mais en prolongeant son agonie : « laissais gémir » (v.1634), « chemin plus lent » (v.1636) et « descendre » (v.1636). Ainsi le champ lexical de la durée s’oppose à la rapidité du suicide d’Œnone : « dans les flots un supplice trop doux » (v.1632). Phèdre est donc comme mourante tout en étant vivante, signe de la malédiction

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