Analyse du roman Magnus de Sylvie Germain

Magnus est l’histoire tragique d’un homme qui a perdu la mémoire à l’âge de cinq ans pendant la seconde guerre mondiale. Nous le suivons de l’enfance à l’âge mur. Il porte le même nom que son ourson qui porte une étrange odeur de roussi : l’une de ses oreilles est brûlée…Quel est le secret de cet ourson ? Pourquoi a-t-il le même nom que lui ? Le roman livre lentement la réponse…

Au début du roman, Franz-Georg, enfant, admire sa mère, Thea Dunkeltal, qui lui raconte la légende de la famille : deux frères morts sur le front et qui ont donné leur nom à l’enfant ; et le pauvre Franz-Georg qui a perdu la mémoire à cause d’une étrange maladie. Mais derrière la légende, se cache une réalité toute autre : le père, Clemens, très distant, est médecin qui soigne le typhus dans un grand établissement, autrement dit médecin au service des SS ; les deux frères étaient d’ailleurs des SS.

Franz-Georg l’apprendra très tôt lors de la déroute de l’Allemagne en 1945 et de la fuite des coupables. Sa famille change de nom et son père émigre en Amérique Latine. Sa mère adoptive le confie à son frère, Lothar, émigré à Londres, quand Franz-Georg a douze ans ; il prend alors le nom d’Adam. À vingt ans, il entreprend un voyage au Mexique à la recherche de son père où il aura la révélation, dans un délire dû à une insolation, de la mort de sa mère biologique dans le bombardement de Hambourg. Il choisit alors le nom de l’ourson, seul témoin de sa petite enfance, Magnus. Se croyant libéré de sa culpabilité d’enfant fils de nazi, il vit une dizaine d’années avec une Américaine plus âgée que lui, May Gleanerstones, en nomade, aux Etats-Unis. La mort de May le ramène à Londres, auprès de Lothar qui prend la place du père adoptif, et il reprend sa quête identitaire. Il vit une histoire d’amour avec Peggy Bell, un amour d’adolescence, devenue Margaret MacLane. Ils passeront ensemble quelques années à Vienne. Là, le destin met sur sa route Clemens Dunkeltal, et de son fils naturel. Affolés, les deux hommes tentent d’assassiner Magnus au volant d’une voiture ; c’est Peggy qui en mourra en sauvant son compagnon. Les deux hommes meurent également dans l’accident.

Magnus, qui a alors une bonne quarantaine d’années, reprend sa route qui le conduit dans la solitude du Morvan où il passe trois ans. Il noue une relation particulière avec un vieil ermite qui l’initie à la spiritualité, la communion avec le monde. C’est alors que Magnus a la révélation, fugace, de son vrai nom. À la mort du vieil homme, Magnus s’en va, libéré du poids de la quête, prêt à vivre vraiment.

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