LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Analyse du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert- Partie II, Chap 7

Documents Gratuits : Analyse du roman Madame Bovary de Gustave Flaubert- Partie II, Chap 7. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  3 Janvier 2015  •  1 809 Mots (8 Pages)  •  8 164 Vues

Page 1 sur 8

Piste d’analyse pour la LA11

INTRODUCTION

Situation du texte

Après l’échec de la relation ébauchée avec Léon, Emma fait l’expérience de l’adultère auprès de Rodolphe, le prototype du séducteur. Le passage prend place à un moment où la passion d’Emma redouble d’intensité, alors que déjà Rodolphe commence à se lasser.

Nous sommes en présence de la situation romanesque par excellence : le dialogue amoureux. Or, chez Flaubert, celui-ci tourne court et révèle le décalage entre les amants. C’est aussi l’occasion d’une intervention inattendue du narrateur sur le phénomène de la parole.

Structure

On distingue trois étapes dans le texte :

- L. 1 à 17 : un dialogue au discours direct entre les deux personnages, marqué essentiellement par les déclarations amoureuses d’Emma.

- L. 18 à 21 : un deuxième moment où le narrateur adopte le point de vue de Rodolphe sur la scène, développant le désenchantement du personnage : « Il s’était tant de fois entendu dire... toujours les mêmes formes et le même langage ».

- L.21 à 28 : un troisième moment où le narrateur se désolidarise du personnage. Il souligne les limites du point de vue de Rodolphe : « Il ne distinguait pas, cet homme si plein de pratique... ». Le narrateur donne sa propre opinion sur les sentiments d’Emma, qui prend la forme d’une réflexion générale sur les limites de « la parole humaine ».

LES CLES DE L’ANALYSE

Temps du récit

On constate l’emploi de l’imparfait de répétition dans la première partie du texte. Par ce procédé, Flaubert déprécie par avance la passion romanesque. Il s’agit d’une scène sans cesse rejouée entre les amants. « C’étaient des reproches en abondance, et qui se terminaient toujours par l’éternel mot : - M’aimes-tu ? ». Le récit adopte le point de vue désenchanté de Rodolphe constatant « l’éternelle monotonie de la passion, qui a toujours les mêmes formes et le même langage » (1- 30-32).

Personnages et points de vue

Le texte présente essentiellement Emma par ses paroles, alors qu’il développe les pensées de Rodolphe.

• Les paroles romantiques d’Emma

Les propos d’Emma sont rapportés au discours direct.

Dans la première partie, Flaubert ne donne pratiquement aucune indication sur ce qu’elle ressent pendant la scène. Un seul détail aurait pu attirer l’attention de Rodolphe : « Emma pleurait » (l. 11). Le lecteur est ainsi placé dans la même position que Rodolphe, un observateur extérieur. Ce parti pris narratif rend possible l’erreur d’interprétation sur la sincérité d’Emma.

L’analyse du discours amoureux d’Emma permet de faire les observations suivantes :

- Le langage d’Emma consiste en une véritable litanie amoureuse. On y constate une polyptote (la répétition sous des formes variées des mots de même racine) d’« aimer » et d’« amour ».

- Emma donne d’elle-même l’image d’une amante romantique jusqu’au cliché. Son discours est encombré de poncifs romanesques : « Quand minuit sonnera (...) tu penseras à moi ! ». Sa vision du couple est stéréotypée : « Je suis ta servante et ta concubine ! Tu es mon roi, mon idole ! tu es bon ! tu es beau ! tu es intelli¬gent ! tu es fort ! ».

- On distingue cependant, à travers les différentes questions d’Emma, les marques d’un amour exclusif, possessif et inquiet, fondé sur la jalousie.

Tout ceci prépare la réflexion du narrateur sur la relation entre sentiments et langage.

• Le détachement de Rodolphe

- Dans la première partie du texte, le personnage se tient constamment en retrait par rapport à Emma. Il répond par des propos évasifs ou des plaisanteries grossières. Le récit se charge pourtant de montrer son incompréhension face aux exigences d’Emma : « Puis elle avait d'étranges idées »

- Le tempérament romanesque de sa maîtresse lui paraît une sorte de folie. L’obscénité de sa réponse trahit son refus de prendre en compte les sentiments d’Emma : « Crois- tu m’avoir pris vierge ? ». En vrai séducteur libertin, il n’envisage leur relation que sur le plan du corps.

- Son point de vue est développé surtout dans la deuxième partie. Contrairement à Emma, il garde ses pensées pour lui. Ce sont celles d’un blasé : « Emma ressemblait à toutes les maîtresses ». L’expérience (la « pratique » de la l. 21) lui donne dans la relation amoureuse un recul que n’a pas Emma. Mais elle le rend aussi incapable de renouvellement dans ses passions et de perspicacité dans le domaine des sentiments, ce qui amène l’intervention du narrateur.

• L’intervention du narrateur

Le procédé est rare chez Flaubert. Celui-ci se méfie des auteurs trop engagés dans leur œuvre, donnant leur opinion en toute occasion. Contrairement à d’autres romanciers (Balzac, Stendhal), il préfère se mettre en retrait derrière les personnages et effacer sa présence directe dans la fiction. Sur le plan de la théorie romanesque, c’est le dogme de l’impersonnalité.

Ici, cette longue intrusion (l. 21-28) n’en prend que plus de poids.

- Cette intervention est d’abord discrète et progressive : aucun « je » n’apparaît dans le texte. Ce sont les intonations d’une voix : « Il ne distinguait pas, cet homme si plein de pratique... ». L’inversion du sujet, l’emploi du démonstratif désignant Rodolphe, la formulation ironique de l’éloge (« si plein de ») qui suggère la fatuité du personnage, tous ces procédés laissent percer un certain agacement du narrateur.

- La suite est une réfutation du point de vue de Rodolphe : le narrateur lui reproche de ne pas distinguer la sincérité des sentiments d’Emma sous ses paroles convenues. Incapable de faire la différence entre le discours naïf d’Emma (sa « candeur », l. 23) et les paroles fausses entendues sur « des lèvres libertines ou vénales » (l. 22), le séducteur met sur le même plan sa maîtresse et la première courtisane venue.

- Cette confusion est dénoncée au nom d’une opinion que le texte présente à la manière d’une vérité d’évidence

...

Télécharger au format  txt (11.7 Kb)   pdf (201.5 Kb)   docx (13.1 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com