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Analyse Du Poème: Hymne à La Beauté de Charles Baudelaire

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Par   •  17 Juin 2012  •  2 605 Mots (11 Pages)  •  15 977 Vues

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‘’Hymne à la Beauté’’

poème de Charles BAUDELAIRE

dans

‘’Les fleurs du mal’’

(1857)

Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de I'abîme,

Ô Beauté? Ton regard, infernal et divin,

Verse confusément le bienfait et le crime,

Et l'on peut pour cela te comparer au vin.

Tu contiens dans ton oeil le couchant et I'aurore ;

Tu répands des parfums comme un soir orageux ;

Tes baisers sont un philtre et ta bouche une amphore

Qui fait le héros lâche et I'enfant courageux.

Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres?

Le Destin charmé suit tes jupons comme un chien ;

Tu sèmes au hasard la joie et les désastres,

Et tu gouvernes tout et ne réponds de rien.

Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ;

De tes bijoux I'Horreur n'est pas le moins charmant,

Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques,

Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement.

L’éphémère ébloui vole vers toi, chandelle,

Crépite, flambe et dit : Bénissons ce flambeau !

L’amoureux pantelant incliné sur sa belle

A l’air d’un moribond caressant son tombeau.

Que tu viennes du ciel ou de I'enfer, qu'importe,

Ô Beauté ! monstre énorme, effrayant, ingénu !

Si ton oeil, ton souris, ton pied, m'ouvrent la porte

D'un Infini que j'aime et n'ai jamais connu?

De Satan ou de Dieu, qu'importe? Ange ou Sirène,

Qu'importe, si tu rends, - fée aux yeux de velours,

Rythme, parfum, lueur, ô mon unique reine ! -

L'univers moins hideux et les instants moins lourds?

Commentaire

À sa question intiale, «Viens-tu du ciel profond ou sors-tu de l'abîme, ô Beauté?» Baudelaire donna une réponse qui varia selon les époques. Il avait placé d’abord, dans ‘’Les fleurs du mal’’, un sonnet intitulé ‘’La Beauté’’, qui datait de 1844-1845 et où il la symbolisait par une statue impassible, la considérait comme une image des «clartés éternelles».

‘’Hymne à la Beauté’’, poème formé de sept quatrains d’alexandrins à rimes croisées, qu’il composa dans la dernière période de sa vie, qui fut publié le 15 octobre 1860, dans ‘’L’artiste’’, et qui n’apparut que dans la seconde édition des ‘’Fleurs du mal’’, présenta une conception plus moderne de la beauté, plus inquiétante aussi, en accord avec I'inspiration même du recueil.

Montrant la fascination qu’elle exerce sur lui, il la présente d’abord comme ambiguë et contradictoire, à la fois divine et satanique, ce caractère double entraînant une équivoque qui est poursuivie tout au long du poème, produisant le sentiment du gouffre, un vertige. De plus, l’identifiant à la Femme, par une fusion artistique très réussie, il craint de s’y perdre. Mais, finalement, il voit en elle le moyen d’accéder à l’Infini, d’échapper au spleen.

Dans la première strophe, Baudelaire, pour qui la beauté se présente d'emblée comme un mystère qu'il ne cesse d'interroger, s’adresse à elle pour chercher d'abord à cerner son origine. Que ce soit du «ciel profond» ou de «l’abîme», elle émergerait toujours d'une vastitude. On constate, au vers 2, qu’il la personnifie ; qu’à son «regard, infernal et divin» (ces deux mots étant rapprochés par le son «in») sont attribués deux qualités fondamentalement antithétiques, cette ambivalence et cette ambiguïté («confusément») étant confirmée au vers 3 par les conduites contraires qu’elle inspire («le bienfait et le crime»). Il apparaît quelque peu étonnant qu’ensuite il puisse, d’une façon quelque peu didactique, la «comparer au vin», la considérer donc comme un autre «paradis artificiel», comme l'alcool ou la drogue, pouvant procurer une ivresse qui puisse lui faire oublier son malheur.

On remarque le jeu des rimes, «crime» répondant à «abîme» et, à la façon de Rabelais, «vin» répondant à «divin».

La deuxième strophe poursuit d’abord l’évocation du «regard» par cet «œil» qui reflète des moments symboliques qui sont, encore une fois, opposés : «le couchant et l’aurore». Puis, par une sorte de correspondance, le poète passe aux «parfums» qui lui furent toujours si chers, et, comme il les compare à «un soir orageux», on retrouve bien les parfums «corrompus» du sonnet ‘’Correspondances’’. L’allégorie qu’est la Beauté devient bel et bien une femme ; en effet, lui sont prêtés des «baisers» au pouvoir extraordinaire, puisqu’ils sont comme un «philtre», un breuvage magique destiné à inspirer l’amour. La comparaison de la «bouche» avec «une amphore» est moins claire (peut-être simplement appelée par les allitérations en «b» et en «f»), celle-ci n’étant qu’un vase antique sans caractéristique spéciale ; on peut cependant la supposer comme remplie d’un liquide semblablement

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