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Adenauer et De Gaulle, une relation franco-allemande, 1958-1963

Dissertation : Adenauer et De Gaulle, une relation franco-allemande, 1958-1963. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Octobre 2015  •  Dissertation  •  9 826 Mots (40 Pages)  •  1 564 Vues

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Seminar : Die Geschichte Europas im 20. Jahrhundert
Dozent : Prof. Dr. Manfred Görtemaker
Student : Lison Lopez (Erasmus Studentin)


K. Adenauer et C. De Gaulle, une relation franco-allemande
(1958-1963)

Adenauer (1876-1967)
De Gaulle (1890-1970)

Introduction

Il y a deux ans, nous célébrions le cinquantenaire du Traité de l’Elysée, qui reste le symbole d’une coopération franco-allemande toujours omniprésente depuis un demi-siècle, véritable moteur de l’Union Européenne (UE). Le thème de l’amitié franco-allemande est récurent ; on parle même de « couple » franco allemand. Même si les premiers réels différends qui ont opposé l’Allemagne et la France datent de 1871, il n’est pas là sujet de parler de cette période, mais bien de celle de la moitié des années (1958). Pour autant, il semble primordial de replacer le contexte d’après-guerre dans cette introduction.

Les relations franco-allemandes, particulièrement entre Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, se sont vues être influencées par leur histoire, à la fois commune et singulière d’une part, et par le contexte particulièrement complexe d’après guerre. En effet, dès 1945, dans l’immédiat d’après guerre, l’objectif premier de la France est le désarmement de l’Allemagne, afin d’éviter qu’elle ne réédite une nouvelle guerre. C’est  la guerre froide qui rétablit progressivement une certaine normalité dans les conditions faites à l’Allemagne avec la création de la République Fédérale D’Allemagne dans les trois Länder occupés. Konrad Adenauer (CDU[1]) devient chancelier de la République fédérale d’Allemagne (RFA) le 15 septembre 1949. La RFA fut créée à la suite de l’adoption de la Loi fondamentale le 8 mai 1949 par le Conseil Parlementaire qui représente la Constitution provisoire de la RFA avec Bonn pour capitale. Konrad Adenauer est donc élu chancelier à la suite des élections législatives pour l’ensemble de la Trizone, fondée le 8 avril 1949 de la fusion des zones anglaise, américaine et française.

En 1958, bon nombre de problèmes et sources de tension franco-allemande sont réglés. C’est le cas par exemple de la remilitarisation de l’Allemagne (de l’ouest) qui s’est établie dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), la RFA y ayant adhéré le 6 mai 1955, et non pas dans celui de la Communauté européenne de défense (CED). Projet rendu en effet impossible compte tenu du rejet, fin aout 1954, de la ratification du traité instituant la CED par l’Assemblée Nationale française, pourtant signé en mai 1952 par les six pays membres de la CECA.  L’aspect principal reproché à la CED par de Gaulle et par la France plus largement était le lien trop fort entre la CED et les Etats-Unis. En effet, la Communauté européenne de défense, dans son texte du 27 mai 1952, renvoyait à l’OTAN pour tout ce qui concernait le commandement des forces européennes. Or le but que poursuivait de Gaulle était clairement une émancipation de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis.
        Un autre problème faisait, dans les faits, également partie du passé : un problème strictement franco-allemand, celui du statut de la Sarre. A la suite d’un référendum qui rejette le statut européen de ce petit Etat semi-autonome en 1956, la Sarre est réintégrée politiquement à la RFA le 1
er janvier 1957 et en devient le 10ème Land. La Sarre illustre tout d’abord les conflits franco-allemands, puis elle devient le symbole avant-terme de la réconciliation. De plus, la résolution du conflit de la Sarre, en plus de mettre un terme au dernier litige opposant directement la France à l’Allemagne fédérale ; eut pour effet de créer en 1955 un climat propice à la relance européenne.

        Une étape semble être franchie lorsque, lors du Discours de l’Horloge (ou Déclaration Schuman) le 9 mai 1950, le ministre des affaires étrangères français Robert Schuman, propose la création d’une haute autorité supranationale pour administrer en commun la production de charbon et d’acier. C’est la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) le 9 mai 1950 (aujourd’hui Journée de l’Europe) qui réunit la France, la RFA, l’Italie et les pays du Benelux.

         Grâce à la célèbre citation suivante de la déclaration Schuman du 9 mai 1950, il apparait d’autant plus évident que la relation franco-allemande est inscrite dans la dynamique européenne : « L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne. »

        Le resserrement des liens franco-allemands de 1958 à 1963 est dû au rapprochement personnel de Charles de Gaulle et de Konrad Adenauer, et à leur volonté politique commune - parfois imposée à l’encontre de leur entourage- de faire prévaloir la « réconciliation des Germains et des Gaulois »[2]

Quelles positions défendues face à l’Europe ?

En France, de Gaulle :

        Revenu au pouvoir le 1er juin 1958, le général de Gaulle est élu président du Conseil, il reçoit l’investiture de l’Assemblée Nationale pour former un gouvernement dit « d’union nationale » pour donner rapidement une nouvelle Constitution à la France. Le général veut guider la France dans une politique d’indépendance et de grandeur ; et c’est dans cette perspective qu’il cherche à donner des impulsions nouvelles à la construction européenne. Arrive au pouvoir un de Gaulle déterminé à réaliser une politique d’indépendance nationale  visant à éliminer, ou du moins assouplir la « double hégémonie » des Etats-Unis (EU) et de l’Union soviétique au bénéfice d’un pouvoir européen.

        Pourtant, la première tentative du Général de Gaulle a consisté en la réorganisation de l’OTAN, pour y mettre à sa tête un triumvirat constitué des EU, de la Grande-Bretagne et de la France et ainsi faire de la France la troisième puissance mondiale. Pourtant il comprit rapidement que l’OTAN ne pouvait servir de tremplin à l’hégémonie française, et entreprit progressivement l’émancipation de la France vis-à-vis de l’Alliance.

        Ayant compris qu’il ne pourrait réaliser de son propre chef la politique d’indépendance envisagée, de Gaulle se tourna dès le début vers l’Allemagne fédérale dans le but de mettre à profit le potentiel ouest-allemand pour servir ses ambitions en matière de politique étrangère ; mais aussi pour exercer un contrôle étroit sur la politique allemande.

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