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Les romantiques pendant la restauration

TD : Les romantiques pendant la restauration. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  24 Janvier 2022  •  TD  •  1 957 Mots (8 Pages)  •  539 Vues

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LES ROMANTIQUES PENDANT LA RESTAURATION

        Le romantisme est un mouvement européen, aussi bien culturel qu’intellectuel, dont les racines s’ancrent en Allemagne à la fin du XVIIIème siècle. Ce renouveau culturel touche une grande partie des domaines artistiques (art, philosophie, littérature, histoire, etc.) ainsi que la politique. Le courant romantique va s’étendre sur une partie de l’Europe, notamment la France, où se mouvement se développera pendant la première partie du XIXème siècle, parallèlement à la Restauration française. La Restauration française, c’est-à-dire le retour de la monarchie de droit divin de 1814 à 1830, entre coupé des Cent jours, marque l’aboutissement du mouvement des Lumières et l’adaptation de l’héritage de l’Ancien Régime aux acquis révolutionnaires. Le 6 avril 1814, après plus de vingt-un ans d’exil, Louis XVIII, frère de Louis XVI, devient le nouveau roi de France. C’est dans ce contexte que le mouvement romantique française se trouve une place dans la société, et va sembler devenir une culture politique : Serge Bertein la définit comme « l’ensemble des représentations, porteuses de normes et valeurs, qui constituent l’identité des grandes familles politiques, au-delà de la notion réductrice de parti ou de force politique ». Il semble intéressant de se demander en quoi les romantiques ont acquis une culture politique pendant la Restauration. Nous étudierons premièrement l’appartenance à un mouvement culturel ainsi que le rôle politique des romantiques pendant la Restauration française puis dans un second temps les limites qu’ont rencontré les romantiques.

Historiquement, le courant romantique est apparu dès le milieu de XVIIIème siècle en Allemagne et en Grande-Bretagne. La France, elle, connaît un mouvement préromantique, notamment avec Jean-Jacques Rousseau, avec son ouvrage La nouvelle Héloïse publié en 1761. Il apparait cependant plus tardivement avec l’influence d’auteurs comme Madame de Staël ou encore François-René Châteaubriand, auteurs ayant connu l’émigration. L’émigration de nombreux artistes est visible dans les œuvres, avec la mise en forme de paysage, l’aventure caractéristiques du courant. On considère l’ancrage du mouvement romantique qu’en 1820 avec la publication des Méditations poétiques d’Alphonse de Lamartine.  

Le mouvement romantique est à l’origine un mouvement culturel, où se regroupent des artistes divers autour de valeurs esthétiques et prenant le contre-pied du classicisme des Lumières. Le mouvement est caractérisé par trois valeurs phares : l’exaltation du sentiment et du « moi », avec une valorisation de l’individu et de son mal-être, un rejet des règles académiques et la valorisation de la liberté du créateur et pour finir une difficulté à accepter le présent, marqué par un retour vers un passé idéalisé. La volonté de retourné dans le passé, l’Ancien Régime, est représentative du rejet de l’héritage des Lumières. Les romantiques nourrissent une réflexion critique sur la Révolution française (Edmond Burke – considération critique sur la Révolution française, 1790) et sont opposés à la « tyrannie » de la raison : ils souhaitent exalter leur sensibilité artistique. Cette volonté de combattre l’héritage des Lumières, un retour vers la religion ainsi qu’une exaltation du passé, rapprochent les romantiques de la Monarchie restaurée. Pour Honoré de Balzac, « les royalistes sont romantiques, les libéraux sont classiques » (illusions perdues).

Si au début du XIXème siècle le romantisme se construit autour de certaines valeurs, le romantisme politique ne prend toute sa dimension qu’à partir de 1820, où il est affilé à différents partis jusqu’à devenir le chef de file d’une véritable révolution.

Au début du XIXème siècle, les romantiques peines à trouver leur place dans le milieu politique : ils sont incapables de se situer dans le présent et n’ont ni connu la Révolution ni l’Empire. Cette absence de connaissance de l’ancien temps stimule leur vision héroïque du passé. Leur « révolution » est avant tout culturelle et motivée par des changements esthétiques que par une volonté d’être des acteurs politiques centraux sous la Restauration. Mais la ferveur ultra et catholique qui s’empare des romantiques les rapprochent de la monarchie restaurée.

Dès 1820, les romantiques se rattachent aux ultras, c’est-à-dire les partisans intransigeants de la monarchie absolue. C’est le cas de François-René Chateaubriand qui est une des incarnations du courant novateur qu’est le romantisme, courant contre-révolutionnaire : il publie un mémoire sur le Duc de Berry, La vie et la mort du duc de Berry en 1820 en autre. Ce dernier, fils du roi Louis XVIII, a été assassiné par un bonapartiste. Cet évènement tragique pour la jeune monarchie restaurée a pour conséquence le départ du gouvernement d’Elie Decazes, remplacé par le duc du Richelieu qui devient président du conseil. Les élections de décembre 1821 sont un triomphe total pour les Ultras : le comte de la Villèle, ultra royaliste, est élu. En 1824, à la mort de Louis XVIII, Charles X devient roi et souhaitent « fermer les derniers plaies » de la Révolutions. Fervent nostalgique que l’Ancien Régime, le nouveau roi a vécu 25 ans de sa vie dans l’émigration contre révolutionnaire. Cette volonté d’oublié l’héritage des Lumières se retrouve aussi bien chez une grande partie des romantiques que chez le roi et ses alliés.

Cependant, peu à peu les romantiques se détachent de leurs idéaux des années 1820. La Restauration déçoit de plus en plus les artistes à partir des années 1830. En parallèle, le romantisme des années 1830 a évolué : le gout prononcé pour la religion et l’intérêt pour des temps anciens sont moindre. De surcroît, beaucoup de romantiques passent d’un extrême à l’autre. Autrefois royaliste, les romantiques deviennent libéraux en découvrant une certaine cohérence entre leur volonté de révolte esthétique et la liberté. Le romantisme des années 1830 ne se tourne plus vers le passé mais deviennent sensibles aux problèmes du peuple, sur le plan des libertés politiques que sur le plan social. A cette époque, l’opposition entre les classes se creusent et de nombreuses grèves et révoltes ouvrières se produisent (les révoltes des Canuts de Lyon de 1831-1834)

De plus, les romantiques se détachent des Ultras, sous Charles X. Charles X est un royaliste très réactionnaire. Il cherche par tous les moyens de renforcer son pouvoir et ses influences, chose qu’il tentera en promulguant les quatre ordonnances qui dissolvent la chambre basse, musèlent la presse, retreignent le droit de vote et annoncent des nouvelles élections. Cette violation de la Charte et la situation social peu favorable que connait la France déclenche le soulèvement populaire nommé les « Trois Glorieuses ». Le peuple s’empare du Louvre ainsi que du palais des Tuileries, et Charles X doit s’enfuir. Le peuple alors victorieux souhaite instaurer une République, mais les bourgeois libéraux, nombreux lors des révoltes, imposent une monarchie constitutionnelle au profit du duc d’Orléans, le futur Louis-Philipe 1er. La révolution échoue dans ses objectifs politiques puisqu’elle ne parvient pas à instaurer une République. Cette révolution reste néanmoins un grand moment du romantisme politique : la barricade exprime la soif de liberté et l’indépendance des peuples, la colère populaire est le symbole du combat héroïque contre les forces de l’ordre. L’épisode des « Trois glorieuses » est représentatif de l’âge romantique, qui se nourrit du mythe du soulèvement des peuples comme le célèbre si bien Eugène Delacroix dans son tableau La Liberté guidant le peuple, ou encore que Victor Hugo valorise dans ses romans (Les misérables). Ainsi, les « Trois glorieuses » par leur élan fraternel et l’union populaire marque en France l’apogée du romantisme politique.

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