De la cité-Etat à l’empire universel : les phases d’expansion de l’empire romain.

Chapitre I : De la cité-Etat à l’empire universel : les phases d’expansion de l’empire romain.

Introduction générale : L’époque romaine, un moment exceptionnel de l’histoire de l’humanité.

A l’origine, Rome est un modeste village situé dans une région du centre de l’Italie nommée le Latium. Si la mythologie situe précisément la naissance de la ville en 753 av JC, celle-ci semble s’être développée à partir de la seconde moitié du VIIe siècle av JC, dans les années 650 à 600. Après avoir vécu un siècle sous la domination des Etrusques (616-509 av JC), les Romains s’en rendent indépendants à la fin du VIe siècle. Vers 506 av JC, et Rome se dote d’un régime républicain.

L’expansion de Rome commence dès le Ve siècle av JC, avec la conquête de son territoire immédiat, le Latium. Au IVe siècle, les Romains assurent leur domination sur l’Italie centrale, puis, au début du IIIe siècle, sur l’Italie du sud. A partir de 272 av JC, les Rom contrôlent toute la péninsule, sauf le nord de l’actuelle Italie, occupé par les Celtes.

Cette expansion les conduit à se heurter à la puissance dominante en Méditerranée occ : Carthage. Les guerres puniques (264-146 av JC) marquent véritablement le début de l’empire romain. Les victoires remportées à l’issue de la première puis de la seconde GP (264-241 av JC, puis 219-202 av JC) font de Rome la puissance majeure en Méditerranée occ, et lui permettent d’intervenir en Méditerranée orientale. Au cours du IIe siècle av JC, Rome multiplie interventions et conquêtes en Méditerranée orientale, s’emparant notamment de la Grèce.

Au Ie siècle av JC, la conquête méthodique du bassin Méditerranéen se poursuit : Cyrénaïque (= actuelle Libye), Crête, Syrie, Egypte sont successivement transformées en provinces romaines. De plus, les R commencent à tourner leur regard vers le nord, conquérant la Gaule dans les années 50 av JC. A la fin de la République, en 27 av JC, la Méditerranée est véritablement un « lac romain ».

A l’exception de la Gaule, les conquêtes romaines restent toutefois limitées au pourtour du bassin méditerranéen. Au Ier s ap JC , les Romains poussent les limites de l’Empire jusqu’au Rhin et au Danube en Europe, à l’Euphrate en Asie. Les limites de l’ER sont désormais fixées, et elles ne varieront plus guère jusqu’au Ve siècle.

Quelles sont les particularités de cet empire ? Qu’est ce qui fait de l’époque romaine un moment exceptionnel de l’histoire de l’humanité ? :

1 - Il s’agit avant tout d’un ensemble politique gigantesque. A son apogée, au IIe siècle ap JC, l’ER s’étend du sud de l’Ecosse à l’Irak, des déserts d’Egypte à l’embouchure du Rhin.

2 - Toutefois, pour vaste qu’il ait été, l’ER a été précédé et suivi par des empires plus grands encore, comme celui d’Alexandre le Grand (ou encore les empires arabes ou mongols au Moyen Age). Ce qui le distingue de ces empires, c’est surtout son extraordinaire longévité. Si l’on fait naître l’ER au moment de la 1ere GP, au IIIs av JC, et que l’on situe sa fin lors de la chute de l’ER d’occident, en 476 ap JC, on couvre déjà plus de sept siècles d’existence. Mais ce serait oublier que la partie orientale de l’ER survit à la disparition de l’ER d’occident, et se prolonge un millénaire encore. Il s’agit certes d’un empire de moins en moins « romain » et latin, et de plus en plus grec et byzantin à partir du VIe siècle. Il n’en reste pas moins que l’empire byzantin constitue l’héritier direct de l’ER et assure la survie de l’idéologie impériale et de la culture gréco-latine des siècles durant.

Ainsi, jusqu’à aujourd’hui, l’ER est le seul qui soit parvenu à assurer l’unité de l’ensemble du monde méditerranéen cinq siècles durant. Cette unité se vérifie aux plans politiques, mais aussi culturels et linguistiques : le latin (surtout dans la partie occ), et le grec (en orient) sont parlés par toutes les élites de l’empire, contribuant à son unité culturelle.

3 - Plus encore, il n’y a que durant cette période que le bassin méditerranéen tout entier a partagé une seule et même religion : le christianisme. De 391 ap JC, date à laquelle le christianisme devient la religion officielle de l’ER, jusque dans les années 630, lorsque les musulmans s’emparent de la Syrie et de la Palestine byzantines, soit durant presque deux siècles et demi, le monde méditerranéen communie dans une seule et même foi. Cette unité brisée n’a jamais été rétablie depuis, et son absence a engendré bien des conflits.

4 - Ajoutons que l’ER présente une extraordinaire épaisseur humaine, économique, et culturelle. Cet empire immense compte des centaines de villes, certaines gigantesques et d’une étonnante modernité, comme Rome, Alexandrie, Constantinople. Il est parcouru par des dizaines de milliers de kilomètres de voies pavées qui préfigurent l’actuel réseau routier européen. Il est également animé par des flux humains et économiques extrêmement denses et divers : vins, huiles, céramiques, bijoux, mais aussi artistes, architectes, savants, circulent d’une extrémité à l’autre du monde romain, contribuant là encore à l’unité économique et culturelle de l’ensemble.

A l’abri de cet empire puissant et organisé, une civilisation d’une extraordinaire richesse s’épanouit donc. La longue pax romana (Paix romaine) du Ier aux IIIe siècles débouche sur une vie culturelle très intense, marquée par la production de nombreuses œuvres littéraires (Plaute, Virgile, Tite-Live, Térence, Suétone….) ou philosophiques (Marc-Aurèle, Sénèque, Saint Paul), qui s’intègre à notre patrimoine culturel.

Cette longévité associée à cette densité culturelle explique que notre civilisation, 15 siècles après la disparition de l’ER d’occ soit encore largement imprégnée et héritière de la civilisation latine. L’influence de cette dernière se fait sentir sur de nombreux plans : linguistiques (les langues latines), juridiques (les Romains sont à l’origine du droit écrit), architecturaux, urbains (nos villes et nos monuments s’inspirent largement de ceux de l’époque romaine), et même militaire.

Tous ces facteurs font de l’époque romaine un moment essentiel de l’histoire de l’Europe et de la France et poussent à son étude. Le premier chapitre sera consacré à présenter le cadre géographique et humain dans lequel va se développer l’ER. Dans une seconde partie, nous retracerons

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