Même l'impossible est possible

 Même l’impossible est possible

Je ne comprends pas ce que je fais, j’erre sans but, je n'ai même plus d'émotions... Pourquoi?

Ah oui! C'est vrai. C'est parce que je suis MORT. Mais je ne suis pas le seul, nous sommes nombreux. Nous avons tous voulu habité ici, je ne sais pas pourquoi, dans un aéroport. Regardez par là! Les osseux, ils mangent tout ce qui bouge. Bon moi aussi mais au moins je culpabilise. Le chauve avec un bras en moins c'est mon meilleur ami. Par meilleur ami, j'entends qu'on grogne ensemble;

_"Rrrrrr...Jjjjjjj"

Mais des fois on arrive à  placer quelques phrases :

_Je je je j'ai ffffffff...j'ai faim.

_Moi aussi.

Mais la plupart du temps un regard suffit.

Un peu plus tard sur la piste de décollage

_Rrrrrrr

Un peu plus loin dans la ville.....

_Rrrrrr"

2 semaines plus tard :

_Y avait rrrrrriennn"

_Rrrrrrr Oui"

Voilà, vous devez avoir une idée de mon quotidien à présent.

Je ne sais pas ce que je donnerais pour que ça change.

Bon!  Aller, on a tous faim. On y va....

Un peu plus loin dans un camp humain, un groupe est envoyé pour chercher des médicaments au mauvais endroit. Bon je cède ma place à ce cher zombie.

Nous marchons lentement. J'espère que ce ne sera pas trop long. Enfin une odeur humaine. Ce n'est pas trop tôt. Dans la boutique l'humain flippe et je les écoute.

_Je crois que j'ai entendu un bruit. Dit un homme

_Je ne veux pas mourir. Partons. Propose celle qui l’accompagne

_Nous avons des ordres. Proteste l’homme

_....

_C'était quoi ce .....

Et là nous arrivons. Panique totale. Soudain je sens une balle:

(Houlà! lui, il est mort)

_RRRAAAAA

Une bataille commence. Pendant que les autres zombies capturent leur proie, j'écrase la tête du mien.

Le cerveau, c'est le meilleur quand je le mange, je m'approprie tous les souvenirs de la personne humaine.

Soudain une magnifique humaine me tire dessus. Elle vide son chargeur sur moi, je suis pétrifié et là soudain je sens quelque chose dans ma poitrine:

Bom Bom-Bom Bom

C'est décidé, elle ne mourra pas.

 Je lui étale du sang sur la figure pour qu’elle passe inaperçue.

Ne pas la manger me fait bizarre mais elle restera en vie.

Une fois arrivé à l’aéroport, je me dirige vers mon avion. Oui, j’habite dans un magnifique avion, un airbus A380. C’est la crise et il faut se loger. Nous rentrons et j’essaye d’avoir un langage plus soutenu. Je l’emmène dans la cabine des premières classes, puis elle me dit :

_Quand est-ce que je peux partir?

Je me dis qu’avant une semaine, c’est dangereux mais je sais qu’au bout de deux semaines tout sera oublié. Toutefois je lui réponds “trois semaines” (pour un cadavre, c’est très soutenu).

“J’ai faim” dit-elle brusquement alors je vais chercher une boite de conserve dans l’aéroport. Je reviens et je la vois assise à la même place mais avec un couteau. Je lui dis de le poser mais elle refuse et me le lance dans le bras. Je le prends et le jette par terre. Je lui dit pour la rassurer, non sans difficultés : “Ici sécurité; moi pas manger toi.” Je lui donne la boite de conserve qu’elle mange rapidement.

Puis elle me dit : “étrange pour un ZOMBIE. Tu veux bien me donner de l’eau?... Quel est ton nom?”

Je lui réponds “Rrrrrrrrr”

Et elle m’annonce : “ça commence par r et si je t’appelais comme cela : R”.

Je hoche la tête en signe d’approbation.

Ensuite elle va se coucher et s’endort.

Pour en savoir plus sur elle, je croque dans le cerveau de son petit copain dans une belle voiture.

Et là, je vois toute son enfance défiler : des feux d’artifice, ses parents, de la joie et soudain une vague d’amour et je la vois avec ses longs cheveux blonds très légèrement bouclés, des yeux d’un bleu étincelant et vif, un visage ovale, tendre et joyeux, un menton légèrement pointu et une peau claire. Puis tous les détails reviennent. Je sors du rêve et vais littéralement trainer.

Quand je reviens, je la vois derrière un train d’atterrissage...

Je lui touche l’épaule et lui explique : “Grosse bêtise. Ici, pas sécurité. Fais le zombie si tu veux vivre.” Je lui remets un peu plus de sang sur son visage.  Je ne comprends pas bien ce qu’elle fait. Elle bloque toutes ses articulations, lève les bras et pousse un cri d’agonie pour faire semblant. Je m’aperçois très vite que cela ne marche pas alors je lui demande doucement de courir vers le garage. Nous courons tous les deux mais un groupe d'osseux nous barre la route et essaie de nous tuer. Ils réussissent à nous isoler et attaquent…faudrait quand même que je lui demande son nom...Mais avant je dois la sauver. Je cours, je prends un pied de biche et je dégomme les osseux. Nous réussissons finalement à monter dans la voiture et je cache vite fait les restes de cerveau au moment où elle démarre et accélère et nous nous enfuyons. Nous avançons dans un coin désert de l’aéroport jusqu’à ce que mon meilleur ami et une bande de zombies nous stoppe. Une bataille féroce commence entre eux et nous. Je réussis à les raisonner et ils nous aident à partir. Mon meilleur ami monte dans la voiture et en est ensuite sauvagement éjecté par un osseux qui lui a sauté dessus.

Nous nous tirons en vitesse de cet endroit et atteignons  une ville voisine.

Dans le véhicule, je lui pose la question

_quel est ton nom?”

_Sandra.

Nous entrons dans une maison qui semble abandonnée. Sandra se dépêche d’ouvrir le réfrigérateur et y prend une bière et du miel qu’elle dévore avec une vigueur surprenante. Elle lit une bande dessinée pendant vingt minutes et va se coucher. La journée a été exténuante et très riche en émotion pour elle. Soudain, les plombs sautent et le zombie d’un enfant de cinq ans lui saute dessus. Je lui brise la tête d’un coup de poing. Elle me regarde terrifiée et me demande de passer la nuit dans sa chambre sur le sol. Je lui réponds “oui”. Elle précise que c'est au cas où le reste de la famille serait toujours là.

...