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Michel Tremblay

Rapports de Stage : Michel Tremblay. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  11 Décembre 2014  •  1 378 Mots (6 Pages)  •  1 059 Vues

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SUJET : Est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont des personnages qui

sont résignés à leur sort ?

Lui-même issu d’un quartier populaire montréalais, Michel Tremblay met en scène, dans son

théâtre comme dans ses récits, des personnages québécois d’une grande vérité dans leur langage,

mais aussi des êtres émouvants souvent marqués par une grande misère affective… Au point de

secouer le public, comme l’avait fait dans les années 60 sa première pièce, Les Belles-sœurs. Des

personnages vrais et désespérés, on en retrouve dans chacun des extraits des pièces à l’étude : Le

Vrai Monde ? et À toi pour toujours, ta Marie-Lou. Mais est-il juste d’affirmer que Madeleine et

Léopold sont résignés à leur sort ? Nous répondrons à cette question en observant que si tous les

deux ont dû accepter des conditions de vie pénibles, ils demeurent des personnages révoltés.

Enfin, nous déterminerons si la résignation les définit plus que la révolte.

Il ne fait pas de doute que les deux personnages ont dû se résigner à des conditions d’existence

particulièrement pénibles. Dans la première partie de son monologue, Madeleine ne fait pas un

bilan positif de sa vie marquée par l’ennui, la maladie et l’angoisse. Au départ, elle confie à Claude :

« Quand ton père est disparu depuis des jours pis que ta sœur est partie travailler, ça m’arrive de

m’ennuyer. C’est sûr. » (l. 5-6) Elle témoigne d’une solitude qui la laisse inactive : « La télévision

est plate, la lecture m’a jamais beaucoup intéressée… » (l. 7). De plus, la pauvre vit avec l’inquié-

tude de la maladie : « […] j’me retrouve immanquablement ici, dans le salon, sur le sofa, avec les

mains croisées sur les genoux pis un verre de lait […] au cas où une douleur me prendrait… » (l. 9-

11) Cette douleur, c’est ce qu’elle appelle son « mal au côté » (l. 22). Sa souffrance est aussi reliée

à la peur (l. 14) et à l’angoisse (l. 16). L’extrait comporte même une didascalie qui associe au

silence l’angoisse de Madeleine : « Silence. On la sent angoisser. » (l. 20) Pour sa part, le Léopold

d’À toi pour toujours… se perçoit aussi comme victime de ce qui l’entoure. Il se sent en particulier

exploité par son patron :

Ça fait vingt ans que j’travaille pour c’t’écœurant-là… Pis j’ai rien que quarante-cinq

ans…C’est quasiment drôle quand tu penses que t’as commencé à travailler pour un gars

que t’haïs à l’âge de dix-huit ans pis que t’es t’encore là à le sarvir. (l. 7-9)PRÉPARATION À L’ÉPREUVE DE FRANÇAIS

MICHEL TREMBLAY : EXEMPLE DE DISSERTATION 2 LES EXERCICES DE FRANÇAIS DU CCDMD www.ccdmd.qc.ca/fr

Même s’il a la chance d’avoir un emploi régulier, il souffre d’être déshumanisé, esclave de sa

machine : « Tu viens que t’es tellement spécialisé dans ta job steady, que tu fais partie de ta tabarnac

de machine ! C’est elle qui te mène ! C’est pu toé qui watches quand a va faire défaut, c’est elle qui

watche… » (l. 15-17) On doit donc constater que pendant des années, Madeleine aussi bien que

Léopold sont restés enfermés dans des conditions de vie auxquelles ils ont dû se résigner.

Par contre, chez l’un et l’autre cette détresse engendre aussi la révolte. Madeleine fuit la réalité

dans un silence qui symbolise à ses yeux sa force et contient sa violence intérieure. Elle avoue à

son fils : « […] dans le milieu du silence, la tempête arrive. » (l. 21). À l’intérieur d’elle-même,

elle « [fait] des scènes qui durent des heures », elle précise : « des scènes tellement violentes […]

J’démolis la maison ou ben j’y mets le feu, j’égorge ton père, j’fais même pire que ça… » (l. 27-29)

De son côté, la révolte de Léopold s’exprime par le contraire du silence, par ce cri de désespoir que

constitue le « sacre ». Chez Tremblay, le « joual » est associé à la fois à l’aliénation et à l’expression

du désir de se libérer. Le monologue de Léopold est le plus parfait exemple de ce besoin

d’exprimer sa détresse poussé à sa limite : « Hostie ! toute ta tabarnac de vie à faire la même

tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! » (l. 11-12) Ici, le

procédé de répétition contribue d’ailleurs à accentuer l’expression de la révolte. Dans son langage

sans retenue, Léopold s’indigne contre son passé et contre son avenir : « Quand j’me suis attelé à

c’te ciboire de machine-là, j’étais quasiment encore un enfant ! […] Mais dans vingt ans, j’s’rai

même pus un homme… » (l. 20-21) Mais ce besoin de libération a-t-il d’autre issue que d’aller

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