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Les premiers sculpteurs

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Par   •  2 Octobre 2022  •  Résumé  •  3 525 Mots (15 Pages)  •  302 Vues

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Les premiers sculpteurs

Les plus anciens documents historiques que nous possédions sur l’art sont les inscriptions et les manuscrits égyptiens, babyloniens et assyriens que nous avons pu retrouver. Grâce au merveilleux climat de l’Égypte, des statues vieilles de plusieurs milliers d’années sont parvenus jusqu’à nous en excellent état. La majeure partie de cette statuaire représente la vie imaginaire de dieux de l’ancienne Égypte ou glorifie les prouesses des monarques qui ont régné sur le pays. Ces divinités et ces héros sculptés sont ordinairement découverts dans des temples et des tombeaux d’une grande magnificence. Les vestiges de l’art national d’aucun autre pays ne peuvent être comparés aux splendides sculptures, poteries et bijoux qui ont été recueillis dans les sépultures des rois et des reines d’Égypte. Or, nous ignorons combien de merveilles sont encore ensevelies. Lorsque le tombeau de Toutankhamon fut découvert en 1922, le monde entier resta ébloui devant la description des nombreux objets mis à jour, tant-ils révélaient d’habileté par leurs formes aussi bien que par leurs couleurs éblouissantes et variées. Les magnifiques statues des dieux et des rois égyptiens occupent une place à part dans l’histoire de l’art mondial, par l’élévation de leu caractère et la profondeur de leur symbolisme. S’il fallait qualifier en deux mots cette antique statuaire égyptienne, nous dirions qu’elle était colossale et sereine. A première vue, cet art statuaire semble n’avoir subi aucun changement au cours des quatre mille ans couverts par les œuvres en notre possession; il faut une étude plus attentive pour découvrir l’existence de plusieurs époques dans son développement. On remarque alors que les statues solides et massives des premiers siècles firent place plus tard à des  formes plus allongées et plus fines ; puis vient une période de décadence, suivie d’une brève renaissance au cours de laquelle on s’efforça de reconquérir l’idéal des temps révolus. Enfin l’art de meurt, il avait déjà cessé d’exister quand le pays lui-même tomba au pouvoir de conquérants étrangers.

Il a été dit que les sculpteurs de l’ancienne Égypte n’ont jamais été surpassés quant à la pureté de leur technique. Malgré leur grand talent à cet égard, ils ne purent jamais se débarrasser de certaines conventions assez singulières. Selon l’une de ces conventions, le corps d’une statue devait toujours être absolument vertical. La raideur qui en résulte, cette absence de toute attitude infléchie et de toute courbure, nous semble d’autant plus curieuse qu’elle n’a été imitée par aucun autre peuple, même d’assez loin. Un autre canon de la peinture et de la sculpture égyptienne décrétaient que les deux pieds d’une figure, auxquels l’artiste donnait toujours des proportions massives, devaient solidement reposer à plat sur le sol. Aussi extraordinaires que ces conventions puissent nous paraître, il en était une plus étrange encore : on l’a appelé la loi de la frontalité». Cette rigoureuse règle d’esthétique exigeait que les épaules d’une figure fussent toujours présentées au spectateur vue de face, et que les yeux fussent dessinés dans toute leur longueur, sans égard à la position du visage. C’est ainsi qu’un homme en marche, disons le long d’une frise, était représenté de profil quant à sa tête, à ses jambes et à ses pieds, mais les épaules entièrement de face; l’œil formait un ovale parfait. Une autre caractéristique curieuse de cette sculpture est l’attitude exagérément immobile des personnages. Nombre d’entre eux, assis dans une posture rigide, semblent collés à leur siège de pierre. Le sculpteur parait ne représenter un corps en mouvement qu’à contrecœur ; il a horreur de traduire l’animation, la vivacité et même le jeu des muscles puissants.  Il donne à ses dieux et à ses rois une silhouette aussi calme que possible, et semble au comble du bonheur quand il réussit à communiquer à leur visage l’aspect d’un masque impassible. Le culte des animaux et de la nature tenait une grande place dans la religion des anciens Égyptiens ; c’est pour cela que leur art représente une telle variété de formes animales. On retrouve constamment les mêmes sujets, êtres conventionnels alliant souvent des formes humaines et animales. C’est cette répétition voulue des silhouettes bestiale qui donne une telle force à leurs bas-reliefs. Des formes à la fois vigoureuses et si stylisées, réduite à de nobles lignes dépouillées de tout détail inutile, ne pouvait produire que de magnifiques effets décoratifs. L’histoire de l’art n’offre rien de comparable, et les artistes du siècle suivants ont fréquemment cherché dans la sculpture égyptienne soit leurs modèles soit leur inspiration.

La plus remarquable des nombreux animaux imaginaires créés par les sculpteurs de l’Égypte est le sphinx, lion à tête humaine. On ignore l’origine de cette figure, et bien des légendes se sont formées autour d’elle. Des sphinx, se dressaient souvent par paires à l’entrée des temples. On accédait par une avenue bordée de sphinx à celui que fit construire la reine Hathsepsout. La plus fameuse représentation de cet animal fantastique est la sculpture colossale qui se trouve près de la grande pyramide de Gizeh : elle a 130 pieds de longueur sur 70 de hauteur. Les Assyriens, proches voisins des Égyptiens, avaient eux aussi un animal imaginaire ; c’était un taureau ailé à tête d’homme, dont les statues décoraient leurs palais et leurs temples. La différence très marquée entre la manière dont les Égyptiens représentaient leur sphinx et celle dont les Assyriens figuraient leur taureau révèle combien les tendances artistiques de ces deux pays étaient dissemblables. Alors que les Égyptiens stylisaient leurs formes réelles, les Assyriens et les Babyloniens, au contraire, leur accordaient une grande importance et les exagéraient plutôt. L’idéal des uns était l’immobilité, celui des autres le mouvement. Les taureaux sculptés par les Assyriens possèdent de tels muscles que le spectateur craint presque de voir le bloc de granit, de marbre ou de bronze, s’animer soudain devant leurs yeux.

L’histoire nous révèlent les bas-reliefs, les monuments et les bronzes qui subissent des empires babyloniens et assyrien ressemble à celle de tous les peuples guerriers de l’Orient; ce ne sont que des batailles, victoires, pillages, files interminables de captifs, ravages dont s’enorgueillissent les vainqueurs. En Égypte, comme nous l’avons vu, les thèmes de prédilections de l’art national étaient les exploits des dieux et les prouesses des monarques, ainsi que les honneurs rendus aux morts. L’art des Assyriens, ne lui célébrait que la cruauté et la tyrannie. Les Assyriens et les Babyloniens rejetèrent la loi de frontalité » des Égyptiens. Ils retinrent par contre leur convention selon laquelle l’œil devrait être représenté dans toute sa longueur même dans une figure de profil. Vous remarquerez aussi, dans les images montrant le lion et le taureau ailés, que ces animaux sont pourvus de cinq pattes. Ces êtres imaginaires avaient pour rôle de garder les portes, et les sculptures les représentant devaient être vues aussi bien que de face que de profil; c’est pour cela qu’on les dotait d’une patte supplémentaire. C’était là une convention assyrienne, ce qui n’empêcha pas les artistes de ce pays de surpasser leurs voisins en ce qui concerne la représentation des animaux. Bien que d’inspiration très différente, la sculpture égyptienne et assyrienne se ressemblent quelque peu, par leur caractère colossal et imposant. Dans l’un comme dans l’autre, on peut dire que ces œuvres d’art sont tout ce qui reste de deux nations puissantes, qui connurent une longue prospérité et furent en leur temps les animatrices du monde. Dans les deux cas aussi, l’art maintint son unité pendant quelque quatre mille ans. Nous pouvons juger ces âges reculés en considérant une seule fois de vastes intervalles de temps; mais lorsque la civilisation se déplaça dans la direction de l’ouest, les époques artistiques devinrent de plus en plus courtes. Elles durèrent d’abord quelques siècles, puis, plus tard, quelques générations seulement. De nos jours, il suffit parfois d’une dizaine d’années pour épuiser toute la vie d’un style ou d’une école d’esthétique.

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