Pensez-vous que les courtisans de l'oeuvre de La Bruyère soient des marionnettes ?
Dissertation : Pensez-vous que les courtisans de l'oeuvre de La Bruyère soient des marionnettes ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar lion_tyranique • 28 Mai 2022 • Dissertation • 1 328 Mots (6 Pages) • 5 285 Vues
Les Caractères sont un recueil de portraits qui cherchent à dépeindre les travers de la société. Ils ont été écrits par Jean de La Bruyère en 1694. Cet ouvrage a été rédigé sous la monarchie absolue de Louis XIV et avec une société, aux yeux de La Bruyère, de « faux-semblants ». Il y dresse le portrait de personnages contraires aux valeurs de civilité, de politesse et d’honnêteté de l’époque. Au même titre que Laclos, La Rochefoucauld ou encore Molière, La Bruyère est un moraliste classique : il souhaite instruire le public et lui plaire. Par conséquent, lorsqu’il décrit certains courtisans, La Bruyère dit qu’ils « pirouettent, ils gesticulent, ils crient, ils s’agitent ; semblables à des figures de cartons » (Les Caractères, IX, 32). Pensez-vous que les courtisans de son œuvre soient des marionnettes ?
Tout d’abord, nous expliquerons pourquoi La Bruyère dépeint des personnages réels en leur donnant des noms de la mythologie grecque et comment son public comprend ses remarques. Puis, nous détaillerons sa critique de la vie sociale et des courtisans comme des marionnettes dans un théâtre. Enfin, nous développerons pourquoi les courtisans ne sont pas forcément des marionnettes de la royauté et comment La Bruyère justifie cette idée.
Dans son ouvrage, La Bruyère cite de nombreux noms : Acis, Pamphile, Arrias, Théodecte et d’autres. Or, ces personnages n’existent pas réellement mais ne sont pas non plus le fruit de son imagination : ce sont des portraits à clefs. Les portraits à clefs sont des portraits plus ou moins explicites mais que le lecteur comprend car il représente un personnage réel. La Bruyère en fait régulièrement usage et dissimule ces personnages derrière des marionnettes. En effet, dans la remarque 7 du livre V, Acis est un protagoniste animé d’un courtisan au langage inadapté, incompréhensible, et qui se croit homme d’esprit. Nous pouvons aisément suggérer que La Bruyère ainsi que ses lecteurs ont déjà eu l’occasion de rencontrer un Acis. Nous rencontrons la même mécanique avec Théodecte (Livre V,12). Théodecte est un personnage grossier, mal élevé et fréquentant des pairs hypocrites. De même que pour Acis, il est un personnage simple à cerner pour les lecteurs.
En plus du portrait à clefs, La Bruyère utilise une seconde méthode : le portrait comique et satirique. Il l’utilise notamment avec Pamphile, un homme hypocrite qui veut se donner de l’importance mais qui frôle le ridicule par sa mentalité démesuré à son personnage : il se croit grand par son statut social mais ne l’est pas, ses amis sont ceux qui ne le méprisent pas. La Bruyère se moque de ce personnage car il ne se remet pas en question, il ne se demande pas s’il est ridicule ou non. Accessoirement, il décrit un de ses lecteur et le fait, par l’ironie, se remettre en question. Grâce à quelques méthodes, La Bruyère cherche à amuser son lecteur mais aussi à l’instruire : c’est un projet moraliste.
Dans son œuvre, La Bruyère fait amplement référence aux courtisans, aux parvenus et en particulier à leurs manières d’être en société. Il affirme que les courtisans ne cessent de se montrer, à vouloir exhiber leurs richesses et leur fortune. En effet, le champ lexical du regard est omniprésent : « pour se regarder au visage » (VII,1), « spectateur de profession » (VII,13), « le visage d’un homme » (VII,38), « admirable » ou « premier coup d’œil » (IX,26). De plus, il utilise le champ lexical de la parole « il rit, il crie, il éclate » (V,12), « discourt », « dit », raconte » (V,9) mais aussi « salue », « demande » (IX,48). Grâce à ces champs lexicaux, La Bruyère insiste beaucoup sur le fait que les courtisans ne cherchent qu’à paraître, à ressembler et, à l’époque, se maquiller était synonyme de richesse. Par conséquent, il souligne considérablement ce point. La remarque 74 du livre VIII en est un excellent exemple : « Les femmes […] précipitent
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