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PREMIERE PARTIE Esthétique des genres

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Par   •  21 Mars 2016  •  Dissertation  •  52 875 Mots (212 Pages)  •  910 Vues

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Introduction

La production de l’élève est une des finalités de l’enseignement, qui  est  une application des connaissances acquises  mais aussi permet à l’enseignant d’évaluer les apprenants. Dans le domaine de la littérature, cette évaluation  peut se réaliser, par exemple au niveau secondaire, grâce à des exercices comme le résumé, le commentaire de texte (suivi ou composé) ou encore la dissertation.

Ces exercices pratiques font appel, chez le sujet apprenant, à la capacité productrice, au sens de la logique, à la cohérence dans l’analyse, à la rigueur ou encore à la correction dans l’expression. Autant de qualités qui permettent d’asseoir une argumentation bien ficelée avec un agencement adéquat des idées organisées dans un devoir cohérent.

Toutefois, l’expérience a montré que les élèves, même au niveau secondaire, ont du mal à construire des productions élaborées dans une argumentation bien conduite. La raison évoquée n’est pas, le plus souvent, le déficit d’arguments ou encore la complexité des sujets  mais relève le plus souvent  de difficultés  dans l’organisation des idées. C’est pourquoi, ce présent travail cherche à fournir aux élèves, de manière pratique, les outils d’analyse qui, nous l’espérons, permettront de remédier aux maladresses récurrentes dans les différents exercices littéraires. Des cours, il a été question d’aborder la méthode en partant de productions d’élèves corrigées dans le cadre d’un mémoire de fin de formation. Ainsi, à la suite des cours nous avons proposé des esquisses qui sont des corrigés de travaux d’un nombre d’élèves sélectionnés selon le niveau et les types d’exercices traités.


PREMIERE PARTIE

Esthétique des genres


CHAPITRE PREMIER

La poésie

Introduction

La poésie est une combinaison pertinente d’un sens profond et d’une forme spécifique. A la différence des autres genres littéraires, la poésie épuise toutes les ressources du langage en réussissant l’alliage difficile du contenu intelligible et de l’aspect régi par des règles. Du Grec « poiesis[1] » et du latin « poesis », la poésie renvoie à la création qui signifie susciter, donner naissance, etc. Une faculté qui n’est pas ordinaire car nécessitant la conjugaison du rythme, de l’esthétique pour réaliser un jeu sur le langage. Il ne s’agit, pas bien sûr, d’un langage commun aux hommes, mais de celui destiné aux initiés et qui suscite l’admiration du lecteur. Réfléchir sur un tel genre, c’est donc répondre à ces questions suivantes :

  • D’où vient la poésie ?
  • Peut-on comprendre un poème ?
  • A quoi sert un poème ?
  1. Origines de l’inspiration en poésie

La source poétique fait débat. Cela tient au fait que les sources de l’inspiration ou la genèse du génie est  à l’origine de plusieurs controverses. Pour certains, la poésie est d’origine divine, pour d’autres, elle naît du cœur car la moi est le siège de la création.

  1. La poésie, un don divin

Selon  le philosophe grec Platon[2] : « Ce n’est pas un effet de l’art, mais bien parce qu’un dieu est en eux que les poètes créent. » Cette conviction souligne toute la perception de la poésie à l’époque antique. En effet, dans la mythologie grecque la poésie serait née à la suite de la victoire de Zeus sur les Titans. Les neuf filles d’Apollon, appelées aussi muses composèrent des vers pour chanter la gloire du dieu suprême des Grecs. Cette faculté de création est donc une particularité de ces muses qu’elles offrent à tout être illuminé. Ainsi, devient poète tout homme visité par la muse inspiratrice qui insuffle le génie. Cela apparaît à travers les propos du poète romain Julius Ovidius Naso, dit Ovide[3].  Poète adulé, à Rome, accusé de corrompre les mœurs, il devient un proscrit aux yeux du roi César Auguste[4]. Exilé de Rome à Tomes, en terre barbare, il explique la pauvreté de ses vers dans deux textes majeurs, Les tristes et Les Pontiques en déclarant : «  La muse m’a quitté… » Il est clair donc que pour les mentalités de la civilisation grecque et romaine, la poésie est l’affaire des dieux. Ces derniers insufflent à l’homme ordinaire ou à tout créateur, la magie de la créativité. Joseph Joubert affirme dans cette logique, dans son œuvre intitulée, Les pensées : « Dieu ne voulant pas départir les Grecs de la vérité, leur donna la poésie » En d’autres termes, le génie poétique est de nature divine.

Cette conception antique traverse l’époque médiévale. Au sortir de cette époque, jusqu’aux premières heures du classicisme, la poésie garde tout son caractère mythique et mystérieux. Pour des auteurs comme Ronsard, Du Bellay, ou encore Clément Marot, le génie poétique naît de « l’enthousiasme » ». Il s’agit d’une sorte d’état second durant lequel l’homme ordinaire entre dans une phase d’illumination où, le génie et l’inspiration le visitent pour faire de lui un illuminé. C’est un bref instant au sortir duquel l’inspiration vient à l’auteur, qui s’impose un devoir de mettre  en texte ses idées de cet instant d’élévation. D’ailleurs, même Descartes[5], au rationalisme exacerbé, concède cette part de divinité à la poésie lorsqu’il déclare : «  J’aimais fort l’éloquence, j’étais amoureux de la poésie, mais je pensais que l’une et l’autre étaient des dons de l’esprit plutôt que des fruits de l’étude. »  En d’autres termes, le génie ne naît pas du labeur, mais d’une disposition particulière que le Seigneur offre à l’homme. Ainsi, toute poésie est l’expression d’un don.

Au 19ème siècle, cette vision de la poésie se perpétue notamment dans l’art romantique. En effet, selon, les poètes comme Victor Hugo[6], la poésie n’est pas un projet individuel, ou un choix personnel, mais une disposition que seul Dieu insuffle au poète  génie. Dans cette logique, le langage poétique est celui d’un prophète choisi dans la masse, dont la plume est porteuse d’un message divin assimilable à une prophétie qu’il a un devoir de cristalliser à travers la magie de l’écriture.  Ainsi, le poète n’est qu’un simple traducteur comme le suggère d’ailleurs Victor Hugo en ces mots : «  Le poète est un prophète, un mage, un écho sonore. » En d’autres termes, le poète est dépositaire de la lumière divine qu’il se charge d’apporter aux hommes grâce à la magie de la créativité. Il ne s’agit pas de cette forme de création gratuite, mais d’un procédé de transcription d’une lumière qui émane d’un dieu parlant du présent et du futur. Hugo ajoutera, toujours dans la même perspective : « Les pieds ici bas, Les yeux ailleurs : Dieu lui parle à voix basse » En clair, c’est seulement lorsque l’homme accède à l’ascèse des idées qui est le summum de la connaissance qu’il devient poète. Ce regard est un don comme l’affirme si bien Alphonse de Lamartine : «  La poésie est une harpe intérieure, c’est la seule langue qui parle à Dieu » Poésie diverse.

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