Bérénice (Racine), analyse de l'acte V, scène 6, du vers 1379 à 1422.
Commentaire de texte : Bérénice (Racine), analyse de l'acte V, scène 6, du vers 1379 à 1422.. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Pierre Dumay • 20 Mai 2020 • Commentaire de texte • 1 250 Mots (5 Pages) • 2 731 Vues
Jean Racine est un dramaturge et philosophe français qui a marqué le mouvement littéraire du classicisme, au XVIème siècle. Bérénice, l’une de ses œuvres les plus célèbres, est une tragédie classique composée en alexandrins dont la première représentation théâtrale a eu lieu à Paris en 1670. Celle-ci s’inspire de faits historiques réels : le récit se déroule à Rome, au Ier siècle après Jésus-Christ. Titus, nouvel empereur, ne peut épouser la reine de Palestine, Bérénice, les lois romaines l'interdisant. Il fait alors face à un dilemme : renoncer à l'Empire pour sa bien-aimée ou choisir la gloire et l'abandonner. Dans cette scène 6 du dernier acte, il exprime en une longue tirade ses sentiments, ses raisons d’agir, et même son souhait de mourir. Ici, on peut se demander en quoi ce passage révèle avec précision un aspect particulier de la personnalité de Titus. Le passage dans un premier temps révèle une grande sincérité du personnage, et celle-ci s’accompagne aussi d’une souffrance auparavant inconcevable pour les personnages.
Tout d’abord, par la révélation de ses faiblesses, dont il a honte, Titus amplifie l’expression de la sincérité
Dès le premier vers, on comprend que Titus va se mettre à nu, se confesser, par un “aveu véritable”. Lorsqu’il évoque ses faiblesses, il se crée une opposition avec le personnage, d’autant plus marquante que Titus est empereur, et que cette fonction symbolise la puissance et la gloire. Le vers 1389 l’illustre bien : “Je croyais ma vertu moins prête à succomber”. Ici, la vertu s’apparente au courage et à la puissance, tandis que le verbe “succomber” évoque la faiblesse. Il y a opposition donc, entre ces deux notions. Pour Titus, tous ses tourments, auxquels s’ajoute la menace de suicide de Bérénice, rappelée au vers 1401 : “Je vois la mort peinte en vos yeux”, ont empêché sa “vertu”, sa puissance de réellement résister à la passion amoureuse. Il avoue d’ailleurs au vers suivant avoir “honte” de cette défaite, qu’il assume tout de même. Titus reconnaît donc ses défauts, ses faiblesses, qui restent incompatibles à sa fonction d’empereur de Rome.
Ensuite, on comprend qu’un grand doute hante le personnage.
Titus oscille entre deux identités, ce qui est explicitement exprimé au vers 1396 : “[...] je me souviens à peine Si je suis empereur ou si je suis romain”, rappelant ainsi le dilemme principal du récit : en tant qu’empereur, il se doit de renoncer à son amour, et dans le cas contraire, il ne serait plus qu’un “romain”, c’est à dire un simple citoyen. Cela montre bien que même dans la situation présente, son choix n’est pas totalement abouti. Il explique d’ailleurs être venu vers Bérénice par amour, mais surtout pour se “chercher [lui]-même, et pour [se] reconnaître” (vers 1400), preuve donc de son instabilité intérieure, de sa volonté de se connaître. Ainsi, Titus dans sa tirade exprime non seulement ses faiblesses, en opposition avec son rôle d’empereur, mais exprime également ses hésitations et sa méconnaissance de lui-même. L’oscillation dont il est question oppose donc la fonction (l’empereur) et l’homme (le citoyen). Si les deux rôles peuvent se compléter dans l’absolu, ce n’est pas le cas pour Titus, voilà donc ce qui constitue le nœud de la tragédie.
Enfin, Titus n’oublie pas de manifester l’amour qu’il porte pour Bérénice, bien qu'il ait déjà pris la décision de le sacrifier à son devoir.
En décrivant son cheminement psychologique, du vers 1391 à 1394, il évoque ses scènes de gloire devant les romains qui l’honoraient avec joie, après la mort de son père Vespasien. Il utilise d'ailleurs la métonymie “Rome entière”, qui désigne tout le peuple romain. En l’occurrence, l’utilisation a pour but de montrer la grandeur, la quantité. En effet, au lieu d'évoquer directement tous les Romains, il préfère donner le nom de la vaste cité imposante et
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