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Baudelaire dans Fusées écrit : « je ne conçois guère un type de beauté où il n’y ait du malheur. » Dans quelle mesure cette affirmation éclaire-t-elle votre lecture des Fleurs du Mal.

Dissertation : Baudelaire dans Fusées écrit : « je ne conçois guère un type de beauté où il n’y ait du malheur. » Dans quelle mesure cette affirmation éclaire-t-elle votre lecture des Fleurs du Mal.. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  3 Novembre 2022  •  Dissertation  •  2 620 Mots (11 Pages)  •  2 115 Vues

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Reina Manon 1°8

Sujet de dissertation : Baudelaire dans Fusées écrit : « je ne conçois guère un type de beauté où il n’y ait du malheur. » Dans quelle mesure cette affirmation éclaire-t-elle votre lecture des Fleurs du Mal.

        « Voici le rôle de la poésie, elle dévoile dans toute la force du terme elle montre nue sous une lumière qui secoue la torpeur les choses surprenantes qui nous environnent et que nos sens enregistrait machinalement » c’est en ces termes que Jean Cocteau dépeint sa propre vision de la poésie dans son art poétique Rappel à l’ordre. En effet, véritable devoir et nécessité, selon lui, le poète se doit d’ouvrir les yeux des lecteurs sur le monde. Ainsi, dans un siècle de tourment et de changements incessants les poètes dépeignent la douleur de leur époque. Lamartine écrit alors dans son poème l’isolement : « Nulle part le bonheur ne m’attend ».

Baudelaire est de ceux-là. Véritable géni, unique et atypique, Baudelaire a su modifier, transcender, révolutionner les lois et les codes du XIXème siècle. En seulement deux recueils, les fleurs du mal et les petits poèmes en prose ou bien le Spleen de Paris, il a su donner sa propre définition de la beauté. Dorénavant surprenante, hérétique et subversive, Baudelaire affirme qu’il « ne conçoit guerre un type de beauté où il n’y ait du malheur », ceci décrit alors parfaitement un aspect du recueil les fleurs du mal mais surtout de l’esthétisme baudelairienne : « tu m’as donné ta boue, j’en ai fait de l’or »

        Dès lors il peut être judicieux de se demander quelle est la vision de la beauté selon Baudelaire, véritable traitresse douloureuse ou bien tentatrice élévatrice ?

        Nous verrons alors l’aspect dévastateur de la beauté chez Baudelaire, puis sa quête perpétuelle pouvant amener à l’idéal et enfin les causes de cette douleur sur le poète qui le pousse dans la marginalité.

        Dans un premier temps, nous pouvons observer une nouvelle forme de beauté. Baudelaire a véritablement réformé les lois du XIX -ème siècle et fait de la beauté une véritable allégorie de la douleur.

Voyons alors comment Baudelaire dépeint « un type de beauté où il a du malheur ».

Tout d’abord, nous pouvons observer cet esthétisme dès le titre de l’œuvre, la beauté étant à cette époque éthique, elle était associée au bien et le laid au mal. Néanmoins, nous pouvons observer dans ce titre programmatique que la beauté des Fleurs est associée directement au mal, ainsi ce paradoxe, ce titre antithétique annonce directement au lecteur ce qui va suivre. De plus, le poème liminaire, est un véritable message de prévention s’adressant directement au lecteur afin d’avancer l’idée claire selon laquelle la beauté est directement reliée à la souffrance, la douleur et le bizarre. En effet, ces aspects sont alors perpétuellement soulignés, le poète est tourmenté et il l’exprime, il le dépeint alors sous la forme du Spleen, notamment avec 4 poèmes intitulés ainsi et tout une section sur le Spleen et L’Idéal. Nous pouvons alors observer l’esthétisme des contrastes chez Baudelaire qui appuieront sa thèse sur l’aspect douloureux de la beauté, puisque selon lui tout ce qui fait du bien peut faire du mal et inversement, que serait l’Idéal sans le Spleen, et la lumière sans l’obscurité. Sans une part de douleur, la beauté ne serait pas aussi intense. Dès lors, de nouveaux thèmes sont associés à la beauté

        En effet, la beauté devient étonnante, bizarre, hérétique et surgie en tout lieu. Baudelaire accumule alors les lieux froids, sombres et sinistres, notamment dans champ d’automne « il sentit un froid ténébreux envelopper son âme » ou bien Spleen IV « il sentit tout l’hivers entrer dans son être ». Par la suite, la beauté est associée à des bêtes sauvages et répugnantes, comme dans Au lecteur « et parmi les chacals, les panthères, les lices, les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, les monstres glapissants, hurlants, grognant, rampant, dans la ménagerie infame de nos vices » ou bien même à l’allégorie du mal : le diable « c’est le diable qui tient les fils qui nous remuent, aux objets répugnants nous trouvons des appas ». S’installe alors un jeu d’attraction- répulsion, plus le décor est sale et sombre, plus le lecteur a envie de s’y plonger. Ainsi, le poème la charogne illustre parfaitement cela, lorsqu’une simple balade entre amants devient une véritable vision d’horreur : « le soleil rayonnait sur cette pourriture ». Le beau bizarre est alors un thème récurrent chez Baudelaire, définit par le poète lui-même dans une de ses critiques : « le Beau est toujours bizarre, je ne veux pas dire qu’il soit volontairement, froidement bizarre. Je dis qu’il contient toujours un peu de Bizarrerie, une bizarrerie naïve, non voulue inconsciente et que c’est cette bizarrerie qui le fit être particulièrement le Beau » et cela le « ravi en extase » comme il l’exprime dans les bijoux mais le pousse aussi dans un véritable mal-être. Il cherche alors à transcender son quotidien afin de trouver le beau partout et constamment.

        Tel un alchimiste, transformant le plomb en or ou bien un chiffonnier fouillant la boue et l’immondice afin d’en trouver un trésor, Baudelaire guette, creuse, cherche dans des thèmes sales et obscures un rayon de lumière. Il décide au vers 18 du poème le soleil « d’ennoblir le sort des choses les plus viles », il a donc se pouvoir de transcendance, mais cela nourrit encore une fois ses vices, ses démons et sa souffrance. Il affirme dans alchimie de la douleur « tu me rend l’égal de Midas/ Le plus triste des alchimistes ». Il transforme alors le laid en beau sous la force de sa plume et c’est ainsi qu’une charogne devient une véritable œuvre d’art, que l’infirmité, la maladie, la saleté et la prostitution trouvent un nouveau sens et que les exilés, marginaux et rejetés s’élèvent dans les poèmes de Baudelaire notamment le Cygne où le poète dépeint une litanie d’exilés sous forme d’intertextualités. Dès lors, le malheur fait ressortir la beauté de ces poèmes et le beau ne vient pas des thèmes en eux-mêmes mais de la façon dont Baudelaire les expose.

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