Bajazet de Racine
Commentaire de texte : Bajazet de Racine. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Rafa44 • 13 Mars 2017 • Commentaire de texte • 2 502 Mots (11 Pages) • 4 638 Vues
RACINE BAJAZET
INTRODUCTION :
Racine est un tragique du XVIIeme siècle qui l’emporte sur Corneille dans les faveurs de Louis XIV, il est célèbre pour avoir écrit neuf tragédies parmi lesquelles Andromaque, Phèdre et Bajazet.
BAJAZET (1672) est inspiré par une histoire récente arrivée à Constantinople. Les mœurs violentes du sérail sont un cadre nouveau et propice à la cruauté des personnages de Racine.
Roxane a reçu l’ordre de son époux le sultan Amurat, qui vient de prendre Babylone en 1638, de tuer son jeune frère Bajazet.
Elle l’apprend à Atalide qui s’évanouit. La lettre d’amour de Bajazet, cachée dans le sein de Atalide et dérobée par ses servantes, apprend à Roxane que Bajazet aime Atalide. Folle de jalousie, elle décide de faire mourir les deux amants mais ne se résout pas tout de suite à donner l’ordre d’assassiner Bajazet .Elle veut d’abord le « confondre » ou plutôt le ramener à elle. Oreste, Hermione, Roxane font preuve du même aveuglement : ils ont beau savoir que leur passion n’est point partagée, sentir qu’ils font horreur à l’être qu’ils aiment, leur amour est plus fort que la raison et ils espèrent toujours. Nous nous demanderons comment Racine transforme le théâtre de la passion en un « théâtre de la violence » (Rolland Barthes). Nous y répondrons en deux axes en analysant d’abord Roxane dans le rôle de bourreau et ensuite Bajazet dans le rôle de la victime.
I) ROXANE ou le BOURREAU
= v 29/32 : elle le détrompe avec une souveraine hauteur ; questions courtes. V 35 : « sultane » détaché en tête met l’accent sur l’ ORGUEIL .v 43 : « sans m’importuner »
= v 33/38 « arbitre de ta vie » on voit la BRUTALITE du tragique qu’offraient à R les mœurs du sérail. TOUTE PUISSANCE de R v 44 : « veux-tu vivre ou régner ? » : force des césures, dureté des R.
= l’ HUMILIATION qu’elle ressent devant le refus de B. 38 : « indigne honneur » : oxymore. La passion pousse le héros racinien, si orgueilleux pourtant, à des démarches déshonorantes et humiliantes.
= « ce qu’en vain j’ai cru trouvé en toi » nuance de regret assez touchante, malgré sa férocité, l’espace d’une seconde elle émeut sur son bonheur manqué.
= v 39/42 la force des images : « traînerais-je ; vil rebut ; esclave enfin de ma rivale ». R s’enflamme par l’imagination en évoquant ces perspectives ; l’orgueil et l’amour sont blessés en même temps, JALOUSIE de n’être pas préférée à une rivale qui lui parait inférieure (?).
= « mais tu n’as qu’un moment : parle » le temps presse : le CHANTAGE se fait plus pressant « pour la dernière fois » : le tragique de l’ ULTIMATUM est plus vivement ressenti par le spectateur que par B, car le spectateur connaît les ordres donnés à Orcan et à ses muets.
= 2 ème tirade
l ’ emploi de propositions juxtaposées donne une netteté tranchante aux ordres de R ;allitérations en M du v 48.
= on est frappée par l’apparente inconscience de R (qui surévalue l’ambition de B)
EGAREMENT ou AVEUGLEMENT de la passion violente qui refuse de tenir compte des obstacles qui la gênent. Impulsion irraisonnée. Peut -elle espérer vraiment que B acceptera ? Et quel homme aime-t-elle donc pour vouloir ainsi le dégrader ? Elle est le jouet de sa passion. Impuissante à dominer sa passion, elle est toute puissante sur le destin d’autrui.
Fureur criminelle excitée par la jalousie. Tout doit plier devant elle. La passion racinienne va jusque là : que l’être aimé vous haisse, pourvu qu’il cède ! Elle fait oublier le respect dû à l’être aimé comme le respect de soi-même. Si l’adversaire ne cède pas, on le brisera.
Elle veut assouvir son instinct de possession en même temps que sa VENGEANCE. Passion portée à son paroxysme.
= « MAJESTE TRAGIQUE »: si violent que soit le conflit,la dignité extérieure est toujours sauvegardée et le style soutenu .Le héros maîtrise son langage et ses attitudes.
= CRUAUTE, SADISME. A l’acte IV R avait envisagé de le supplice raffiné de faire mourir A sous les yeux de B. Elle a trouvé mieux : A souffrira encore plus d’expirer sous les yeux de B complice de R. Elle trouve du plaisir à faire souffrir celui qu’elle aime. Elle veut faire souffrir autant qu’elle souffre. Mais le raffinement suprême consiste à faire souffrir ou à perdre l’un par l’autre l’être aimé et le rival. PEGUY voyait dans le mot « cruel » le maître-mot de la tragédie racinienne. Elle s’intéresse à lui dans la mesure où elle jouit et abuse du pouvoir discrétionnaire de le faire mourir.
« sortez » cf : « Je puis le retenir. Mais s’il sort, il est mort. » Cet ordre est plus qu’une simple condamnation à mort. C’est une MISE A MORT en raison de l’immédiateté de l’acte et aussi de sa proximité. R entendra B râler quand les muets l’étrangleront. Par ailleurs ses hommes de main ne sont que des exécutants, elle agit donc presque directement alors qu’une Hermione choisissait son cousin pour tuer Pyrrhus ou que Phèdre se contentait de se taire pour qu’Hyppolite meure terrassé par le dragon de Neptune.
Portée tragique de ce simple mot qui coupe la longue plaidoirie de B.
II BAJAZET ou la VICTIME
= v 46 B capitule. La tournure impersonnelle traduit ce qu’il y a de morne et de désespéré dans cette soumission.
= v 52/54 l’HORREUR est suscitée par la cruauté de R répugnance, répulsion
= et le MEPRIS pour le marché qu’elle lui a proposé. Allitérations en M et N.
= v 55/56le changement de ton doit être fortement marqué. Il se rend compte que sa fureur est une faute de tactique. Il sacrifie le sombre plaisir de décharger son cœur à une tentative désespérée pour sauver A. GENEROSITE et FIDELITE
il cherche à l’innocenter : v 57/60 en la montrant complice mm de l’amour de R. cf : acte II sc 5 mais dès le début de l’acte III sa jalousie la faisait s’en repentir.
= v 61/68 en se chargeant, le prince croit sauver A. v 62 : « un courroux légitime » : il FLATTE R. et au v 67 aussi .
= v 64 : « sans vous hair » et v 68 : « et si jamais je vos fus cher » : B tente d’user au moment suprême mais pour une autre, des pouvoirs que l’amour lui avait donnés sur R. C’est bien pourquoi R ne peut en être émue mais en est irritée et humiliée. B défend A avec une ferveur qui révèle toute sa passion pour elle : c’est ce qui la le perdre, et c’est ce qui perdrait A si les circonstances ne mettaient fin rapidement à la vie de R. MALADRESSE AMOUREUSE.
...