Alcools, Guillaume Apollinaire
Dissertation : Alcools, Guillaume Apollinaire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar P23e03rrine • 28 Décembre 2021 • Dissertation • 687 Mots (3 Pages) • 1 014 Vues
Dissertation – Alcools, Guillaume Apollinaire
Apollinaire et la modernité de ses textes peuvent effectivement le rendre concerné par la pensée de Rimbaud « Il faut être absolument moderne » exprimée dans son recueil Une saison en enfer. De prime abord, la modernité des sujets traités dans les textes d’Alcools nous permet d’appuyer le fait qu’Apollinaire soit un poète de plus en plus lié avec le modernisme. Ainsi, l’univers urbain que nous pouvons retrouver dans la plupart des vers d’Apollinaire est un premier élément caractéristique de cette modernité. Pour Apollinaire le paysage urbain est un espace de création, dans Alcools, il cherche à affirmer sa modernité comme dans « Zone » : poème liminaire élogieux de la ville de Paris dans lequel une description très détaillée de la ville nous est proposée : « pont », « les ouvriers », « rue industrielle ». Il utilise également une image très audacieuse en comparant la ville à la campagne et en utilisant l’apostrophe « ô » utilisée fréquemment en poésie lyrique traditionnelle : « Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine », en liant poésie traditionnelle et milieu urbain, il démontre que ce sujet est lui aussi digne de l’art poétique traditionnel. En évoquant une rupture avec le monde ancien « A la fin tu es las de ce monde ancien », « Tu en as assez de vivre dans l’antiquité grecque et romaine » Apollinaire montre qu’il souhaite que la poésie se renouvelle avec de nouveaux thèmes dont le paysage urbain. Cette rupture des thèmes antiques vers la simplicité du quotidien du XXème siècle permet au poète de transformer sa vision de la ville en images modernes et originales avec de nombreuses personnifications d’objets liés à la ville dont il fait l’éloge : « la sirène » « gémit », « la cloche » est « rageuse » et « aboie ».
Puis la modernité dont fait preuve Apollinaire quant à ses choix poétiques nous font comprendre que le poète ne s’enferme pas dans une routine d’écriture moderne mais qu’il s’approprie complètement les nouveautés de la poésie moderne. En effet, selon les poèmes qu’il écrit et l‘émotion qu’il souhaite en dégager, le poète assouplit la forme de ses vers et rimes : « Le pont Mirabeau » repose sur une alternance de quatrains et de distiques, quant à « La Chanson du mal-aimé », le poème est cette-fois composé d’une succession de quintiles et « Chantre » n’est constitué que d’un seul vers, la structure des poèmes d’Apollinaire ne doit pas être mécanique mais refléter sa pensée. La forme d’écriture du poète est désormais assez instable et présente des poèmes en vers libres hétérométriques : certains vers sont particulièrement courts comme dans « A la santé » : « Non je ne me sens plus là/ Moi-même/ Je suis le quinze de la/ Onzième. » d’autres peuvent même ne contenir qu’une seule syllabe « Bientôt je restai seul avec ces morts /Qui s'en allaient tout droit /Au cimetière/ Où/ Sous les Arcades/ Je les reconnus/ Couchés/ Immobiles /Eh bien vêtus /Attendant la sépulture derrière les vitrines. ». Ces variations de formes s’allient à l’absence de ponctuation et permettent au vers d’imposer son propre rythme : Apollinaire propose donc une variation de sens à son texte à l’aide de la suppression de la ponctuation comme dans « Les Colchiques », selon la façon dont on les lit les vers prennent un aspect différent : au premier vers « automne » peut être associé ou non « au près » ou avec « les vaches ». En plus d’avoir un intérêt d’interprétation, l’absence de ponctuation dans Alcools montre l’ancrage de l’œuvre dans la modernité et accentue l’affranchissement du poète avec les règles classiques. Dans « Nuit Rhénanes », l’énonciation est complexe car plusieurs voix s’entremêlent et donnent au lecteur l’impression que leur provenance nous est inconnue, nous pouvons donc également observer la modernité de cette œuvre à travers l’énonciation incertaine du poète : le caractère de son discours varie grandement selon les poèmes.
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